L'association Dentexia qui regroupe six centres dentaires low cost en France a été mise en liquidation sans cession vendredi. Un collectif lyonnais fédère les plaintes des patients dans plusieurs villes dont Marseille pour des soins payés d'avance, mal faits ou non réalisés.
Le tribunal de grande instance d'Aix-en-Provence a prononce vendredi matin la liquidation sans cession de l'association de centres dentaires low cost Dentexia. L'un de ces centres affilié à Dentexia situé à Marseille a fermé en janvier 2015 laissant 250 patients sur le carreau.
Jugement prononçant la liquidation de Dentexia
La première chambre civile du tribunal de grande d'instance d'Aix-en-Provence a rejeté le plan de reprise de la société Adental Hodling, qui détient d'autres centres associatifs,les centres Dentego.
Ce collectif est en train de se fédérer à partir d'initiatives locales développées à Paris, Lyon, Chalon et Marseille. Il y a des personnes âgées de plus de 80 ans qu'on a laissées édentées depuis des mois et qui ne peuvent manger que de la soupe. Beaucoup d'autres ont du mal à manger, à mastiquer et ont la honte sociale d'être sans dents", poursuit-il.
Dentexia a été créé par un consultant, Pascal Steichen, sous la forme d'une association dont le siège est à Velaux, près d'Aix-en-Provence. Son concept: salarier les dentistes, les concentrer sur les soins grâce à l'emploi en nombre d'assistantes et rationaliser les actes, en regroupant notamment en un seul rendez-vous ce qui pourrait être fait en plusieurs. Au plus fort de son activité, Dentexia avait des centres à Paris, Chalon-sur-Saône et Lyon.
Mais problème: beaucoup de prestations n'ont pas été réalisées jusqu'au bout; certaines ont été mal faites, selon le collectif. Et les centres fermant les uns après les autres, les patients se retrouvent démunis. Mardi, l'Agence régionale de santé (ARS) Bourgogne-Franche-Comté a décidé de suspendre le centre de Chalon pour "insuffisance des mesures d'hygiène et de désinfection".
Début février, l'ARS Auvergne-Rhône-Alpes avait fait de même avec le centre Dentexia "Tête d'or" à Lyon. En conséquence, il n'y a plus que deux centres en activité, un à Lyon, l'autre en banlieue lyonnaise, à Vaulx-en-Velin.
"Si on a eu recours à eux, c'est parce qu'on s'est tous retrouvé devant des devis exorbitants. Pour ma part, des devis de 19.000 à 25.000 euros quand Dentexia me prenait pour 13.000 euros. Et beaucoup ont souscrit des crédits à la consommation pour pouvoir se payer des soins", ajoute Abdel Aouacheria qui plaide pour la mise en place d'une "dentisterie sociale".
Dentisterie sociale
Pour l'avocat de Dentexia, c'est la campagne de dénigrement de l'Ordre des chirurgiens-dentistes qui a conduit à cette situation. "Les praticiens que voulait embaucher Dentexia étaient dissuadés par l'Ordre, les banques ne voulaient plus financer avec la réputation faite par l'Ordre", explique Me Philippe Rudyard Bessis, qui a été lui-même dentiste pendant trente ans.Face aux nombreuses plaintes, l'Ordre a justement entamé des procédures vis-à-vis de certains médecins salariés de l'association. "Ça fait quatre ans et demi qu'on alerte les pouvoirs publics sur ces patients mal soignés", explique Alain Chantreau, président du conseil départemental du Rhône de l'Ordre.
Selon lui, entre 2,3 et 4,5 millions d'euros d'honoraires payés en avance n'ont pas été réalisés. Et ils pourraient ne jamais l'être après la décision du tribunal de grande instance d'Aix-en-Provence vendredi matin de mettre l'assocation en liquidation sans cession. Elle avait été placée en redressement judiciaire en novembre. Selon l'avocat de l'association, les centres dentaires Dentego sont candidats à la reprise.
Du côté du collectif, on attend avec impatience la décision de vendredi. Car si Dentexia était liquidée, que vont devenir les centaines de patients dont les soins n'ont jamais été finalisés et qui, pour certains, se sont endettés ? Les plaintes pourraient alors se multiplier.
Interrogé, le procureur de Chalon-sur-Saône, Christophe Rode, en a pour l'instant reçu moins d'une dizaine de plaintes. Et il a lancé une enquête préliminaire à la suite d'une plainte de l'Ordre des chirurgiens dentistes pour exercice illégal de la profession. Les reproches de l'Ordre: des praticiens qui n'avaient pas les diplômes nécessaires ou sans qualification, des défauts de certification. L'enquête est toujours en cours.
Reportage au TGI d'Aix-en-Provence :