Jean-Claude Gaudin maire de Marseille a réclamé que sa ville soit classée tout entière en Zone de sécurité prioritaire. Une déclaration démagogique selon le ministre de l'intérieur Manuel Valls.
Après les déclarations de Samia Gahli, députée des quartiers nord de Marseille, réclamant la présence de l'armée dans les zones difficiles de la ville, Jean-Claude Gaudin, le sénateur maire de Marseille, a emboîté le pas de la polémique ce week-end. Il réclame que Marseille tout entière soit classée en Zone de Priorité Sécuritaire, comme c'est le cas pour Lille, et dénonce un favoritisme gouvernemental pour les villes socialistes.
La réponse du ministre de l'intérieur ne s'est pas fait attendre.
Dans un entretien à l'AFP, peu avant une visite à Mulhouse, Manuel Valls s'est déclaré "consterné" par la demande de M. Gaudin. L'élu marseillais disait trouver inacceptable "que seules les circonscriptions de députés socialistes soient classées, et pas les autres".
"La réaction de M. Gaudin est placée sous le signe de la démagogie et de l'irresponsabilité. Je suis un ministre de l'Intérieur qui veut travailler avec tous les élus mais je ne laisserai pas un tel propos passer", a déclaré Manuel Valls. Le ministre s'est également dit "consterné" par les propos de l'ancienne garde des Sceaux UMP, Rachida Dati, qui a demandé samedi ce que faisait le gouvernement après une agression à Marseille où une personne a été grièvement blessée.
Pour Manuel Valls, "expliquer qu'il faut une ZSP sur la ville entière démontre que durant plusieurs années, lui (M. Gaudin, ndlr) et ses amis ne se sont pas occupés de cette ville".
"Marseille, une ville en grande perdition"
"Marseille est une ville en très grande perdition, qui a besoin d'une réponse exceptionnelle de l'Etat et c'est ce qui va être fait avec
la réunion de jeudi", a insisté le ministre, évoquant le comité interministériel prévu à Matignon pour élaborer un "programme d'action pour l'agglomération marseillaise". "Gaudin a nié pendant des années les problèmes de sécurité à Marseille.Il a laissé à l'abandon des pans entiers de sa ville touchée par l'insécurité", a insisté Manuel Valls, estimant qu'il fallait "d'abord des changements de structure" dans la cité phocéenne, "notamment dans l'organisation de la police, et de la gendarmerie".
Des moyens supplémentaires
"Il y aura des moyens supplémentaires, cela veut dire aussi des changements d'hommes", a-t-il ajouté, sans plus de précisions. Les demandes de ZSP de la part des élus démontrent "qu'il y a des moyens qui manquent. C'est aussi un appel à une police de proximité, se traduisant par une présence continue et fidélisée", a analysé le ministre. "Cela prouve qu'il y a ces dernières années quelque chose qui ne marche plus (...)
Il y a une attente de voir des policiers et des gendarmes plus proches des citoyens. On a besoin d'un rapport de confiance. Nous allons monter en puissance avec les ZSP", a-t-il affirmé, rappelant qu'elles étaient pour l'instant au nombre de quinze. Mais "on ne va pas développer des ZSP sur tous les territoires, elles y perdraient de leur force. On ne peut pas mettre des policiers et des gendarmes partout (...) sinon nous affaiblissons le dispositif", a-t-il insisté. Pour le ministre, ces zones de sécurité prioritaires vont permettre de "lutter contre la délinquance la plus ancrée dans les quartiers".