Depuis l'ouverture des "Baumettes 2" en mai 2017 à Marseille, les riverains de la prison subissent jour et nuit des nuisances sonores et visuelles. Des travaux sont prévus de mai à juillet 2019 par l'administration pénitentiaire pour aménager des fenêtres de châssis anti-bruit.
Depuis l'ouverture des "Baumettes 2" en mai 2017 à Marseille, bâtiment de cinq étages, les riverains de la prison subissent de jour comme de nuit des nuisances sonores et visuelles.
Dans son jardin, Eliane Gastaud, présidente du Collectif voisins des Baumettes est régulièrement interpellée par des prisonnières.
"Je ne viens plus sur une partie de ma terrasse sauf pour étendre mon linge. A cette occasion, des femmes m’ont interpellé en me disant "elles sont propres tes culottes ?"", indique Eliane Gastaud.
De son côté, Roger, autre résident du quartier, vit calfeutré chez lui à cause du bruit des détenues."Malgré mon double-vitrage, mes rideaux métalliques et le son de ma télévision, j’arrive à les entendre. Ça fait 70 ans que je suis dans le quartier, avant on vivait avec la prison mais depuis les Baumettes 2, c’est la prison qui vit avec nous".Depuis les Baumettes 2 c’est la prison qui vit avec nous.
1,5 millions d'euros de travaux
Afin de remédier à ce problème sonore, l'administration pénitentiaire va aménager de mai à juillet des fenêtres de châssis anti-bruit, fixés au deux-tiers sur la fenêtre et un tiers ouvert. Coût des travaux : 1,5 millions d’euros."Les personnes détenues auront plus de mal à s’exprimer vers l’extérieur. Cela va résoudre très significativement les problèmes de nuisances sonores mais pour autant reste encore le sujet de la covisibilité où nous n’avons pour le moment aucune solution", précise Lionel Royer-Perreaut, maire des 9ème et 10ème arrondissements de Marseille.
Les riverains avaient proposé en 2018 une surélévation du mur, mais cette solution avait été refusée par l’administration pénitentiaire.
La présidente du Collectif voisins des Baumettes a échangé avec l’agence pour l’immobilier de la justice (APIJ) pour évoquer le problème de covisibilité dont elle est victime quotidiennement.Je leur ai demandé si ça les gênait qu’on mette une caméra sur leur balcon.
"L’APIJ m’a dit qu’avec les châssis qui vont être posés, ces femmes nous verront, nous interpellerons mais on ne les entendra plus. Alors je leur ai demandé si ça les gênait qu’on mette une caméra sur leur balcon".
Eliane Gastaud remet aussi en cause la construction de la prison. "Elle a été construite dans une ancienne carrière et à côté il y a des collines calcaires alors ça résonne dans tous les sens".Le constat est partagé à la fois par Lionel Royer-Perreaut et par David Cuchietti, surveillant délégué CGT aux Baumettes.
"Les habitants du quartier vivent un enfer depuis un an et demi. Il y a plus de 10 ans, la concertation a eu lieu pour les Baumettes 2, certaines réserves avaient été exprimées par les riverains et les élus de l’époque. Malheureusement l’administration pénitentiaire n’a pas entendu ces craintes", affirme Lionel Royer-Perreaut.
"Y’a que ceux qui l’ont construit et ceux qui l’ont pensé, qui ne l’ont pas prévu. Ça va de soi que ça allait faire du bruit", selon David Cuchietti.
Ces femmes enfermées ont également la possibilité d’observer le jardin et les allées et venues des habitants. La présidente du "collectif voisins des Baumettes" a donc installé l’été dernier une barrière dans son jardin.
"Pour moi, la vue est terrible. Si un voisin part en congés, ils le savent et peuvent le communiquer à des personnes extérieures. Un voisin s’est notamment fait fracturer le nez par des visiteurs de détenues", explique Eliane Gastaud.
Autre facteur de nuisance pour les riverains, l’absence de parking pour les Baumettes 2 mais également le projet de Baumettes 3.
"Nous sommes démoralisés et inquiets pour l’avenir. Les visiteurs se garent à proximité de nos maisons et concernant les Baumettes 3, ce ne sera plus une centaine de familles qui sera touchées par des problèmes de nuisances mais un millier", selon Eliane Gastaud.
Comme la présidente du "collectif voisins des Baumettes", la section française de l'Observatoire international des prisons s'interroge sur la pose de futures fenêtres anti-bruit dans le projet Baumettes 3.
#Prison Aux #Baumettes 3, le ministère @justice_gouv veut des « des fenêtres de cellules innovantes permettant de traiter la gestion des nuisances sonores » pour préserver le voisinage.
— OIP (@OIP_sectionfr) 22 novembre 2018
C'est-à-dire... des fenêtres qui ne s'ouvrent pas ? ?https://t.co/Y75Yc7ol8q