Entrer au Palais Bourbon n'est pas le seul enjeu des législatives des 12 et 19 juin. Pour les partis, se joue aussi le financement des cinq prochaines années. D'où des candidatures insolites comme celles de quatre nationalistes corses dans les Bouches-du-Rhône.
Le parti nationaliste Femu a Corsica présente ainsi trois de ses militantes dans les Bouches-du-Rhône, toutes trois à Marseille. Dans la 1ère circonscription, c'est Marie Lanzalavi, élue à l'Assemblea di a Giuventù, l'instance insulaire de la jeunesse.
Léa Manicacci, étudiante en Master Affaires Publiques à Aix-en-Provence, se présente dans la 4e circonscription. Clara-Maria Laredo, une Ajaccienne de 18 ans, dans la 6e.
Le PNC (Partitu di a nazione corsa) lance quant à lui dans la bataille une éleveuse de Haute-Corse. Magali Gozzi, 47 ans, se lance dans la 10e circonscription, qui couvre Allauch, Gardanne, Roquevaire et la commune de Meyreuil.
Ces candidates corses, présentées sous la bannière du parti occitan "Oui Provence" portent les couleurs de Régions et Peuples Solidaires (RPS), qui fédère 14 organisations régionalistes et aligne ainsi plus de 300 candidats dont 17 en Paca.
Ce "partenariat" vise à permettre à RPS de "respecter la loi sur la parité des candidatures sur l'ensemble du territoire", reconnaît le président du groupe "Fà populu inseme" à l'Assemblée de Corse, François Alfonsi.
En jeu, les subventions publiques versées au parti. Chaque voix obtenue au premier tour pour des législatives lui rapporte 1,64 euros pendant cinq ans. Mais s'il ne respecte pas la parité de ces candidats titulaires en lice, ce petit pactole sera amputé d'une pénalité, calculée en fonction de l'écart entre le nombre de candidats de chaque sexe.
À la pêche aux voix de la diaspora
Autre condition à remplir, il faut obtenir plus de 1 % des suffrages exprimés dans au moins 50 circonscriptions.
"Vous savez qu'en Corse, il n'y en a que quatre, la loi ne peut pas être faite pour exclure la Corse des financements publics, explique François Alfonsi, donc on se regroupe avec RPS pour s'adapter à la loi".
Pour ces candidates parachutées et sans expérience, l'enjeu n'est donc pas tant d'entrer à l'Assemblée nationale que de décrocher des financements pour leur parti.
La manœuvre est assumée, même si François Alfonsi défend l'implication politique de ces jeunes corses, dont la plus jeune est bachelière.
Le choix des Bouches-du-Rhône n'est pas non plus un hasard. "Il y a à Marseille non seulement une diaspora nombreuse, mais également assez organisée et structurée. Nous avons des militants qui sont engagés et donc on a pensé utile de prendre des circonscriptions où il y a une réalité de la diaspora corse".
Et peu importe que ces candidates insulaires ne viennent pas à la rencontre des électeurs. "Elles vont faire campagne plutôt par internet, notamment par les réseaux sociaux que nous pouvons avoir à travers les étudiants corses, et tous ceux qui ont l'habitude de communiquer entre eux, en région marseillaise", justifie François Alfonsi.
Aux législatives de 2017 déjà, la coalition nationaliste corse Pè a Corsica avait présenté quatre femmes dans les Bouches du Rhône.
En 2022, 16 formations nationales ont bénéficié de cette subvention publique. De 10.097.659 euros perçus par La République en marche pour les 6.152.527 suffrages obtenus au premier tour des législatives de 2017, jusqu'aux 67.185 euros du parti animaliste pour ses 63.679 voix.