"Quand je vais pas bien, je leur parle toute la journée", les sans-abris sont accompagnés pour garder leur compagnon à quatre pattes

À Marseille, les bénévoles de Vendredi 13 et de la SPA s'occupent des chiens des sans-abris. Ils sont soignés par des vétérinaires, qui offrent même les croquettes.

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À Marseille, des bonnes fées se penchent sur les chiens des rues. L'association Vendredi 13 s'occupe des sans-abris et de leurs animaux. La SPA confie des chiens aux sans-abri et les soigne : puçage, vaccins, stérilisation et bobologie.

"Mes amis, mes confidents", des compagnons qui comptent

"Mes chiens sont mes amis, mes confidents, je n'ai confiance en personne d'autre", Marion a vagabondé pendant 20 ans, elle est aujourd'hui hébergée dans une "colocation sociale" à Marseille, avec ses trois chiens."Quand je ne vais pas bien, ils sont là, toujours avec moi, je leur parle toute la journée". Marion ne possède rien, mais quand elle peut, elle achète un collier ou un tapis à ses chiens.

L'association Vendredi 13 fait toujours ses maraudes avec un sac de croquettes dans la camionnette. C'est comme ça que Marion les a rencontrés. Depuis longtemps, les bénévoles de Vendredi 13 savent que les sans-abris refusent de se séparer de leur chien, même pour aller dormir en foyer. 

"Chaque lundi, je vais à l'association chercher un colis alimentaire pour moi et un gros paquet de croquettes pour Cali" raconte Fadel, 70 ans, qui passe ses jours et ses nuits avec Cali un bel husky croisé avec une louve qui ressemble à une peluche mais grogne quand on veut le caresser. Ce chien, il l'a récupéré quand il était tout bébé. 

Il y a quelques mois, j'avais l'intention de l'abandonner à la SPA parce que je n'avais pas de rentrées d'argent. Mais on est ensemble.

Fadel

Fadel décrit son chien comme sa moitié et le garde avec lui, "Il mange avec moi ou je lui donne ma nourriture."

Ami et garde du corps dans la rue

"Quand on fait une maraude, on s'approche parfois d'un homme dans un sac de couchage et on voit la tête du chien qui sort, juste à côté de lui", raconte Bernard Nos, vice-président de Vendredi 13. Avec dix salariés et 213 bénévoles, cette association est devenue l'une des plus importantes de la ville. A Marseille, 14 000 sans-abri sont recensés.

"On ne fait pas du chiffre, on fait du lien" dit Monique Blanc, vice-présidente de Vendredi 13, "les gens de la rue sont très attachés à leur animal. Pour eux, un chien qui meurt, c'est un drame. C'est leur compagnon de vie, leur enfant, ils les rendent plus calmes. Certains refusent d'aller à l'hôpital pour ne pas laisser leur chien." Devant ce constat, la SPA accepte de garder le chien pendant l'hospitalisation du maître.

"La plupart des personnes à la rue sont solitaires. Le chien leur permet de se défendre", souligne Monique Blanc.

Si je ne les avais pas, je serais morte depuis longtemps

Marion

Pour une femme seule dans la rue, le chien n'est pas qu'un ami, il fait aussi office de garde du corps, "C'est moi qui les protège avant tout. Ensuite, ils interviennent quand ils sentent que j'ai peur. Dehors est un monde violent".

Un jour, l'un de ses chiens s'est pris un coup de couteau dans la tête. La SPA l'a pris en charge, puis un autre vétérinaire bénévole. Mais l'animal n'a pas survécu. Alcool, bagarres, les chiens restent là. "Pour un chien, l'amour dans un logement 5 étoiles ou dans la rue, c'est le même. Des gens qui ne savent pas bien s'occuper de leur chien, il y en a partout" , fait remarquer Monique Blanc, de Vendredi 13.

"Les chiens s'habituent à la fête, à la bagarre", assure Marion, "ce qui les traumatise, c'est la violence, tout comme nous, les humains".

Les gens riches ont des logos de marques sur leurs vêtements. Les gens heureux ont des poils de chat ou de chien.

Xavier Bonnard / président de la SPA Marseille-Provence

Des adoptions gérées avec la SPA

Depuis 2016, la SPA est l'un des acteurs de cette organisation. En dix ans, une centaine de chiens a été confiée à des gens qui vivent dans la rue. "Certains chiens vivent dans un studio, font leurs besoins sur le balcon et ne sortent jamais. Les chiens dans la rue sont en général très bien traités", relate Xavier Bonnard, président de la SPA Marseille-Provence.

Les sans-abris demandent de grands chiens, pour leur sécurité, "c'est sûr qu'on ne va pas leur confier des chihuahuas". Les chiens agressifs ou dits "de garde" sont écartés. Les candidats à l'adoption doivent répondre à beaucoup de questions. L'animal porte l'identité de la SPA.

Les vétérinaires de la SPA se chargent de la santé des animaux des rues. "En général, avant le repas de midi, servi par Vendredi 13, nous allons chercher ceux qui ont besoin de soins. C'est souvent de la bobologie, un puçage, un vaccin. Quand nous les ramenons à leur maître, le repas est fini."

Dans un 5 étoiles comme dans la rue, le chien est un animal très reconnaissant, qui sait manifester son affection sans compter. Certains sans-abris ont choisi de vivre avec un chat. Une autre histoire de tendresse.   

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