"La qualité des soins n'est plus assurée" : 63 chefs de service des Hôpitaux de Marseille remettent leur démission

63 chefs de service et d'unités fonctionnelles de l'Assistance Publique-Hôpitaux de Marseille ont signé une lettre de démission qui a été remise ce mardi à leur direction. Ils réclament de meilleures conditions de travail pour l’ensemble des paramédicaux et personnels non médicaux.

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Dans une pochette bleue, Jean-Luc Jouve, chef de service de l'orthopédie pédiatrique à la Timone, tient la lettre de démission signée par 63 médecins chefs dans les hôpitaux marseillais.

Le courrier a été remis, vers 13h30 ce mardi, à la direction de l’Assistance Publique des Hôpitaux de Marseille. Jean-Luc Jouve, soutenu par quelques dizaines de confrères médecins, infirmiers et pharmaciens, s'en est chargé.

Le représentant des démissionnaires est ressorti sous les applaudissements : "Maintenant, on va se concentrer sur nos fonctions médicales en rompant le lien avec une administration comptable qui veut surtout faire du bénéfice" explique-t-il.

Engagés dans le Collectif Inter-Hôpitaux (CIH), qui a promis 1 300 démissions au niveau national, ces médecins marseillais continueront à exercer leurs fonctions de soins mais ils quittent leurs fonctions administratives de chef de service.

Des tâches qui représentent 20% de leur temps, selon ces praticiens et qui les éloignent de leur rôle principal : "s'occuper dignement des patients et rassurer les familles".

"La qualité des soins n'est plus assurée et ce qui était l'une des plus grandes médecines du monde va se dégrader pour ressembler à un système américain", déplore Jean-Luc Jouve.  
 

Quatre revendications "simples"

Les démissionnaires portent quatre revendications dans leur lettre. D'abord, "une augmentation du budget des hôpitaux largement supérieure aux 200 millions par an octroyés qui ne serviront qu’à proposer des primes éparpillées et ne résoudront en rien l’énorme problème d’attractivité pour tous les métiers de l’hôpital".

Ils réclament aussi "une augmentation significative du salaire des soignants" d'au moins 300 euros par mois.

Autres mesures d'urgence souhaitées : "l'arrêt de la fermeture des lits, sauf accord du chef de service concerné" et "la médicalisation de la gouvernance et l’association des équipes hospitalières aux décisions."

Sur le parvis de l'APHM, de nombreux personnels hospitaliers sont venus soutenir ces démissions, comme Eric Adouy, infirmier. "Ca fait 30 ans que la dégradation de l'hôpital s'accélère, on est heureux que les médecins se rendent compte de la situation"

"Ce n'est pas normal que des infirmières se retrouvent à acheter du matériel de soins ou des couvertures pour les patients, ce n'est pas leur rôle". 

 

Tristesse et colère

Cette contestation n'a pourtant pas surgi de nulle part. Dix mois après le début de la grève des services d'urgences, la crise s'est étendue à tout l'hôpital public, dont les personnels ont manifesté par milliers mi-novembre.

Le 14 janvier, les médecins marseillais au sein du collectif avaient prévenu la ministre de la santé Agnès Buzyn qu'ils démissionneraient s'ils n'étaient pas entendus.

Pour calmer la tension, le gouvernement leur a promis des primes, une rallonge budgétaire et une reprise massive de dette. 

Agnès Buzyn s'était dite consciente de ce "découragement des soignants" qui "est ancien" rappelant les mesures déjà annoncées pour permettre notamment "aux hôpitaux qui en ont besoin de rouvrir des lits ou d'embaucher du personnel".

Reçus le 17 janvier par la ministre de la Santé, les représentants du CIH n'ont "pas pu obtenir de réponses" à ces demandes et ont appelé "à poursuivre le mouvement pour un plan d'urgence digne de ce nom".

Une nouvelle journée nationale de grèves et de manifestations est prévue le vendredi 14 février, également soutenue par le Collectif Inter-Urgences et l'ensemble des syndicats de la fonction publique hospitalière, dont la CGT, FO et la CFDT.
 
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