Une semaine après son agression, Sandra, l'une des deux cantinières agressées à l'école de La Pauline à Marseille le 6 septembre revient sur cette matinée d'horreur. Ce moment où elle a cru qu'elle allait mourir. Sa vie est sauve, mais elle, reste marquée par ce déchaînement de violence.
La voix calme et posée, Sandra répond aux questions. Dans son regard, à chaque réponse, on comprend qu'elle revit la scène une nouvelle fois. Des odeurs, des bruits, des sensations lui reviennent comme si cela venait de se produire.
"Je viens d'arriver sur mon lieu de travail, j'ai eu le temps d'ouvrir les fenêtres du réfectoire et lorsque je reviens à mon poste, un homme se tient devant moi, torse-nu, pieds nus en caleçon. Il me demande d'appeler la police, selon lui, quelqu'un en veut à sa vie. Cela me parait crédible puisqu'il a une plaie ensanglantée au niveau de l'épaule."
Des propos incohérents
"Mais très vite, son discours se brouille, il se parle comme à lui-même, je sens que ce n'est pas normal. Il me dit, je suis musulman, "Allah Ouakbar", les chrétiens comme toi, il faut tous les tuer. Aujourd'hui, c'est toi qui vas mourir."
"Lorsque je me saisis du téléphone, il s'énerve et me demande ce que je fais, je lui répond que j'appelle la police comme il me l'a demandé et c'est à ce moment que tout vrille, il se jette sur moi et commence à m'étrangler."
Dans le bureau où se trouve Sandra et son agresseur, il y a un pot à crayons "Il cherche dans le pot quelque chose et se saisit d'une paire de ciseaux et me poignarde à trois reprises dans l'abdomen. Je ressens les coups, mais pas de douleurs violente. Le fil de ma vie s'est arrêté là."Le fil de ma vie s'est arrêté là.
"Je me suis dit, tu vas mourir, c'est fini, il va s'acharner sur toi."
Sandra essaye de réfléchir rapidement à ce qu'elle peut faire pour échapper à son agresseur. Il lui a pris ses téléphones.
"Je m'échappe et arrive à courir jusqu'à l'entrée où je suis arrivée le matin, et là j'ai pu crier: Au secours au secours on veut me tuer!"
L'agresseur la suit et l'empoigne et continue de la rouer de coups. Par moment, il s'arrête pour tenir des propos décousus où se mêlent propos religieux et menaces de mort."
Colette, l'arrivée salvatrice
C'est à ce moment également qu'une de ses collègues, Colette arrive et intervient pour s'interposer. Elle est à son tour rouée de coups. Mais Sandra l'affirme, sans l'arrivée de sa collègue, elle ne serait plus en vie aujourd'hui.Les coups pleuvent sur elle et sa collègue. "Il était déterminé, il était venu pour faire beaucoup de mal, pour tuer." Il se saisit d'un couteau et le plante dans la cuisse de Sandra. L'agresseur laisse tomber les téléphones.
Sandra profite de cette diversion pour s'enfuir, elle parvient à s'enfermer dans les sanitaires et tente en vain de joindre les secours. Elle finit par appeler son mari qui arrive sur place avant les secours et lui prodigue ainsi qu'à sa collègue les premiers secours."
Il nous a massacrées
Depuis, Sandra reste chez elle et ne ferme plus les yeux de la nuit malgré les calmants et les somnifères. "Il n'a pas arrêté, il nous a massacrées."
Malgré le soutien de son entourage, elle se sent a bout de force. Avec sa famille, elle compte quitter rapidement Marseille, pour se reconstruire et tenter d'oublier cette matinée d'horreur et de violence.