Marseille : 50 chefs de service de l'hôpital public démissionnent

Une démission... administrative. C'est la menace brandie par une cinquantaine de chefs de service des hôpitaux publics de Marseille pour se faire entendre du gouvernement. Ils réclament toujours plus de moyens pour poursuivre leur mission de soins. 

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Un mouvement inédit

"L'hôpital public est en danger". Les syndicats des professionnels de santé ne cessent de le répéter depuis des mois.

Mardi 14 janvier prochain, c'est au tour des chefs de service, des patrons de médecine de lancer l'alerte par une action concrète : une démission commune administrative. Ils seront 1.200 sur tout le territoire, dont une cinquantaine à l'APHM de Marseille, si la ministre de la santé n'ouvre pas des négociations.

Les soins seront maintenus

Jean-Luc Jouve Chef de service de l'orthopédie pédiatrique à la Timone, travaille depuis 1985 à la Timone, c’est le référent en région du collectif inter-hôpitaux sans étiquette politique ni syndicale qui mène l’action.

Il a vu les moyens s’écorner au fil des années : "Nous n'avons pas beaucoup de solutions pour tenter de peser dans les décisions, sans modifier la qualité des soins. La démission de nos fonctions administratives est symbolique, mais elle peut faire avancer les choses, nous continuerons les soins"
En novembre dernier, ce genre d'action avait conduit au blocage des codages. "Sans la transmission de nos codes, les hôpitaux ne pouvaient se faire payer les actes par les caisses", explique-t-il. "Le message avait atteint son objectif, et le ministère de la santé avait fait un geste en faveur de la valorisation des carrières hospitalières".

Quant à la dette qui plombe les hôpitaux publics, "elle a été réduite d'un tiers. mais les budgets restent insuffisants", poursuit le Pr Jean-Luc Jouve.

Ras-le bol général à tous les étages

Sur place, leur action est soutenue par les infirmières, cadres et personnel hospitaliers.

Carole Boulanger, une cadre de santé de La Timone enfants, déplore le manque de personnel, les heures supplémentaires qui s'accumulent, la fatigue qui engendre tensions et parfois des arrêts maladies : "A force de tirer sur la corde on n’y arrive plus".

Résultat d'une politique de santé conçue à minima depuis de nombreuses années. "En perdant de l'argent, nous fermons des lits, et nous perdons des moyens humains", déplore le professeur de médecine. "Le personnel est épuisé. Même le congé maternité n'est plus remplacé. Le taux d'absentéisme dépasse les 10 % dans nos services hospitaliers". 

Des conséquences pour les soins des patients

Les plateformes techniques sont excellentes, comme à la Timone 2. Mais sur les huit blocs opératoires, seulement cinq tournent, par manque de personnel.

"Nous reportons les opérations qui peuvent attendre. La situation est pénible, pour les familles, comme pour les personnels de santé", admet le Professeur Jean-Luc Jouve.

Les "démissionnaires" de l'assistance publique n'ont pas lancé d'appel à manifester pour la journée du 9 janvier, consacrée à la protestation contre la réforme des retraites. Leur demande spécifique à la santé de l'hôpital, ils la réservent pour le 14 janvier. Pour avoir aussi une lisibilité médiatique plus importante, selon eux. 
 
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