VÉRIFICATION. Macron à Marseille : peut-on vraiment trouver "dix offres d'emploi sur le Vieux-Port", comme l'affirme le président ?

Si on recrute effectivement beaucoup dans les établissements du Vieux-Port, travailler dans la restauration nécessite d'être formé, avertit l'Union des métiers et des industries de l'hôtellerie. Et les horaires et la rémunération peuvent aussi être des freins.

C'est la petite phrase qui a marqué la première journée de la visite d'Emmanuel Macron à Marseille."Je fais le tour du Vieux-Port avec vous ce soir et je suis sûr que je vous trouve 10 offres d'emploi", a répondu, lundi 26 juin, le président de la République à une mère de famille dont le fils de 33 ans ne parvenait pas à trouver un emploi. "On descend ensemble sur le port et je serais surpris qu'il n'y ait pas un resto ou un café qui ne cherche pas un serveur," a assuré le chef d'Etat. Mais est-il réellement si facile de trouver un emploi dans la restauration sur le Vieux-Port ?

Douze offres de serveur dans la zone du Vieux-Port

France 3 Provence-Alpes a vérifié l'affirmation du président en interrogeant le moteur de recherche d'emplois de Google. Pas moins de 12 offres d'emplois de serveurs ont ainsi été publiées sur la zone du Vieux-Port ces trente derniers jours, indique Google. Si on élargit cette recherche aux postes de commis de cuisine ou de plongeurs, c'est près de 22 offres qui ont été proposées dans le quartier.

"Il suffit de se promener dans le port pour remarquer ces grands panneaux que McDonald's a installé pour recruter. C'est la même situation dans tout le secteur", pointe Frédéric Jeanjean, secrétaire général de l'Union des métiers et des industries de l'hôtellerie (Umih) des Bouches-du-Rhône qui possède un établissement sur le Vieux-Port. "On est en crise de recrutement", confirme un responsable du Relais 50, un restaurant gastronomique d quartier qui a diffusé plusieurs offres d'emplois au mois de juin. Les problèmes d'embauche sont également constatés à l'échelle nationale. Selon l’Union des métiers et des industries de l’hôtellerie, c'est près de 200 000 postes qui sont à pourvoir pour l'été 2023. 

La dureté et la pénibilité du service font que les gens ne veulent plus faire cette profession.

Frédéric Jeanjean, secrétaire général Umih 13

Les raisons de cette forte demande de personnels ? Une baisse d'attractivité du métier de la restauration qui fait que les établissements ont de plus en plus de mal à attirer de nouvelles recrues. "La dureté et la pénibilité du service font que les gens ne veulent plus faire cette profession", déplore le restaurateur du Relais 50. Une tension sur l'emploi également exacerbée par un important turnover. "J'ai signé dernièrement 11 contrats de travail. Neuf sont partis", fulmine Frédéric Jeanjean. La précarité du métier, qui repose souvent sur des saisonniers explique également cette désaffection pour le secteur de la restauration.

La dernière réforme de l'assurance chômage a notamment rompu "l’équilibre économique des saisonniers dont les contrats sont calés sur les saisons touristiques", expliquait le syndicat FO en 2022, en imposant de travailler six mois au lieu de quatre pour être éligible aux allocations.

"La restauration est un métier pour lequel on doit être formé"

Une pénurie de personnel qui pousse les restaurateurs à diminuer leurs exigences de recrutement. "On cherche des gens avec un minimum d'expérience, mais c'est tellement la crise, qu'on recrute aussi des débutants qu'on forme", explique le responsable du Relais 50.

"On ne devient pas serveur ou cuisinier du jour au lendemain", prévient cependant Bernard Marty, président de l'Umih13. "C'est un métier pour lequel on doit être formé. Il y a des écoles hôtelières, un bac pro", souligne le responsable du syndicat.

"Si, pour compléter les effectifs, nous pouvons employer des personnes sans expérience, par exemple des étudiants comme saisonniers, il faudra leur apprendre le métier", ajoute Bernard Marty.

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