L'association marseillaise "Moultiploufs" forme des personnes en situation de handicap à la plongée sous-marine. Les premières expériences se font en piscine pour appréhender le matériel, avant les vraies sorties en mer cet été.
Ce samedi 6 avril, Mallory et ses camarades avaient rendez-vous à la piscine... non pas pour des cours de natation, mais pour apprendre à plonger. L'association "Moultiploufs" les forme aux premiers gestes de plongée pour ensuite pouvoir faire des sorties en mer cet été au large de Marseille. Petite particularité des élèves, ils sont en situation de handicap.
La plongée pour toutes et tous
Créée en 1998, cette association "moultiploufs" a pour objectif "de faire partager notre passion de la plongée sous-marine à tout type de public et surtout ceux qui pourraient avoir des appréhensions avec cet élément, l'eau, mais qui peut vite être apprivoisé", indique Jean-Claude Stefani, vice-président et trésorier de l'association. Ils proposent des baptêmes de plongée à toutes et tous à partir de huit ans, et "depuis plus de dix ans à un public un peu particulier, les personnes en situation de handicap".
"Nous, nous accompagnons tout type de handicap, des handicaps physiques, mais également des handicaps mentaux, psycho cognitifs", précise le vice-président de l'association.
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L'association a des conventions de partenariats avec d'autres associations, comme les cannes blanches aussi. "C'est une association d'aveugles qu'on avait amené aussi en mer pour découvrir les joies de la plongée sous-marine alors paradoxalement sans voir, mais tout ressenti et toute sensation dehors. Donc là, on fait toucher le fond, on est immergé. On a le courant sur le visage, donc toutes ces sensations qui prennent des proportions, qui sont multipliées avec ce type de public", détaille Jean-Claude Stefani.
L'association a notamment, à plusieurs reprises, proposé des baptêmes de plongée nocturnes aux "enfants lune", et travaille en partenariat avec l'Unapei à Marseille. Proposant régulièrement à des résidents de venir en bassin, notamment à la piscine de Sainte-Marguerite (9e), pour s'initier aux techniques de la plongée et surtout à appréhender le matériel.
"En piscine, cela permet d'avoir les premières sensations de découverte du matériel, les premiers ressentis pour après en mer, pouvoir continuer à découvrir cette activité sans trop d'appréhension", détaille Jean-Claude Stefani.
La plongée, une sorte de méditation
"Nous avons remarqué que de plonger en piscine, c'est plus rassurant. Cela permet aussi d'apaiser, de contrôler sa respiration, car le fait de respirer avec un détendeur, c'est une respiration qui est différente et qui fait que c'est presque méditatif. Cela vient calmer la respiration, cela permet de se concentrer sur ce qu'ils font, ces sensations-là vont être importantes", précise le plongeur.
Une première étape pour se familiariser avec la discipline, "quand on va les emmener en mer, ils sauront respirer avec le détendeur et pourront se concentrer sur l'environnement".
"Nous nous adaptons à chacun, certains sont plus à l'aise avec le détendeur de suite alors, on passe à d'autres exercices, de tenter d'autres positions, ce qui est possible avec l'un ne l'est pas forcément avec d'autre", souligne Frédéric Tenenhaus, le président de l'association.
Dans un autre coin du bassin ce jour-là, Alex, lui, a besoin d'un masque intégral " Alors généralement, on met ce masque pour les personnes qui ont des problématiques mandibulaires ou des atonies. Là, ce n'est pas le cas, mais il préfère ne pas avoir le détendeur en bouche et le coincer avec les dents. Parfois ça les gêne un peu alors que le masque facial, ça leur permet d'avoir ce qu'on appelle un groin et leur permet de respirer ou avec le nez ou avec la bouche de façon indissociable".
Des hésitations puis des fous rires
Au début de la séance, les formateurs prennent le temps d'expliquer d'abord de manière collective, puis de manière individuelle ce qui va se passer, en présentant le matériel, puis en équipant les stagiaires.
" On travaille d'abord en bassin pour avoir les fondamentaux avant d'aller en mer cet été. À chaque individu, un handicap est présent et on s'adapte à chaque handicap. On le prend en compte pour adapter notre pédagogie et nos outils éducatifs", explique Frédéric Tenenhaus.
Les explications sont répétitives et le ton est apaisant, rassurant.
"Allonge-toi, mets le détendeur en bouche, on va descendre un peu et on remonte ensuite, ok ? Tu es prêt ? On y va ? Allez à ton rythme...", et c'est ainsi que les premières immersions se font. En douceur, pour certains, en petits sauts de puce pour Mallory, sourde et muette, qui y prend goût et qui tente de rester plus longtemps. Une fois à l'aise avec les éléments, elle va à la rencontre de ses camarades, et les regarde sous l'eau, quitte à les faire rire. Et hop, des bulles s'échappent, les têtes remontent à la surface, les jeunes gens rient.
" Ça me plaît d'être dans l'eau, d'aller sous l'eau et de nager sous l'eau", explique Vincent qui pense déjà à cet été lorsqu'il sera au milieu des poissons.
Morgan, lui, est très fier, "je vais sous l'eau avec la bouteille et le masque tout seul, j'aime être sous l'eau".
Rendez-vous cet été pour la plongée grandeur nature avec les stagiaires et leurs formateurs en plein parc national des calanques. Le club de plongée est doté d'un bateau spécial, " l'Impérial " spécialement conçu pour recevoir des plongeurs en situation de handicap, avec des fauteuils adaptés et une potence pour les aider à entrer dans l'eau.