Série Mai 68 : la révolution porte l'imagination au pouvoir

Si Paris est un champ de bataille, Marseille vit sa révolution plus calmement. Etudiants, lycéens et ouvriers se retrouvent ensemble dans la rue et se mettent à rêver à une autre société, plus libre... France 3 Provence propose une série sur Mai 68 à Marseille.

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Alors que Paris est transformé en champs de batailles, les étudiants marseillais réagissent à la violence policière qui se déroule dans la capitale. Ils descendent dans la rue pour protester, rejoints par les lycéens. Les événements de Mai 68 dans le lacydon ne seront pas violents. 
Les rassemblements se déversent dans les rues. Marseille les absorbe comme de grandes vagues. 
Mais il s'agit de lames de fond, touchant le fond de la pensée jusque là admise. Les lycéens garçons et filles occupent leurs lycées alors que la mixité n'existe pas encore. 
C'est Marseille encore qui montre son désaccord avec la guerre du Vietnam, et affrète un bateau pour venir en aide à la population vietnamienne.
Les ouvriers rejoignent les étudiants. Le mouvement, comme partout en France grossit. Et le 13 mai, la grève générale est décrétée. A Marseille, le port est paralysé par 100% de grévistes. A Marignane, les 6000 employés de Sud Aviation débrayent le 17 mai.
Marseille vit alors un déclin industriel. La situation des ouvriers est particulièrement difficile. Les grèves marseillaises dureront plus longtemps que celles du reste de la France. 
Une nouvelle lame de fond touche toutes les branches de la société. Jusqu'à un accord entre syndicats et gouvernement.
"Les accords de Grenelle signent la fin du mouvement. Les ouvriers sortent gagnants, la jeunesse perd sa révolution", explique Jérémie Hessas, le réalisateur de la série de cinq épisodes consacrée à Mai 68 à Marseille, et proposée sur France3 Provence. 
Dans le troisième volet de sa série, Jérémy Hessas aborde l'explosion de la créativité à partir de cette parole qui se libère peu à peu. 
Le peintre Alain Boggero est un témoin de la lutte ouvrière de cette époque. Aujourd'hui encore il porte l'héritage de Mai 68, avec ses milliers de portraits d'ouvriers des chantiers navals. Il se souvient des dessins et des affiches de l'époque, réalisés chaque nuit par les étudiants des Beaux-Arts de Marseille. 
A Avignon, non loin de là, Gérard Gélas, qui deviendra le directeur du théâtre du Chêne noir, voit l'une de ses pièces interdite. Il sera soutenu par des centaines de manifestants issus de la jeunesse, ou des mouvements contestataires. 
Si la parole se libère peu à peu, il reste encore des combats. Comme celui des droits de la femme. L'avortement n'est pas encore autorisé, et les pratiques sont clandestines. Près de 400 femmes meurent chaque année d'une intervention de grossesse qui tourne mal. 
A Marseille, une IVG illégale pratiquée clandestinement par un vrai médecin coûte cher : deux fois le SMIC. Beaucoup se rendent au Pays Bas pour des prix plus abordables. Mais là-bas, l'acte est réalisé à la file, sous forme d'abattage. 
Mai 68 marquera le début d'une prise de conscience qui aboutira six ans plus tard à la loi sur l'avortement, promulguée le 17 janvier 1975.
Le mouvement de Mai 68 a changé les mentalités et a profondément marqué la jeunesse.
Avec la parole libérée, des milieux restés discrets décident de s'exprimer librement. La première Université d'été homosexuelle est créée à Marseille à la fin des années soixante-dix.
"Si l'on ne s'organise pas pour parler fort, il ne se passera rien" clame l'un des responsables de l'époque.
Leur combat aboutira en 1982 à l'abolition des lois pénalisant l'homosexualité.
Dans les années soixante-dix et quatre-vingt, le mouvement initié en Mai 68 poursuivra en profondeur son changement de société. De nombreux collectifs donneront naissance à des mouvements de la gauche alternative, encore inscrits dans notre paysage politique.

Série de cinq volets sur Mai 68 à Marseille réalisée par Jérémie Hessas, Sylvie Garat, Alban Poitevin, Isabelle Vochelet et Laétitia Patris de Breuil.
 

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