Marseille : la belle histoire d'une infirmière, son petit cahier astuces devient le guide du service de cardio-pédiatrie

Quand elle débute au service de cardiologie pédiatrique à la Timone, l'infirmière Florence Kreis-Fassy ne comprend pas tout. Elle commence alors un cahier dans lequel elle se note des mémos. Le cahier devient le guide référence de tout le service… et finit par tomber dans les mains d’un éditeur.

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"Je n’y crois toujours pas". Quand Florence Kreis-Fassy a noté ses premières antisèches dans un cahier à spirales, elle ne s’attendait pas à ce qu’il devienne une référence pour tout le service… et plus encore.

Cela remonte à 2016, quand elle entre au service de cardiologie pédiatrique et congénitale de la Timone. "Comme toute infirmière, j’avais les bases, mais la 'Cardioped', je ne voyais pas du tout où j’allais, se remémore-t-elle. Je ne comprenais pas tout, ce qui était normal ou pas, les anomalies, les conséquences, les complications, les suivis… J'étais en quête d'informations"

Florence Kreis-Fassy suit les cours de Virginie Fouilloux, cheffe de service de l'équipe chirurgicale et de Caroline Ovaert, cheffe de service de l'équipe médicale. Et comme toute bonne élève, elle prend des notes, dans son fameux cahier. Des dessins, des explications, des schémas.... Tout pour l’aider dans son quotidien d’infirmière auprès des tout-petits.

Fort utile pour tous ses collègues, le cahier circule petit à petit dans le service et passe de main en main. Florence, "très studieuse et très appliquée", comme le souligne Virginie Fouilloux, le complète et l’arrange. "Je l’ai fait joli". Le cahier s’étoffe et passe de 20 à 180 pages, relié. Puis tout s'accélère. 

"L’année dernière, je l’ai posé dans le service et Virginie Fouilloux est passée par là", raconte Florence Kreis-Fassy. Le lendemain, elle est convoquée dans son bureau. "Je me suis dit ‘qu’est-ce que j’ai fait de mal ?!’", s’amuse-t-elle avec recul.

Rien de mal. Au contraire. La cheffe du service lui annonce qu’un éditeur veut publier son cahier, et vite. "Je rêve ! Qui s’intéresse à moi comme ça ?", se demande alors l'infirmière.

"J'ai voulu valoriser son travail car il n'existait pas encore d'ouvrage de ce type en français. J'ai contacté la maison d'édition Sauramps Médical, basée à Montpellier, explique Virginie Fouilloux. Notre interlocuteur a été très intéressé par le projet".

Sauramps Médical, très connu dans le milieu, renvoie à Florence Kreis-Fassy un contrat dans la foulée. Alors, en pleine crise sanitaire, elle se met au travail.

Plus de six mois de rédaction 

Florence Kreis-Fassy se lance dans la rédaction au propre du guide à partir de ses notes, grâce à l’aide de Virginie Fouilloux et Caroline Ovaert. "Ca a été six mois de travail intense, tous mes repos y sont passés", raconte l’auteure, qui n’a pas cessé de douter. "Je me disais : ‘À un moment donné, ils vont abandonner, ce n’est pas possible !’, mais je me suis mise à fond quand même". Comme dans tout ce qu’elle entreprend.

"J’ai voulu moi-même réaliser les dessins, sur une tablette. J’ai un bon coup de crayon", précise l’infirmière aux multiples talents. Une de ses collègues, sa binôme, a participé à la relecture, pour être sûr que les dessins soient compréhensibles. "Des fois, elle me disait 'Je ne comprends rien, il faut le rendre plus facile', et je refaisais".

Le résultat fait mouche, l’éditeur apprécie beaucoup et l’impression débute au mois de juillet dernier. "Quand Virginie s’est intéressée à mon cahier, c’était déjà énorme, mais qu’un éditeur vienne me demander, insister, et me renvoyer le contrat aussitôt, j’ai dû faire quelque chose de bien quelque part…", réagit Florence qui ne feinte en rien son humilité.

"Je ne remercierai jamais assez Virginie (Fouilloux, NDLR). Je veux remercier toute l’équipe de cardio avec moi. Tout le monde m’a incitée à aller au bout, m’a boostée, ma donnée du courage".

"J'ai juste été le catalyseur", réagit de son côté Virginie Fouilloux. "Aujourd’hui, l'hôpital public fonctionne grâce à des gens comme ça". En plus d'être "une très bonne professionnelle avec qui il est très agréable de travailler, (...) elle fait partie de ces personnes qui se construisent petit à petit avec la volonté, le courage, qui ne se laissent pas abattre au premier obstacle. C'est un très bel exemple de réussite personnelle et professionnelle. Un exemple pour les plus jeunes". 

Un rêve de petite fille

"L’Angleterre a déjà acheté 300 exemplaires", glisse l’infirmière, aussi incrédule que "fière". Ses proches aussi sont fiers. Ses trois fils, son mari. À "cinquante ans et des poussières", comme elle s’amuse à le dire, Florence Kreis-Fassy atteint "la reconnaissance de (s)a hiérarchie, de (s)es pairs". Et ce n’est pas rien pour celle qui s’est convertie à la santé sur le tard.

Parisienne d’origine, la petite Florence rêvait de devenir puéricultrice. Ado, elle nourrit secrètement le rêve de devenir une star. Sa mère lui remet les idées en place : "Tu ne peux pas devenir une star sans diplôme". La suite a montré que les deux carrières peuvent parfois être compatibles.

J’arrête tout, et je deviens infirmière.

Florence Kreis-Fassy

Après les bancs décevants du cours Florent à Paris, Florence Kreis finit par se diriger vers la comptabilité. "Et puis de là, j’ai fait ma vie perso dans l’Oise. J’ai rencontré mon mari, eu mes enfants". Un parcours de vie classique, ou presque. Un de ses fils est très malade, dès la naissance. Elle découvre alors le monde médical et sa première vocation se réveille.

Dix ans plus tard, le moment est venu. "Allez, j’arrête tout, et je deviens infirmière". Son rêve d’enfant ne l’a jamais quittée. Elle reprend ses études, décroche son diplôme et entre à l’hôpital. "C’est une passion, il y a tellement de choses à faire… le libéral ne m’intéresse pas".

Après quelques années en tant qu’auxiliaire puéricultrice, elle intègre le service de cardiologie pédiatrique à La Timone. Une révélation : "C’est un service où ça bouge énormément, il y a autant de médecine que de chirurgie, on est toujours dans l’action. Et il y a beaucoup de technicité".

Une technique hélas survolée pendant les études d'infirmerie en cardiologie où l'"on s’occupe surtout de l’adulte et non de la pédiatrie". Et le fameux cahier prend tout son sens.

Un guide médical qui fera date

Le livre final, Cardiologie congénitale et pédiatrique - Guide pratique à l'usage de tous, pourrait à présent ouvrir la voie à d’autres guides de la sorte. "Ça n’existait pas ou presque pas. On survole toujours la pédiatrie".  

"J’aimerais que ça puisse aider toutes ces personnes qui se sont retrouvées comme moi, avec plein de questions, témoigne Florence. Il remplit des cases, aide à être ordonné".

Bien qu'il s'adresse à une niche (le service de cardiologie pédiatrique à Marseille représente une vingtaine de personnes), le guide, disponible à la vente depuis mi-août, commence à faire parler de lui. L’éditeur est en pleine campagne de communication. Et Florence Kreis-Fassy, de son côté, entame sa tournée.

Elle sera bientôt en dédicaces à la Fédération de cardiologie, à Nice. Une star au service des autres.

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