Marseille : un cirque avec animaux sauvages s'installe alors que la Ville souhaitait les interdire

L'association de défense des animaux PAZ, dénonce l'arrivée d'un cirque avec des animaux sauvages sur le parking privé d'une grande surface à Marseille.

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Des tigres derrière les barreaux d'une cage, des dromadaires au beau milieu d'un parking de voitures... Photos à l'appui, l'association de défense des animaux PAZ (Paris Animaux Zoopolis) dénonce l'installation du cirque Muller sur le parking privé d'un centre commercial de La Valentine dans le 12ème arrondissement de Marseille.

"Le cirque Muller emprisonne notamment des primates, des tigres, des zèbres, des camélidés, des équidés.... Il est impossible de répondre à leurs besoins fondamentaux dans de tels conditions", affirme l'association dans un communiqué. 

Au passage PAZ rappelle que le maire de Marseille, encore 1er adjoint, s’était engagé "publiquement contre cette pratique" en juillet 2020. 

Lorsqu'il s'agit d'un terrain privé, contrairement à ce que l'on pourrait penser, la Mairie dispose de moyens d'action pour s'opposer à la venue d'un cirque animalier qui ne respecterait pas un certain nombre de conditions, prévues notamment par l'arrêté du 23 juin 1985. 

Cet arrêté ministériel prévoit les règles d'ouverture d'un châpiteau au public. Et ces règles sont applicables, partout en France, tant sur le domaine public que privé. Seule condition pour un terrain privé : le chapiteau doit accueillir au moins 50 spectateurs.

En l'espèce, le Maire de Marseille peut donc se saisir de cet arrêté ministériel, activer son levier "commission de sécurité" pour vérifier que le cirque Muller, installé sur un domaine privé, obéisse à chacune des régles prévues par cet arrêté du 23 juin 1985. 

La juriste Véronique Tardy, spécialiste de la cause animale, rappelle "qu'en sa qualité d'officier de police judiciaire, un maire ou (un adjoint), peut aussi se rendre sur place et vérifier si toutes les conditions du bien-être animal sont remplies, selon l'arrêté du 18 mars 2011".

Marseille ne veut plus de cirque animalier et relance le débat

Le 5 octobre 2020, le Conseil municipal de Marseille avait voté unanimement un « Vœu relatif à l’interdiction des animaux sauvages dans les cirques ». Ce rapport s'adressait avant tout à l’État afin qu’il se positionne « enfin contre les spectacles avec animaux sauvages dans les cirques ».

Pour cela, la Ville proposait « Que l’Etat définisse un budget spécifique afin d’aider financièrement les cirques traditionnels visant à cette reconversion, et ce, sur le territoire national. Que l’Etat apporte un soutien financier aux établissements ayant une activité de refuge pour animaux issus des cirques, dans le cadre d’une politique nationale de reconversion ».

« Un arrêté interdisant la venue des cirques avec animaux sauvages sur le territoire municipal devrait suivre », avait précisé l'ancien premier adjoint Benoît Payan.

Un an plus tard, cet arrêté, pour lequel la nouvelle équipe municipale s'était clairement engagée, n'a pas été pris.

L'installation de ce cirque avec animaux sauvages à Marseille survient au lendemain de l'adoption quasi unanime de la proposition de loi contre la maltraitance animale par l'Assemblée Nationale. Demain jeudi 18 novembre, c’est le Sénat qui devrait adopter cette loi.

"Un cirque sans animaux n'est pas un cirque"

Le cirque Muller est régulièrement la cible des associations de défense des animaux qui dénoncent l’utilisation des tigres, lions, zébres et autres hippopotames dans ses spectacles.

Le retrait des animaux dans son cirque, Frank Muller, cinquième génération de cette dynastie du cirque Muller, ne veut pas en entendre parler. En septembre 2020, dans un entretien accordé à nos confrères de France Bleu Provence, il répondait : "on est presque 300 cirques en France à détenir des animaux, même si on me donne 40.000 ou 100.000 euros aujourd’hui pour se reconvertir, quel est l’avenir de nos enfants.

Moi, on m’a donné qu’un seul diplôme, c’est un certificat de capacité pour présenter mes animaux en spectacle. Si on m’enlève mes animaux, que vont devenir toutes les entreprises de cirque, et où va-t-on mettre tous ces animaux" ajoute Frank Muller qui est aussi président du syndicat du cirque.

Les maires n'auraient pas tous les droits

De plus en plus d'élus locaux montent au créneau en faveur de la condition animale et refusent d'accueillir ces cirques animaliers alors que les parlementaires préparent une loi les interdisant d'ici sept ans.

D'après les informations recueillies sur le site Cirque de France, 438 communes ont pris position pour des cirques sans animaux. Ces villes ont soit pris un arrêté, une délibération ou fait un voeu. Certaines ont vu leur décision annulée par la Préfecture ou le Tribunal Adminstratif. La loi semble plus complexe qu'il n'y paraît...

"Ces arrêtés de voeu pris par certaines communes n'ont aucune valeur juridique", explique la juriste Véronique Tardy, spécialiste de la cause animale, "Pour certaines communes ayant pris des arrêtés d'interdiction, les préfets ont demandé le retrait parce qu'ils considèrent que ces arrêtés sont illégaux, la loi sur les cirques n'étant pas encore entrée en vigueur. La préfecture peut donc retoquer facilement pour le principe de la liberté de commerce".

Selon un sondage de la Fondation 30 Millions d’Amis / IFOP (2020), plus de 7 Français sur 10 (72 %) sont favorables à l’interdiction des animaux sauvages dans les cirques.

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