TEMOIGNAGE. "Le bateau a décollé" : premier à porter secours aux blessés, un témoin raconte la violente collision en mer à Marseille

Ce samedi 9 septembre, Sébastien navigue vers le port de la Madrague à Marseille après une session de plongée. Il assiste à une collision impressionnante entre deux navires. Il a porté assistance aux victimes avant l'arrivée des secours.

Douze blessés, dont 4 en urgence absolue. C'est le bilan du grave accident qui a impliqué deux navires à 900 mètres des côtes marseillaises. Les passagers d'un des bateaux participaient à une opération de comptage de la biodiversité marine. L'autre embarcation était un bateau de plaisance dont le pilote a été placé en garde à vue.

Sébastien Tinard, gérant d'un club de plongée, naviguait à proximité directe du lieu de l'accident. Avec quatre de ses moniteurs, il a porté les premiers secours aux blessés.

"Vu sa vitesse, le bateau a décollé et arraché la cabine"

Au moment du drame, Sébastien transporte 28 personnes à bord du Monte Christo, le bateau de son club de plongée. Il navigue dans le périmètre du parc national des calanques, entre l'île Maïre et le Cap Croisette quand un plaisancier le double.

"Ils naviguaient à la vitesse réglementaire. Ils faisaient la fête, j'ai vu des bouteilles de champagne. Ils nous ont fait coucou." Mais dès que le bateau dépasse la bouée des 300 mètres, la zone proche de la côté où la vitesse est limitée, le bateau de plaisance accélère brusquement.

Il y a beaucoup de monde sur l'eau. " Ils ont évité deux personnes en paddle" relate Sébastien, "manifestement le pilote ne maitrisait pas la vitesse." C'est à ce moment qu'il percute le Diplodus, un vieux bateau en bois. À son bord, des bénévoles participant à une opération de recensement de la biodiversité marine.

Sébastien est 100 mètres derrière. "Ils sont rentrés en collision sur tribord arrière. Vu la vitesse, le bateau a décollé et est passé par-dessus le Diplodus et a atterri de l'autre côté." La cabine du vieux bateau est arrachée par la violence du choc.

"Je sais que c'est un carnage et qu'il va y avoir des victimes"

Sébastien a tout de suite le réflexe de porter secours. "À ce moment je sais que ça va être un carnage, qu'il va y avoir des victimes. On voit des gens à l'eau." Quatre moniteurs de plongée sautent à l'eau.

Pendant ce temps, Sébastien alerte les secours. Les plongeurs remontent six personnes souffrant de diverses blessures. "Un fémur cassé, une hémorragie à la tête..." énumère Sébastien.

Parmi les rescapés, un homme noyé. Le temps presse. Sébastien tente de le réanimer, le bateau de l'école de plongée disposant d'oxygène... 

Les secours arrivent au bout d'un quart d'heure. "Le temps paraît bien long, surtout qu'ils ne s'occupent pas de nous tout de suite, ils prennent en charge d'autres personnes." En tout, 21 personnes sont victimes de la collision, 13 d'entre elles sont blessées.

Finalement, un médecin arrive sur le Monte-Christo. Les secours organisent l'hélitreuillage de la personne noyée. Elle est conduite à l'hôpital en état d'urgence absolue.

Sébastien conduit ensuite les cinq autres blessés vers le port de Pointe-Rouge, où ils sont pris en charge par les marins-pompiers.

"Plonger pour me laver la tête"

Au lendemain du drame, Sébastien estime que le bilan aurait pu être bien plus lourd. "J'avais un bateau de sept mètres, de l'oxygène, on a pu allonger cinq blessés en attendant les secours. Ça n'aurait pas été pareil si j'étais sorti avec un zodiac."

C'est la première fois qu'il est confronté à un accident d'une telle ampleur. "J'ai l'habitude des incidents de plongée, mais je n'ai jamais eu à prendre en charge autant de victimes, et jamais de personne noyée."

Sébastien a été entendu par la gendarmerie maritime, dans le cadre de l'enquête ouverte par le parquet de Marseille. Le pilote du bateau de plaisance a été placé en garde à vue.

Sébastien, lui, tente de se remettre de ses émotions. "Je vais aller plonger, pour essayer de me laver la tête".

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