Pour endiguer la troisième vague, faut-il vraiment fermer les écoles ?

Un variant plus contagieux, plus virulent, mais qui ne s'attaque pas plus aux enfants. C'est ce que constatent les épidémiologistes avec le variant anglais. La fermeture des écoles ne semble pas être la solution à envisager pour contenir la 3e vague, selon ces spécialistes.

"Le variant anglais touche plus de monde et donc les enfants également. Il est plus transmissible avec des symptômes qui augmentent le risque de contagion", explique le docteur Emilie Mosnier, infectiologue et chercheur en épidémiologie à l'AP-HM.

Selon le dernier bilan en date du 29 mars de l'ARS Paca, le variant anglais représente 80 % des cas détectés positifs en Provence-Alpes-Côte d'Azur. 

Une progression importante en six mois. C'est en septembre 2020, au Royaume-Uni que ce nouveau variant du Covid-19, a été repéré. C'est le B.1.1.7, plus connu maintenant sous le nom de variant anglais.

Un rapport de l’Imperial College de Londres conclut alors que ce variant anglais est beaucoup plus contagieux, de l'ordre de 50 à 75 % fois plus que la souche classique.

Avec sa propagation, l'âge et la symptomatologie ont aussi changé. Avec notamment des symptômes plus graves comme une forte toux, plus de fièvre, un gros mal à la gorge, mais aussi moins d'anosmie.

Fermer les écoles pour endiguer l'épidémie?

Les enfants sont pointés du doigt comme vecteurs principaux de ce nouveau variant. S'ils participent aussi à la diffusion de l'épidémie, ce n'est pas aussi simple selon les épidémiologistes et les pédiatres.

Pour certains, ils sont même catégoriques : la fermeture de classe ou d'école ne doit intervenir que si un cluster est identifié.

"La déscolarisation pourrait avoir des conséquences irrémédiables sur certains élèves déjà fortement impactés et en difficultés depuis le premier confinement", indique Philippe Minodier, chef de service aux urgences pédiatriques de l'Hôpital Nord de Marseille.

Et cela ne ralentirait pas pour autant la propagation du virus. Pour sa consoeur, le docteur Emilie Mosnier, infectiologue et chercheur en épidémiologie à l'AP-HM, "la stratégie chez les enfants, ce serait de les tester plus souvent pour détecter les clusters et faire la différence entre Covid ou autre maladie. C'est en cela que le test salivaire est intéressant s'il est pratiqué régulièrement".

Sauf que si l’on s'en réfère aux chiffres de l'inspection d'académie d'Aix-Marseille pour la semaine du 15 au 22 mars, 8.008 tests ont été proposés et 406 réalisés. Ramené aux 2.380 structures écoles, collèges et lycées de l'académie, cela ne fait pas beaucoup.

Des contaminations intrafamiliales

À l'hôpital Nord de Marseille, au service des urgences pédiatriques, le professeur Philippe Minodier constate aussi que le nombre d'enfants hospitalisés pour Covid reste très faible.

Il n'a pas augmenté par rapport à l'an dernier, ni par rapport aux mois précédents. Le spécialiste est formel. Si des enfants arrivent dans son service, c'est suite à une contamination dans le cercle familial. Les vrais fautifs ce sont les parents. 

"Les enfants que l'on voit sont contaminés dans la cellule intrafamiliale comme avant, et ce sont surtout les adultes qui se relâchent, c'est pour cela que les 50-60 sont les plus touchés", affirme Philippe Minodier.

"Les enfants ne sont pas plus atteints. Ils sont peu symptomatiques, peu vecteurs, explique-t-il, en revanche "les collégiens et les lycéens sont plus vecteurs que les enfants en bas âges".

Philippe Minodier estime malgré tout qu'il vaut mieux que les collégiens et lycéens soient en cours où les gestes barrières sont bien appliqués, "plutôt que tous ensemble dehors sans masque"

Fermer les classes, ce n'est pas la solution 

Fermer une classe au moindre cas détecté n'est absolument pas la solution renchérit la société française de pédiatrie.

"À un moment où la circulation du virus s’accentue dans la population générale, l’augmentation observée également chez les enfants n’en est que le reflet et non la cause", indique-t-elle.

"En proportion, les enfants restent moins infectés que les adultes, même avec les variants. L’effet âge reste majeur avec une proportion d’enfants infectés d’autant plus faible que l’enfant est jeune".

89 classes sur 12.171 sont fermées dans l'académie d'Aix-Marseille. Sur plus d'un demi-million d'élèves, 745 cas de Covid ont été déclarés. Chez les enseignants, ils sont près de 60.000 dans l'académie, 117 cas ont été confirmés la semaine dernière. 

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