Marseille : la criminalité décryptée par Marc La Mola, ancien policier de la BAC nord

Dans son dernier essai "Marseille, du colt 45 à la Kalachnikov", Marc La Mola, ancien policier de la BAC, décrypte l'évolution de la criminalité dans sa ville. 

"Du colt 45 à la Kalachnikov", dans son 5e essai sur Marseille, Marc La Mola décrypte l'évolution de la criminalité dans sa ville. "Je raconte comment le banditisme traditionnel a perdu la main mise sur le business au profit des gens des cités, explique l'ancien policier de la BAC qui s'appuie sur des témoignages de policiers et de trafiquants.

De plus en plus jeunes

"Du colt 45, l'arme utilisée par les voyous traditionnels à la Kalachnikov utilisée dans les cités aujourd'hui, ils me racontent comment et pourquoi cette transition s'est faite et comment on en est arrivés là".

C'est un voyou marseillais qui a été le premier mafieux maghrébin, il a servi d'exemple aux gamins des cités

Marc La Mola a "identifié" l'élément déclencheur de ce changement. "C'est un voyou marseillais qui a été le premier mafieux maghrébin, dit-il, il a pris de l'ampleur et ça a servi d'exemple aux gamins des cités, qui se sont dits "pourquoi pas moi?"  Mais il y a eu plusieurs éléments, économiques et sociaux, qui ont fait que le banditisme s'est profondément transformé."

Ce qui a changé c'est surtout la détermination et la façon dont les rivaux sont assassinés 

Cette mutation est marquée par une plus grande violence même si le nombre des règlements de compte n'a pas vraiment augmenté. "Il reste assez contant, entre 20 et 30 depuis de nombreuses années, analyse Marc La Mola. Ce qui a changé c'est surtout la détermination et la façon dont les rivaux sont assassinés . Ils sont de plus en plus jeunes, les victimes comme les auteurs. Ce n'était pas le cas dans les années 70 et la fin du clan Zampa."

En plus de 30 années de service, l'auteur n'a pas été qu'un simple observateur de ce changement. "Beaucoup d'ouvrages sont écrits sur Marseille, note Marc La Mola, moi ce que j'apporte c'est une vision très pragmatique et factuelle avec des détails que seul un ancien flic peut connaître. J'ai exercé très longtemps dans les quartiers nord mais j'ai aussi grandi dans le 15e arrondissement, à la Maurelette. Cette évolution, je l'ai vue à travers mon métier mais aussi ma vie de citoyen".  

Un avenir sombre

Et c'est dans ces quartiers populaires que les trafics prospèrent. "Un tiers de la population marseillaise habite dans les quartiers nords, dans des cités qui sont dans des états lamentables,constate l'ex-policier. Les quartiers nord sont le terreau de cette délinquance, il y en a un peu dans les quartiers sud avec une ou deux cités assez actives, dans le centre également mais beaucoup moins. Mais l'activité criminelle se déroule quasiment dans sa totalité dans les quartiers nord". 

Je refuse de croire que Marseille a un ADN de ville de voyous.

"Etre flic à Marseille, c'est plus compliqué qu'ailleurs, c'est une évidence. Il y a un tel retard qui a été pris par les institutions locales ou nationales, juge-t-il, les ministres se sont succédés et n'ont jamais rien apporté. Manuel Valls avait fait une espèce de "Plan Marshall" pour les cités marseillaises, ça n'a rien donné. Il faudra peut-être plusieurs générations pour qu'on revienne à quelque chose de moins violent. Mais je refuse de croire que Marseille a un ADN de ville de voyous, bien qu'elle se soit construite sur le banditisme. Je refuse de me résigner".

Pour autant, l'ancien policier n'est pas très optimiste pour demain. "L'ensemble des témoignages que j'ai recueillis donnent peu d'espoir sur un avenir positif, poursuit cependant l'auteur. Je suis très inquiet, avec cette détermination des voyous des cités à étendre leur main mise sur les marchés marseillais et peut-être sur le pouvoir local aussi". 

Sidonie Canetto et Xavier Schuffenecker ont rencontré Marc La Mola:
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