La carrière antique de la Corderie, à Marseille, est vieille de 2600 ans. Elle a été mise au jour par des fouilles en avril 2017 et détruite à 80% pour la construction d'un immeuble. Pourtant classé comme monument historique, il sera réenfoui à l'automne 2022, par décision de l'Etat. Les associations de conservation du patrimoine restent mobilisées.
Le site de la Corderie va disparaître sous des tonnes de terre. L'Etat a décidé de le réenfouir sur la base de travaux scientifiques invoquant l'extrême fragilité des vestiges. Une décision qui ne convient pas à plusieurs associations de préservation du patrimoine.
Les associations de conservation du patrimoine montent au créneau
La préfecture a organisé une réunion de concertation ce mardi soir pour expliquer le projet. "On ne nous demandait pas notre avis, on nous disait concrètement que c'était la solution et qu'ils déporteraient ailleurs la valorisation. Cela nous a fortement choqués parce que depuis le début on demande une valorisation in situ et ce n'est pas le cas", déplore Sandrine Rolengo, déléguée de l'association Sites & Monuments dans les Bouches-du-Rhône.
Michel Villeneuve est géologue de profession et chercheur. Il précise que l'enfouissement est la pire des solutions pour la conservation du site. Il propose l'installation d'un toit. "Un monument qui est à l'air libre ça altère, ce qui ne peut pas être le cas ici. C'est une roche, au contraire, qui peut se solidifier. C'est un mauvais argument. Le deuxième argument c'est que ça va boucher la vue des gens qui habitent au premier étage de l'immeuble et qui auront la vue sur ce toit", explique-t-il.
La ville n'est pas décisionnaire
Par un tweet, le maire de Marseille a de nouveau afficher son désaccord avec le projet porté par l'Etat. Perrine Prigent, conseillère municipale en charge du patrimoine précise que la ville n'a pas beaucoup de moyens pour peser sur la décision. "La ville a plusieurs capacités, celle d'exprimer sa position politique. Mais elle a aussi une obligation : respecter la règlementation, et elle n'est pas décisionnaire sur les vestiges de la Corderie."
L'affaire a démarré durant l'été 2017. Cette carrière antique a été mise au jour pendant les travaux de construction d'un immeuble. Après une forte mobilisation des habitants du quartier et d'associations de préservation du patrimoine, la ministre de la Culture de l'époque avait engagé la parole de l'Etat pour préserver une partie du site. "J'ai demandé à la ville et à l'aménageur de se concerter sur un cahier des charges qui mettrait en place des notions de visibilité, d'accessibilité et de transmission", évoquait-elle à ce moment-là.
Pour les associations, l'Etat n'a pas tenu sa parole. Elles vont prochainement engager des recours devant le tribunal administratif.