Entraîneur charismatique du pôle Espoirs de judo de Marseille, Stéphane Mongellas est accusé de violence morale et physique par des sportives de haut niveau selon une enquête de Médiapart qui a recueilli des témoignages accablants.
Jusqu'où aller pour pousser au dépassement de soi dans le sport de haut niveau ? Alors qu'un entraîneur du pôle France de gymnastique de Marseille attend jeudi le jugement de son procès pour harcèlement moral suite à cinq plaintes de jeunes sportives, la question est une nouvelle fois posée après cette enquête publiée par Médiapart concernant le pôle Espoirs de judo de Marseille. Les journalistes Clément Le Foll et Grégoire Fleurot ont recueilli des témoignages édifiants sur les méthodes de l'entraîneur Stéphane Mongellas, membre du comité directeur de la FFJDA.
Selon le site d'information, l'entraîneur de judo marseillais, ancien judoka, a fait l'objet de plusieurs signalements de violence de la part de ses anciennes élèves ces dernières années. Le parquet de Marseille a ouvert une enquête préliminaire mais précise à France 3 Provence-Alpes qu'il "ne communiquera pas en l'état sur ce dossier." De son côté, la fédération n'a pas jugé nécessaire d'enquêter en interne.
Sept témoignages incriminants
Selon Médiapart, sept anciennes élèves du pôle Espoirs de Marseille ont témoigné de "violences physiques et psychologiques" comme des étranglements jusqu'à l'évanouissement ou des doigts dans les yeux. "Je me suis fait défoncer pendant 45 minutes, j'étais en pleurs", a confié une judokate qui a goûté à la méthode de l'entraîneur lors d'un stage de prérentrée dans le Var.
Les combats d'entraînement, les "randori", au dojo de la ligue à Bougainville, dans les quartiers Nord de Marseille, sont décrits comme un lieu où l'on "broye" les futurs champions pour les endurcir. Les jeunes judokas souffrent sans se plaindre, certains l'acceptent comme faisant partie du jeu pour décrocher des médailles, d'autre par peur de ne pas être sélectionnés dans les compétitions.
Interrogé pour cette enquête, Stéphane Mongellas, 48 ans, se défend en expliquant qu'il a lui-même appris comme judoka de haut niveau "l'entraînement dans la difficulté". "C'est délicat de regarder ces faits datant de plus de vingt ans avec le prisme d'aujourd'hui", ajoute-t-il.
Toutes les jeunes filles qui ont témoigné n'ont pas déposé plainte, "découragées par la prescription potentielle des faits", précise Médiapart.