Attentat déjoué à Marseille en 2017 : "Il n'y a jamais eu de projet" d'attaque, se défendent les accusés

Quelle était la cible de Mahiedine Merabet et Clément Baur, jugés par la cour d'assises spéciale de Paris pour un projet d'attentat à Marseille pendant la campagne présidentielle de 2017 ? La question est demeurée jusque-là sans réponse.

"Il n'y a jamais eu de projet d'attentat", ont soutenu lundi 27 et mardi 28 novembre les deux accusés devant la cour d'assises spéciale. Clément Baur, 23 ans et Mahiedine Merabet, 29 ans à l'époque des faits en 2017 ont été arrêtés à Marseille le 18 avril 2017. Ils étaient sur le point de commettre un attentat sur le sol français. Ils sont jugés depuis le 30 octobre à Paris devant la cour d'assises spéciale.

"On était dans un jeu"

Repérés par un agent cyber-infiltré de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI), les deux hommes ont été arrêtés à Marseille le 18 avril 2017, cinq jours avant le premier tour de la présidentielle dans le 3e arrondissement de Marseille, rue de Crimée.

"On était dans un jeu", a affirmé Mahiedine Merabet, 36 ans, le seul des accusés à encourir la réclusion criminelle à perpétuité car en état de récidive légale. Son compère Clément Baur, 30 ans, a expliqué que commettre un attentat "n'était pas un truc" pour lui.

Dans leur cachette, un petit appartement d'étudiant, situé rue de Crimée dans le 3ᵉ arrondissement, près de la gare Saint-Charles, les policiers ont découvert un arsenal de guerre : un pistolet-mitrailleur Uzi, deux armes de poing, des boîtes de munitions, 3,5 kilos de TATP, un explosif artisanal prisé des djihadistes d'EI, une grenade artisanale, un sac de boulons et de la propagande djihadiste.

Le duo s'est fait coincer en envoyant une vidéo d'allégeance au groupe Etat islamique sur la messagerie sécurisée Télégram pour qu'il revendique leur action. Le destinataire était en fait un cyber-enquêteur infiltré par la DGSI, alertée d'un projet d'attentat imminent. 

Des cibles potentielles recherchées

Après cinq ans d'enquête, la cible des djihadistes n'a pas été établie avec certitude. Dans leur vidéo postée sur Télégram, ils avaient filmé l'inscription "Loi du Talion" composée avec un assemblage de munitions de calibre 9 mm, des représentations d'un drapeau de l’EI, un Coran, un pistolet-mitrailleur Uzi et la Une du Monde du 16 mars 2017 consacrée à la campagne électorale, avec la photo de François Fillon, candidat du parti Les Républicains.

L'exploitation de supports numériques a montré des recherches pouvant orienter vers de potentielles cibles à Marseille : des clubs libertins, "des bars, un restaurant casher, un meeting de Marine Le Pen à Marseille. 

"On étaient deux mecs perdus"

La présidente Corinne Goetzmann rappelle que les deux hommes ne sont jugés que pour association de malfaiteurs terroriste et non pour tentative d'assassinat. Pour ce chef, Clément Baur encourt trente ans de réclusion. Les deux hommes assurent qu'ils cherchaient à revendre leurs armes et étaient  sur le point de se débarrasser du TATP. "En le jetant dans un canal ou dans les égouts", dit Merabet. "En le jetant dans les toilettes", avance M. Baur. La présidente exprime son scepticisme. Le TATP est un explosif très instable. À l'audience, un expert a expliqué que plonger l'explosif dans l'eau "n'était pas une bonne idée car quand il re sèche il devient dangereux".  "On ne le savait pas", admet un Clément Baur penaud. Pour son coaccusé, tout s'apparentait à "un jeu de dupes". "C'était le brouillard dans nos têtes", soupire-t-il. "C'est peut-être une bonne chose d'avoir été interpellé", admet l'accusé. "On étaient deux mecs perdus, idiots".

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