18 ex-policiers de la brigade anticriminalité (BAC) Nord de Marseille comparaissent en correctionnelle depuis lundi 12 avril. Ils sont accusés d'avoir volé ou extorqué des dealers de drogue et revendeurs de cigarettes de contrebande. Ils encourent jusqu'à dix ans de prison. Que sont-ils devenus ?
Neuf ans après les faits qui leur sont reprochés, les ex-policiers de la BAC Nord de Marseille ont entre 37 et 60 ans. Le procureur de la République de l'époque les avait qualifiés de "gangrène" au sein de la brigade.
Sur les 18 mis en cause, trois ont été révoqués de la police après l’enquête de l’IGPN. Pour les autres, les sanctions se sont limitées à des exclusions temporaires ou des blâmes. Sept des prévenus ont par ailleurs effectué deux à trois mois de détention préventive.
- Ceux qui ont quitté la police
L'ancien brigadier-chef Bruno Carrasco, 51 ans, travaille aujourd'hui au centre de vidéosurveillance de la ville d'Aubagne, près de Marseille, après avoir enchaîné différents emplois comme gérant d'une boutique de chaussures.
En 2015, l'ex-chef de groupe a raconté sa descente aux enfers dans un livre intitulé Sacrifié de la BAC Nord (Presse de la Cité).
Le réalisateur Cédric Jimenez l'a pris comme conseiller technique sur son film BAC Nord, inspiré de l'affaire et interprété notamment par Gilles Lellouche et Adèle Exarchopoulos. La sortie au cinéma est prévue le 23 décembre 2021.
Également révoqué, Régis Dutto, 42 ans, est devenu infirmier. Il ne s'est finalement pas tellement éloigné des voyous. Il exerce désormais à la prison des Baumettes.
- Ceux qui sont toujours dans la police
15 des prévenus sont toujours policiers. Un seul est resté en poste au commissariat de la Division Nord. Après l'affaire, les autres ont été mutés dans d'autres villes de la région.
Parmi eux, l'ancien chef de groupe Jean Fiorenti, 41 ans. Il est toujours dans une brigade anti-criminalité mais à Vitrolles, près de Marseille.
L'autre ancien chef de groupe Mohamed Chenine, 36 ans, est désormais policier aux Pennes-Mirabeau, dans la banlieue de Marseille.
Après une exclusion de 12 mois ferme, Stéphane Joly a pu réintégrer les rangs de la police. Il est délégué permanent du syndicat Alliance Police et intervient en soutien de ses collègues convoqués en cellule disciplinaire.
Blanchis des accusations les plus graves, les anciens bacqueux sont jugés pour trafic de stupéfiants et vols en réunion par personne dépositaire de l’autorité publique dans l’exercice de ses fonctions.
Face aux policiers, la seule victime officiellement déclarée était absente lundi. Karim Menacer avait été interpellé le 31 août 2012, cité Fontvert, à bord d'une Audi A3, en possession de cocaïne, de haschich et de milliers d'euros en petites coupures. Il accuse quatre policiers de la BAC Nord de lui avoir volé 9.000 euros.
Le juge d’instruction n’a pas retenu la circonstance aggravante de "bande organisée". Ils encourent jusqu'à dix ans de prison ferme. Le procès doit durer deux semaines.