Marseille : des impacts de balles relevés sur la façade d'une école maternelle

Lundi 1er février, la directrice de l'École élémentaire Saint Jérôme les Lilas et les enseignants ont constaté des impacts de balles sur la façade. Des douilles ont été retrouvées dans la cour de l'école du 13e arrondissement de Marseille. Dans un quartier gangréné par le trafic de drogue. 

L'école n'a pas rouvert ses portes ce mardi matin. L’équipe enseignante a choisi d’exercer son droit de retrait après la découverte des impacts de balles dans une vitre du bureau de la directrice et sur la loge de la gardienne, a-t-on appris de source policière, confirmant une information de Marsactu.

"Trois étuis de cartouches de fusil de chasse ont également été découverts dans la cour", confirme-t-on de même source.

L'enquête a été confiée à la sûreté urbaine de la division Nord.

"Hier (lundi, ndlr) les policiers sont venus sur place pour constater les faits et procéder aux prélèvements". Dans l'après-midi des CRS sont venus sécuriser l'établissement.

Mardi matin un commissaire de la division Nord devait se rendre sur place pour rencontrer le personnel de l'école.

Le trafic de drogue en toile de fond

Dans ce quartier où le trafic de stupéfiants a pignon sur rue, les responsables sont tout désignés. Pour les parents d'élèves la mise en cause des dealers et des guetteurs ne fait guère de doute.

"Mon fils m'a dit ce sont les guetteurs, ils veulent nous tuer, confie une maman, il ne veut plus retourner à l'école, il a vu les impacts de balles et les douilles, il est choqué".

"Depuis le confinement, les guetteurs sont tout autour de l'école, ils insultent les enfants, leur font des gestes obscènes, et leur montrent ostensiblement leurs armes et font mine de les viser", avance encore cette maman.

La présence des guetteurs aux abords immédiats de l'école est confirmée par Patrick Longuet, commissaire divisionnaire de la division Nord.

"Avec la nouvelle préfète de police, nous sommes en train de perturber efficacement le trafic avec le plan PNSR. Nous sommes présents tous les jours, renforcés et épaulés par les CRS notamment dans la cité des oliviers, tout près de cette école", indique Patrick Longuet.

"De fait, les trafiquants ont disposé de plus en plus de guetteurs pour pouvoir alerter lorsque nous arrivons. C'est pour cela que la zone de surveillance s'est étendue jusqu'à l'école des Lilas".

Le commissaire explique qu'"à ce stade de l'enquête, l'arme utilisée semble démontrer que l'école serait plutôt un dommage collatéral d'un jeu stupide plutôt que la cible directe"

"Les faits se sont déroulés entre vendredi soir et lundi matin à l’ouverture, aucun blessé n'a été constaté sur cette zone au moment des faits et le fusil de chasse n'est pas utilisé pour les réglements de compte", selon le patron de la division Nord.

Patrick Longuet estime "qu'il n'y a pas forcément de lien à faire entre la présence des guetteurs et les tirs".

Des patrouilles de police vont être renforcées autour de l'établissement. "L'idée est de rendre les cités aux habitants, que leur quotidien redevienne normal et que tout redevienne calme".

Troisième salve de tirs en 18 mois

Sébastien Fournier, secrétaire départemental du SNUIPP-FSU confirme le climat délétère dans lequel les enseignants doivent travailler.

"C'est la troisième fois que des tirs sont dirigés vers cette école en 18 mois, les enseignants sont régulièrement la cible de menaces verbales".

Pire, les dealers auraient "réussi à pénétrer dans les locaux hors temps scolaire. Il y a 15 jours, un homme blessé par arme blanche se serait réfugié dans les locaux en pleine journée alors que les élèves étaient à l'intérieur", selon le syndicaliste.

Les enseignants ont voulu faire valoir leur droit de retrait, "mais il a été retoqué par l'académie d'Aix-Marseille. Les enseignants ont décidé de poursuivre le mouvement jusqu'à ce qu'un représentant du rectorat vienne les rencontrer et les écouter, soutenus par les parents d'élèves", explique Sébastien Fournier.

Le problème est plus général, "c'est l'abandon pur et simple de ces quartiers au niveau social par les pouvoirs publics, ni la mairie de secteur ni la mairie centrale ne réagissent malgré les nombreuses alertes", s'inquiète le syndicaliste.

"Nous attendons une réelle réponse à ces problèmes qui ne sont pas nouveaux, c'est juste aujourd'hui la goutte d'eau qui fait déborder le vase", précise Sébastien Fournier.

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