Sécheresse : faut-il interdire les douches sur les plages ? Le casse-tête des municipalités face à cette question

Face au manque d'eau récurrent, certaines municipalités ferment les vannes sur les plages, d'autres non.

Elles apparaissent de plus en plus anachroniques face à la sécheresse et aux enjeux climatiques : les douches de plage. Pour éviter le gaspillage, les municipalités comme La Ciotat, dans les Bouches-du-Rhpone, ont décidé de couper l'eau. Pas facile pour d'autres de prendre cette décision radicale. 

Encore faut-il tout simplement... le pouvoir ! A Marseille, ce n'est pas possible pour l'instant, selon la municipalité.

Un choix technique et politique

L'opération n'est pas si simple à faire, côté technique tout d'abord. En cause : un réseau large et pas sélectif, explique Hervé Menchon, adjoint au maire de Marseille en charge des plages. Impossible de couper le robinet seulement sur les plages.... Et pas si simple, côté philosophique et politique ensuite. 

"Nous avons 10 000 SDF dans la rue aujourd'hui, à Marseille. Les plages sont des points d'alimentation en eau pour eux, dans une métropole qui en manque on ne peut pas fermer le robinet en temps de canicule comme c'est souvent le cas en été. La gestion de l'eau ne doit pas entraîner de détresse humaine", souligne l'élu.

Sur le littoral marseillais, il existe une trentaine de douches sur les 13 plages surveillées.

L'élu EELV assume, la ville ne coupera pas le robinet de ces points d'eau, même si le stade de crise sécheresse est avéré, sauf à la demande du Préfet. Il rappelle que depuis un an, la transition écologique est lancée à Marseille, mais sans brusquerie. Un plan d'économie a permis de mettre en place des embouts mousseurs économiseurs d'eau sur les douches par exemple, et des systèmes encore plus performants sont prévus.

La Ciotat coupe le robinet

En attendant, les douches cassées ne sont plus remplacées, affirme l'adjoint au maire. Une solution moins gourmande en eau est à l'étude, du type pédiluves, pour rincer les pieds et les jambes simplement.

Si Marseille peine à prendre la décision, La Ciotat s'est jetée à l'eau. Après les plages sans tabac en 2011, voici les plages sans douches dans la ville lumière.

C'est une décision prise pour lancer un message d'éco-responsabilité, et pour être exemplaire, selon Jean-Marc Martinez, conseiller municipal, délégué à l’Environnement de La Ciotat. La première douche a été installée en 1979, le mode de vie a changé, il faut s'adapter pour les générations futures, poursuit-il.

"Les neuf douches des cinq plages ont été supprimées depuis hier le 1er juin. La consommation à la fin de saison, c'est de quoi remplir trois fois la piscine municipale !", fait remarquer l'élu ciotaden.

L'objectif n'est pas de faire des économies mais d'être exemplaires côté environnemental.

Jean-Marc Martinez, conseiller municipal de la Ciotat

Une mesure radicale, la municipalité affiche viser un tourisme durable et de qualité : "on n'a pas peur, La Ciotat a été nommée plus belle baie du monde et classée Natura 2000, on souhaite que notre tourisme soit soucieux de l'environnement."

Ces mesures de restriction interviennent alors que le sud-est connaît une sécheresse installée depuis des mois. 

En raison de l'état des cours d'eau et des nappes phréatiques, la préfecture des Bouches-du-Rhône a classé la moitié de Marseille en situation de crise, niveau d'alerte maximal. Les restrictions sont prévues avec amendes à la clé si elles ne sont pas suivies. Les mesures sont applicables aux particuliers (comme ne pas arroser sa pelouse), et aux collectivités. 

Dans le détail, "il n'y a pas de limitation sauf arrêté municipal spécifique pour l'alimentation en eau potable des populations (usages prioritaires : santé, salubrité, sécurité civile)". La carte de l'arrêté du 20 avril dernier, est toujours d'actualité.

Sur les plages de la Côte d'Azur, les stations balnéraires sont elles aussi partagées sur la question.  Beaulieu et Menton ont d'ores et déjà annoncé la fermeture des vannes sur leurs plages publiques. A Nice et Antibes en revanche, les touristes pourront toujours se rincer à l'eau can de rentrer chez eux.