Un peu comme l'application de circulation, Fire Chaser localise les incendies dans les Bouches-du-Rhône. En temps réel, elle donne toutes les informations sur le feu : sa couleur, son intensité, sa localisation et son avancée.
Une application pour traquer les feux de forêt, c'est l'idée de Fire Chaser. Un peu comme Waze, l'application permettant de localiser les dangers sur la route ou les ralentissements grâce aux utilisateurs, celle-ci localise grâce à ses abonnés les incendies dans les Bouches-du-Rhône. France 3 Provence-Alpes a rencontré le fondateur de cette appli lancée en août 2023, "la seule qui existe en France".
Le Waze des incendies
Comme l'application d'assistance à la navigation Waze, Fire Chaser localise les feux dans le département, grâce à sa communauté. Le dernier en date, celui de Tarascon, un feu de champs déclaré ce mercredi 17 juillet. Les utilisateurs peuvent signaler un feu sur l'application, "en moins d'une minute", précise Raphaël Supplisson, président de l'association Fire Chaser. Avant de faire le signalement, l'application leur propose d'appeler directement les secours, le 112.
Les utilisateurs parcourent ensuite les cinq étapes de signalement. Ils doivent préciser de quel type de feu il s'agit : un feu de champ, urbain ou encore si l'incendie est parti depuis un véhicule. L'usager peut aussi spécifier de quelle couleur est la fumée, entre blanche, grise-marron et noire, puis son importance.
Pour l'étape d'après, il peut transmettre une photographie de l'incendie et enfin donner la localisation. L'information est ensuite recoupée et vérifiée auprès du Sdis 13. Les administrateurs de l'application peuvent échanger directement avec celui qui signale, grâce à une discussion instantanée.
Les bénévoles de Fire Chaser n'utilisent pas seulement les signalements des utilisateurs pour repérer un feu, ils scrutent aussi les autres plateformes. "Dès qu'on sait qu'il y a un feu, on regarde tout ce qu'il y a sur les réseaux sociaux via des mots-clés", ajoute le créateur et président.
Déjà 6 000 utilisateurs
Depuis le lancement, 6 000 internautes se sont déjà inscrits sur l'application. Le fondateur explique que l'effervescence a surtout eu lieu au tout début, l'été dernier. "En 15 jours, on a gagné 5 000 utilisateurs". Depuis le début de la saison estivale, 1 000 utilisateurs se sont inscrits sur Fire Chaser. "C'est bien parti pour le moment", nous assure Raphaël Supplisson.
Les bénévoles ont remarqué que dès qu'il y a un feu, la communauté grandit. "On a eu 414 abonnés en plus pour le feu Pennes-Mirabeau. Les gens, quand ils voient qu'il y a un incendie dans leur secteur, ils vont chercher des informations et vont tomber sur notre compte". Ils espèrent entre 10 000 et 15 000 utilisateurs d'ici à la fin de la saison.
L'association Fire Chaser réunit déjà une importante communauté sur ses autres réseaux sociaux, plus de 58 000 sur Facebook et plus de 1 600 sur X (anciennement Twitter).
Une collaboration avec les pompiers des Bouches-du-Rhône
Fire Chaser fonctionne en collaboration avec les pompiers des Bouches-du-Rhône. Une convention collective a été passée entre les deux structures. "Ils nous signalent les départs de feu, envoient des photos et vidéos. En échange, on communique sur les incendies", développe le lieutenant Maggiani, chef du groupement des opérations des pompiers des Bouches-du-Rhône. Un groupe WhatsApp a été créé pour qu'ils puissent se transmettre les informations. "C'est un élément complémentaire", ajoute Raphaël Supplisson.
Ça nous permet d'avoir des informations que nous aurions eues, mais d'autres manières.
Lieutenant Maggianià France 3 Provence-Alpes
"Même si nous avons d'autres outils, comme des caméras ou avions de surveillance, ce sont des informations supplémentaires. Ça nous permet de confirmer ou d'avoir des informations sur la nature des faits", ajoute le pompier.
Toutefois, pour éviter toute intervention des pompiers qui ne serait pas nécessaire, toutes les informations sont vérifiées et recoupées.
Sensibiliser le public face au feu
Si Raphaël Supplisson a décidé de créer cette application, c'est avant tout pour sensibiliser les habitants. "Aujourd'hui, les incendies sont de plus en plus rapides et de plus en plus intenses, à cause du réchauffement climatique. On veut préparer la population aux incendies de forêt."
Ingénieur à l'école des Mines d'Alès en gestion des risques et des crises, Raphaël Supplisson s'est spécialisé dans les feux de forêt. En 2019, il part quatre mois aux États-Unis pour en apprendre davantage sur les feux de navigation, puis il suit une formation à l'ENSOSP (École nationale supérieure des officiers sapeurs
En parallèle, il crée l'association Fire Chaser. Aujourd'hui, elle réunit 24 bénévoles sur l'ensemble du département. Chacun d'entre eux suit une formation d'un mois pour apprendre sur "la lecture du feu". Dès lors qu'un incendie est signalé, ils deviennent "les yeux en parallèle". Ils se placent à côté ou en arrière de l'incendie et toujours à l'extérieur du dispositif de sécurité. "Ils créent des visuels et analysent la situation en temps réel", nous explique Raphaël Supplisson.
L'application a été sélectionnée dans deux projets. Pour le projet Panoptès, en lien avec le ministère de la Cohésion des territoires et des relations avec les collectivités territoriales, qui propose des solutions de détection précoce des départs de feux de forêt et d'espaces naturels et de suivi de ces feux sur le territoire national. Ils ont aussi été sélectionnés pour un projet européen, Fire-Res, qui souhaite proposer des solutions innovantes pour le suivi incendie du départ de feu.