Il y a 40 ans, à Marseille la mort du juge Pierre Michel assassiné par des trafiquants de drogue

Juge de terrain aux méthodes peu orthodoxes, Pierre Michel a instruit les dossiers du grand banditisme à Marseille pendant sept ans. Il est abattu le 21 octobre 1981, après s'être fait une kyrielle d'ennemis entre Marseille et Palerme.

40 ans après, sur le boulevard Michelet, rien ne rappelle la mort du juge Michel.

Ce 21 octobre 1981, Pierre Michel quitte son bureau du palais de justice sur sa 125 pour aller déjeuner chez lui. Il ne voit pas que deux hommes l’ont pris en filature sur une moto de grosse cylindrée.

Quelques minutes plus tard, dans la contre-allée devant l’immeuble du Corbusier, le juge marque un stop. Le commando en profite. Trois balles de 9 mm. Un dans l’abdomen, deux dans la tête. Le juge Michel est mort.

Pierre Michel avait 38 ans, marié et père de deux enfants. Un magistrat atypique. Ancien professeur de sciences naturelles, venu à Marseille pour suivre son épouse enseignante en Histoire-Géo mutée dans la cité phocéenne huit ans plus tôt.

Admiré des policiers qui le surnomment "le Shériff ", haï par les truands. Son exécution a tout l'air d’un contrat. Pour qui ? Pourquoi ? Les enquêteurs ont l’embarras du choix.

Ennemi numéro 1 de la pègre

Au cours des sept ans passés à Marseille, il a envoyé plus de 70 trafiquants d'héroïne derrière les barreaux, des Marseillais de la French Connection comme des Italiens de la mafia sicilienne. Il a démantelé sept laboratoires de blanche. Ses ennemis se comptent par centaines.

Le juge Michel assume ses méthodes peu orthodoxes. Par exemple, il n’hésite pas à mettre sous les verrous les femmes des barons de la drogue pour obtenir ce qu’il veut, des résultats.

Logiquement les enquêteurs dès le départ se tournent vers le milieu. C’est la moto des tueurs retrouvée 48 heures plus tard qui leur donne une piste. Sur la Honda 900 Bol d’Or, volée un an auparavant, ils découvrent un fragment d’empreinte de pouce sur un autocollant. Un indice bien mince. Le seul.

Il les conduit à des petits malfrats dans l’ombre du parrain de Marseille, Gaétan Zampa, qui était lui aussi dans le viseur du juge. Parmi les suspects du juge d'instruction de l'époque figure Gilbert Ciaramaglia, garagiste et Charles Giardina, ancien livreur devenu mécanicien. Mais la piste est une impasse.

Pendant cinq ans l’enquête piétine. Jusqu’à l’interpellation en Suisse de François Scapula, un trafiquant marseillais repenti. Il balance les cerveaux de l’opération et les petites mains exécutrices.

François Girard, "Le Blond", membre de la French Connection est déjà en prison pour trafic de drogue et il le doit au juge Michel. Homère Filippi dit "Mimi", est un proche de Zampa. Il se volatise quelques mois avant l'assassinat.

Ils sont les commanditaires présumés. Ils auraient tout orchestré depuis leurs cellules des Baumettes. Le titeur c'est François Checchi et Charles Altiéri, "Lolo" est le pilote de la moto. Ce dernier s'est fait prendre en Suisse avec Scapula, mais il a réussi à s'enfuir. Il est en cavale.

Lors du procès en juin 1988, tout ce beau monde est condamné à la réclusion criminelle à perpétuité, les absents par contumace.

Charles Altiéri se fera prendre cinq ans plus tard à sa descente d’avion à Chypre. Un mandat d’arrêt international a été lancé contre lui. Il est extradé. Son procès a eu lieu en février 1993. Perpét’ confirmée pour lui, assortie de 18 ans de sûreté.

François Checchi et Charles Altiéri ont purgé leur peine et ont été remis en liberté conditionnelle avec bracelet électronique en 2015.

40 ans après, bien des questions restent sans réponse. François Girard a toujours nié être le cerveau de l'affaire. Homère Philippi n'a jamais reparu. Gaétan Zampa a toujours nié lui aussi toute implication dans la mort du juge Michel, il est mort en 1984 avec ce qu’il savait.

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