Ce mercredi matin, une cinquantaine de mineurs isolés ont été expulsés dans le calme du 113 et 115 de la Canebière, dans le 1er arrondissement de Marseille. Une solution d'hébergement social d'urgence leur a été proposée, refusée pour une partie d'entre eux.
"Les policiers ont vidé la maison et ont fermé la porte. On ne sait pas encore où on va aller", lance la peur au ventre, Amara Bangoura, un des mineurs isolés du squat occupé huit mois sur la Canebière, dans le 1er arrondissement de Marseille.
A 7 heures, ce mercredi, 14 camions de CRS sont intervenus pour expulser les jeunes migrants du 113 et 115 de la Canebière. L'opération s'est déroulée dans le calme. 150 personnes sont venues les soutenir, à l'appel du collectif 113.
Seul le bâtiment du 115 a été évacué. Les occupants du 113 avaient dès lundi enlevé toutes les affaires qui s'y trouvaient pour s'installer dans le kiosque à musique, en haut de la Canebière.
Depuis, ils dorment dans les 16 tentes fournies par le Collectif 113.
Le kiosque à musique menacé d'expulsion
Eux aussi sont menacés d'expulsion. Laurie Quinson est une des avocates représentant ces jeunes migrants. Pour elle, cette expulsion doit se faire dans la légalité.
"Cela fait plus de 48 h qu'ils ont élu le kiosque pour domicile. Il faut que les juges des référés les autorisent et prouvent que cette occupation du domaine publique est illégale. L'expulsion du kiosque pourra difficilement se faire aujourd'hui", affirme-t-elle.
La seule solution qui est proposée pour ces jeunes des deux bâtiments, c'est un hébergement social d'urgence. Pour Hélène de Saint-Ours du collectif 113, s'occupant des mineurs isolés du 113 Canebière, il est hors de question d'accepter. "Toutes solutions pas spécifiques et adaptées aux mineurs ou solutions non-pérennes seront refusées", explique la bénévole.
"Ces jeunes, qui continuent d'aller à l'école, ne peuvent pas partager le même logement que des adultes abîmés par la vie, qui ont, pour certains, des problèmes d'addiction", ajoute-t-elle.
29 jeunes en hébergement social d'urgence
Les 29 jeunes du 115, eux, ont accepté cette proposition. "Ils ont été accompagnés par l'Addap dans le calme. Ils attendent dans le gymnase Vallier, avant d'être dispatchés dans les différents centres d'hébergement. Seulement, c'est une situation provisoire avec seulement 15 jours en foyer renouvelables", assure Amélie Rachidi Alaoui, une bénévole de Ramina (Réseau d'accueil des minots non accompagnés) qui aide les mineurs isolés du 115. Des appels pour des hébergements solidaires ont été lancés.
Ces mineurs isolés des bâtiments 113 et 115 attendent une décision judiciaire devant le juge des enfants pour statuer sur leur âge. "Dans cette phase, les jeunes doivent pouvoir bénéficier de la présomption de minorité et, de ce fait, bénéficier de dispositions adaptées à leur situation", déclare l'avocate Laurie Quinson.