Une agente administrative à la ville de Marseille comparaît depuis lundi devant la justice avec treize complices et intermédiaires pour corruption, escroquerie et faux.
Le procès d'une fonctionnaire du service logement de la mairie des 2ᵉ et 3ᵉ arrondissements de Marseille s'est ouvert lundi 19 février. Rosina Livolsi, 52 ans, est jugée pour escroquerie, corruption et faux en écriture. Treize complices et intermédiaires comparaissent à ses côtés. Le procès va durer deux semaines.
France 3 Provence-Alpes vous résume ce que la justice lui reproche.
Pots-de-vin, cadeaux et fleurs pour pousser les dossiers
Rosina Livolsi monnayait ses "coups de pouce" aux dossiers des demandeurs de logement social entre 1 000 et 4 000 euros, selon l'accusation. L'enquête a recensé une quarantaine de plaignants, mais aucun ne s'est constitué partie civile. "Elle m'a réclamé 2 000 euros en novembre 2017. Elle m'a fait visiter deux appartements et je n'ai aucune nouvelle", a témoigné une plaignante, mère de famille. Une autre a expliqué lui avoir offert un parfum à 60 euros, un gros bouquet de fleurs. "Je venais depuis deux ans avec des cadeaux", a-t-elle assuré.
Ses complices se faisaient passer pour des bailleurs sociaux
La fonctionnaire était entrée en 1998 à la mairie de Marseille, d'abord au cabinet du maire LR Jean-Claude Gaudin, puis en 2015, au service logement d'une mairie de secteur. Bien qu'en arrêt maladie à partir de mars 2018, elle a continué à percevoir des bakchichs grâce à des complices qui, sous de fausses identités, se faisaient passer pour des agents des différents bailleurs sociaux.
La maire du secteur, Lisette Narducci, ex-socialiste passée au PRG et ralliée à Gaudin, avait dénoncé au parquet les agissements de cette collaboratrice en novembre. La plainte évoquait des "anomalies", notamment des changements dans la liste des trois familles retenues par la mairie de secteur soumise à la commission d'attribution.
De fausses accusations contre une élue
Après avoir longtemps nié, Rosina Livolsi a reconnu les faits lors d'une garde à vue, en 2022. "Je ne vais pas porter seule le chapeau", a-t-elle menacé à l'audience lundi : "Des gens devraient être à côté de moi".
La fonctionnaire doit aussi répondre de faux en écriture. Devant l'Inspection générale des services, la fonctionnaire avait accusé la maire de secteur et sa directrice de cabinet de recevoir des enveloppes. À son domicile, les enquêteurs ont découvert des attestations d'administrés affirmant avoir versé des pots-de-vin à une conseillère départementale, déléguée au logement. Devant le tribunal, la prévenue a cependant reconnu qu'il s'agissait de faux : "J'étais dans une spirale catastrophique, je m'excuse", a-t-elle reconnu, admettant que ces accusations contre des élus, "ça n'a pas été intelligent".
Déjà condamnée à deux reprises
L'avocat de la ville de Marseille, Me Benjamin Liautaud, a dit attendre le jugement pour que la municipalité statue disciplinairement sur cette collaboratrice, en arrêt maladie depuis novembre. Elle a déjà été sanctionnée d'une exclusion temporaire de six mois pour deux condamnations, en 2020 et 2021, pour abus de faiblesse, contrefaçon de chèques, escroquerie et aide au séjour irrégulier par l'organisation d'un faux mariage. Les débats sont prévus pour deux semaines.