La 13e circonscription des Bouches-du-Rhône est un fief de gauche. Le député sortant, le maire communiste de Martigues, Gaby Charroux ne se représente pas. Gros plan sur les enjeux dans cette circonscription, bation ouvrier devenu terre d'élection du FN.
Cette circonscription, qui fut longtemps un bastion ouvrier de la gauche, est devenue une terre d'élection du FN même si Jean-Luc Mélechon y a réalisé de beaux scores à la présidentielle (29,54 %). C'est dire l'exaspération qui règne ici entre chômage et pollution.
2000 euros mensuels quand la pêche est bonne
L'image électorale traduit une forme de lassitude des électeurs comme sur le petit port de Carro, un village côtier de la commune de Martigues. Les marins pêcheurs sont encore une petite vingtaine aujourd'hui. Certains comme Joseph Gatto gagnent à peine 2000 euros par mois et encore, quand la pêche est bonne.
Et souvent, comme ce matin-là, les étals sont peu fournis et la criée semble alors bien triste. Dans sa cabane de pêcheur, Christophe Agniel, le patron du Thido, arme machinalement ses filets et déroule aussi spontanément sa colère. Ce militant de gauche n'y croit plus. Ira-t-il voter aux législatives ? Rien n'est moins sûr.
41 % des voix au FN aux régionales
Martigues et ses 42 000 habitants, la "Venise provençale", est restée un fief communiste. Mais en 2015, le FN a fait une percée très remarquée aux régionales avec 41 % des voix. Et à la présidentielle, Marine Le Pen a aussi raflé la mise, 30,47 %, un point seulement devant Jean-Luc Mélenchon, reléguant Emmanuel Macron loin derrière.
La projection des résultats du premier tour de la présidentielle sur les circonscriptions des Bouches-du-Rhône :
Le rejet des partis traditionnels
La crise est passée par là. Certains électeurs communistes se sont tournés vers l'extrême-droite. La 13e circonscription des Bouches-du-Rône traduit à elle seule le malaise d'un département qui rejette en bloc les partis traditionnels.
Là où les emplois manquent, là où il ne fait plus bon vivre sous les rejets des usines,les électeurs se sentent à la fois exclus et perdus dans un jeu électoral qui semble leur échapper.
Reportage de Jean-Manuel Bertrand et Francis Di Cesare :