Les trafiquants font évoluer leurs méthodes, la justice aussi. Première femme procureure de Marseille, Dominique Laurens s’exprime sur la lutte contre le trafic de drogue.
Procureure de la République de Marseille depuis le 3 février 2020, Dominique Laurens est l'invitée jeudi soir du journal de France 3.
La puissance de l’argent s’est démultipliée
La procureure observe une grande banalisation des produits, de leur consommation et des conséquences sur la santé des consommateurs.
"Ce qui a profondément changé aussi, même si c’était prégnant à l‘époque (du juge Michel, ndlr), c’est l’extrême violence de ces trafiquants de stupéfiants," observe la procureure.
L'arme est souvent une kalachnikov. Le mode opératoire pour obtenir un territoire consiste à tuer un dealer. Cet été, le nombre de règlements de comptes a été impressionnant.
A la tête de ces structures, des trafiquants, pas si jeunes que ça, se cachent à l’étranger pour échapper à la justice.
"Ceux qui sont jeunes sont ceux qui sont malheureusement sur les points de vente et qui sont parfois d’une extrême jeunesse. On vient, comme ils le disent « jobber » à Marseille. C’est une pure illusion. C’est plutôt la violence qui s’installe," note Dominique Laurens.
En 1981, le juge Michel est assassiné à Marseille. Au même moment, Dominique Laurens prépare le concours de l'Ecole Nationale de la Magistrature. "C’est là que je me suis rendue compte que je n’allais pas exercer un métier mais une mission", se souvient Dominique Laurens.
Le juge Michel était très en avance sur son temps, sur cet aspect de coopération pénale internationale. Nous en sommes vraiment les successeurs.
Face aux trafiquants, des juridictions interrégionales se spécialisent en matière de lutte contre la grande criminalité, dans le domaine du grand banditisme ou des affaires économiques et financières. Cette organisation permet de spécialiser des magistrats et d’aborder un certain nombre d’affaires.
"Nous venons de réaliser une très belle affaire grâce aux magistrats italiens du parquet antimafia de Gênes, une affaire d’importation de cocaïne," décrit la procureure.
Des trafiquants sont arrêtés à l'étranger. Certains vont bientôt arriver de Dubaï. Six millions d'euros ont été versés au budget de l'Etat depuis le début de l'année, rien que pour le tribunal judiciaire de Marseille.