De jeunes migrants se sont installés en haut de la Canebière, dans le centre de Marseille. Menacés d'expulsion d'un squat qu'ils occupent depuis huit mois, ils veulent sensibiliser les pouvoirs publics sur le sort des mineurs isolés.
Ils ont déployé leurs tentes et placé leurs maigres affaires dans le kiosque à musique, en haut de la Canebière, la célèbre avenue de Marseille (1er arrondissement). Depuis dimanche, en fin d'après-midi, une cinquantaine de jeunes migrants ont installé à la hâte leur campement provisoire.
Mohamed a 15 ans, c'est le plus jeune du groupe, il vient de Conakry, en Guinée. "Là-bas, c'est compliqué pour continuer à faire mes études, financièrement c'était compliqué parce que je ne m'entends pas avec mes parents, du coup ça m'a obligé de sortir", explique-t-il.
"J'ai perdu mes deux parents, et ça n'allait plus parce qu'il n'y avait plus personne pour m'aider", témoigne Watani.
Depuis huit mois, ce mineurs isolés avaient trouvé refuge au numéro 113 de l'artère, un squat autogéré avec l'aide de collectifs, en attendant d'être pris en charge pour que leur minorité soit reconnue et qu'ils puissent être régularisés.
Mais après des rumeurs d'expulsion de l'immeuble, ils ont décidé de décamper pour s'installer sur la Canebière afin de se donner une visibilité et sensibiliser les pouvoirs publics sur leur situation.
Les mineurs isolés et les collectifs qui les accompagnent souhaitent un lieu dédié à leur accueil, qui ne soit pas temporaire, dans un gymnase, mais pérenne.
"L'annonce de l'expulsion, ça a tout explosé et dans leur tête, ça a été un vrai moment d'angoisse et de stress, explique Hélène, membre du collectif 113, retourner dans la rue c'est ce qui peut leur arriver de pire, surtout que là ils étaient enfin confort".
De son département réfute le fait qu'il s'agisse de mineurs et assure remplir ses obligations de mises à l'abri : "Les évaluations ont conclu que les jeunes étaient majeurs, entrainant un classement sans suite administratif voire une décision judiciaire de non-lieu à assistance éducative."
"Comme dans tout mouvement de ce type, on ne peut pas totalement exclure qu’une ou deux personnes se déclarant mineures non connues des services soient présentes, reconnaît la communication du Département. Dans ce cas, l’ADDAP les mettra à l’abri le temps de l’évaluation. Les compétences du Département ne concernent pas les adultes présents."
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S’il y a contestation des évaluations, il peut y avoir un recours et l’autorité judiciaire tranchera la question", conclut le communiqué.A Marseille, le nombre des mineurs isolés est estimés à 150.