Alors que les travaux du Ségur de la santé se terminent ce vendredi, les hospitaliers sont de nouveau dans la rue ce mardi pour réclamer plus de moyens pour l'hôpital public. La somme de 6,3 milliards d'euros avancée par le gouvernement est jugée insuffisante par les syndicats.
C’est la dernière ligne droite cette semaine.
Les travaux menés durant le Ségur de la santé, entamés le 25 mai dernier, prennent fin vendredi prochain.
Devant l'hôpital de la Timone, l'un des établissements de l'assistance publique de Marseille, ils sont encore des centaines à s'être réunis comme tous les mardis.
C’est le minimum de ce que l’on pouvait demander pour la survie de l’hôpital, pour le sauver de la noyade
Les personnels non médicaux, médicaux et para-médicaux, soutenus par des citoyens motivés ne comptent pas baisser les bras.
Tous sont dans la rue pour réclamer de véritables moyens humains et financiers pour l'hôpital public.
« Ségur de la santé » : les personnels hospitaliers de nouveau dans la rue pour réclamer plus de moyens https://t.co/d52uem0WsS
— COLLECTIF INTER-HOPITAUX (@CollectInterHop) June 30, 2020
Parmi eux, le professeur Jean-Luc Jouve, patron de médecine à Marseille, au sein de l'AP-HM, et l'un des 1200 chefs de services de l'hôpital public qui ont démissionné de leurs fonction administrative en guise de protestation.
Les 6,3 milliards d'euros annoncés par Olivier Véran, le ministre de la santé, pour l'hôpital public, lui paraissent bien insuffisants.
"C’est le minimum de ce que l’on pouvait demander pour la survie de l’hôpital, pour le sauver de la noyade", exprime le médecin marsaillais.
La déception reste importante car les problèmes de fond de l’hôpital n’ont pas été abordés par le Ségur véritablement
La grande consultation lancée par le gouvernement sous le nom de Ségur de la santé vise "un plan massif pour l'hôpital public".
Mais très vite, le professeur Jouve s'est montré perplexe face au Ségur.
"La déception reste importante car les problèmes de fond de l’hôpital n’ont pas été abordés par le Ségur véritablement", explique-t-il. Il revient sur la tarification des activités pratiquée au sein des établissements hospitaliers.
"La tarification des activités, en pratique cela veut dire la possibilité de continuer à traiter les maladies chroniques, les maladies graves à l’hôpital public, de manière efficace. Mais sans penser à un intérêt financier."
#Hopital : les soignants sont à nouveau dans la rue.
— Jean Leymarie (@Jean_Leymarie) June 30, 2020
Ils jugent insuffisantes les propositions du gouvernement.
Que réclament-ils ? Jusqu'où iront-ils ?
Ce soir, Hugo Huon sera "l'invité éco" de @franceinfo. Infirmier, il préside le Collectif Inter-urgences (@InterUrg) pic.twitter.com/vO2o8gtEMt
Le Pr Jouve, comme bon nombre de ses confrères, constate également que la suppression des lits se poursuit dans tous les hôpitaux. Et que "le sujet capital de la gouvernance par des administratifs et non par des médicaux comme nous le souhaitons, n'a pas été abordé non plus" par le Ségur.
De « la grande avancée sociale » annoncée et attendue, « c’est une douche glaciale
Olivier Véran, le ministre de la Santé, a déjà annoncé une enveloppe de 6 milliards d’euros pour les personnels non médicaux, à répartir entre une augmentation générale, une refonte des primes et des majorations ciblées sur certaines professions (infirmiers, aides-soignants, manipulateurs radio…).
"Une désillusion énorme"
Une rallonge de 300 millions d’euros a également été proposée lundi pour les praticiens hospitaliers, avec des mesures ciblées sur les débuts et fins de carrière, sur certaines primes et sur les heures supplémentaires, aussitôt rejetées par des syndicats médicaux évoquant une « désillusion énorme ».Aussi les rendez-vous de contestation des hospitaliers se sont poursuivis cette semaine dans la plupart des villes de France.
Les syndicats dénoncent un décalage « entre ce qui a été dit pendant des mois sur la nécessité de revaloriser le personnel soignant et l’hôpital public » et « la réalité des annonces faîtes aujourd’hui ».
De « la grande avancée sociale » annoncée et attendue, « c’est une douche glaciale » avait réagi Jean-François Cibien, vice-président d’Action Praticiens Hôpital (APH).
Sud Santé pour sa part ne demande pas moins de 14 milliards pour augmenter de 300 euros net toutes les fiches de paie du secteur, jugeant « très, très loin du compte » l’enveloppe globale proposée par l’exécutif.
Si la réponse n’est pas à la hauteur des attentes, il y aura des conséquences
Chez FO, on chiffre la mesure à 7 milliards considérant que « la balle est dans le camp du ministère ». « Si la réponse n’est pas à la hauteur des attentes, il y aura des conséquences ».
« Il faut augmenter les effectifs paramédicaux ou médicaux pour rétablir des conditions de travail supportables et garantir la qualité des soins » a exprimé pour sa part le Collectif Inter-Hôpitaux (CIH), auquel appartient le professeur marseillais jean-Luc Jouve.
Même message pour la CGT qui regrette que la question des recrutements de personnels « ne soit pas abordée » par le Ségur.
Le gouvernement a promis en revanche de dégager des moyens pour l’investissement, en plus de la reprise déjà programmée d’un tiers de la dette hospitalière par la sécu. Reste à connaître le montant de cette enveloppe budgétaire.