Les parents d'élèves ont bloqué ce mardi matin les accès des écoles maternelle et primaire Saint-Charles, dans la rue Léon Rolmer. Les établissements sont situés au coeur de la cité du Racati, dans le 3e arrondissement de Marseille, théâtre de bagarres et règlements de compte mortels.
Comme chaque matin, ce mardi matin, ils ont accompagné leurs enfants à l'école Saint-Charles, en s'aventurant au fond de l'impasse de la rue Léon Rolmer, au coeur de la cité du Racati, dans le 3e arrondissement de Marseille. Mais cette-fois, les parents ont décidé d'en bloquer l'accès pour exprimer leur ras-le-bol après un nouveau règlement de compte.
Il y a une dizaine de jours, un jeune homme de 19 ans a été assassiné ici même, victime de la guerre de territoire que se livrent les trafiquants de drogue.Nos jeunes voient ces images sur Snapshat d'hommes armés qui courent et de cadavres qui baignent dans le sang
"Nos jeunes voient ces images sur Snapshat d'hommes armés qui courent et de cadavres qui baignent dans le sang", témoigne Hinda Bennour secrétaire de l'association Les Minots de Saint Charles, excédée par l'indifférence des pouvoirs publics.
"On en est à 4 décès en moins de 6 mois, raconte une représentante de l'association des parents d'élèves. On vit dans la terreur, il y a des tirs de jour comme de nuit, un jeune est mort après un passage à tabac, personne n'en a parlé".On vit dans la terreur, il y a des tirs de jour comme de nuit,
Le trafic en drive
Plus de 250 enfants sont scolariés dans les deux écoles. "Elles sont au fond de l'impasse et on est obligés de traverser toute la rue Léon Rolmer où se fait le trafic, explique l'association des parents, c'est "le drive", en plein jour, ils ne se cachent même pas".Même à l'intérieur des établissements, les enfants ne sont pas plus en sécurité. "Il y a eu 5 intrusions depuis septembre dernier, la mairie a acté des travaux notamment pour surélever les murs, mais ils ne sont toujours pas prévus. Est-ce qu'on attend qu'il y ait un drame? "
"On comprend largement leur demande", reconaît Philippe Lucchesi, le directeur de l'école primaire. "Ces morts dans le quartier, à ciel ouvert, c'est pas nouveau, je comprends l'inquiétude des parents", concède pour sa part Thierry Illy, l'inspecteur de l'Education nationale venu à la rencontre des habitants.
Depuis quatre ans maintenant les habitants essaient de se faire entendre, multipliant les courriers au préfet de police. "Ce n'est plus possible, la situation a empiré, dit encore la représentante des parents. On nous envoie des médiateurs, mais on sait déjà que leur mission va durer deux semaines."
Aux mains des trafiquants
"En plus, juste après un règlement de compte, ça sert à rien, le trafic ne va pas reprendre tout de suite, ajoute-elle par expérience. Nous, on veut des mesures perennes."Sa crainte, c'est qu'une fois encore les choses "se tassent" en apparence et que les affaires reprennent ensuite de plus belle dans la cité. Entre intimidations, provocations et morts violentes. "On les entend crier "Le Racati est à nous", raconte-elle, et on a très peur pour cet été, on va nous laisser dans notre détresse".