Procès PIP: dernière semaine d'audience

Après 4 semaines de débats, dans ce procès hors-norme, qui se déroule à Marseille, les réquisitions à l'encontre de Jean-Claude Mas sont attendues demain. Le fondateur de l'entreprise varoise Poly Implant Prothèse, accusé de "tromperie aggravée" et "escroquerie", encourt jusqu'à 5 ans de prison.


Le procès avait débuté le 17 avril par une entame très procédurale avant d'examiner le fond de l'affaire: la tromperie sur le contenu des prothèses, aggravée selon l'accusation par les risques qu'elle fait courir aux dizaines de milliers de femmes les portant.
Une fraude établie et reconnue par Jean-Claude Mas et 4 anciens cadres de son entreprise, tous sur le banc des prévenus.

Le gel utilisé était-il toxique?

Mais un seul, l'ancien responsable de la recherche et développement au sein de PIP, Thierry Brinon, estimait que le gel de silicone maison utilisé pour remplir les prothèses était dangereux, car plus enclin que d'autres à engendrer des siliconomes (réactions inflammatoires chroniques dues au silicone) en cas de fuite. Les trois autres ex-cadres mis en cause ont déclaré qu'ils en ignoraient les risques.

Tout au long de l'enquête et du procès, Jean-Claude Mas pour sa part, a maintenu que son gel était inoffensif, alors que le dernier bilan de l'Agence des produits de santé (ANSM) - qui en mars 2010 avait mis au jour la tromperie - a fait état de plus de 4.100 ruptures, de près de 2.700 femmes souffrant d'inflammations et d'un taux de "défaillance" de 25% constaté sur les implants retirés préventivement depuis le début du scandale.

Pour un inspecteur de l'ANSM venu témoigner au procès, le principal danger pour les porteuses c'est l'explantation. La faute au gel, dont la transsudation trop importante fragilise l'enveloppe des implants jusqu'à la rompre.

Le 26 avril, la présidente du tribunal, Claude Vieillard, avait clos les débats sur le fond en lisant une série d'études, françaises et étrangères, concluant à l'absence de toxicité du gel maison PIP.

Certains prévenus ont aussi soutenu que c'est l'enveloppe, non le gel, qui est en cause. Les pouvoirs publics ont prévu de lancer une enquête épidémiologique sur 10 ans, mais ses termes ne sont pas encore fixés.

L'angoisse des victimes

Pendant toutes ces audiences, les victimes, elles, ont tenté de trouver des réponses à leurs questions sur la nocivité du silicone qu'elles ont encore dans le corps.
"Est-ce que l'un d'entre vous peut me regarder dans les yeux et me dire que je ne risque rien dans dix ans?", a ainsi lancé Sandrine aux prévenus. Concluant, face au silence: "Apparemment pas."

"Nous entendons beaucoup de choses, mais vous oubliez la plus importante, ce que vivent les victimes",  a dit Alexandra Blachère, présidente d'une association.

"De quelle vérité parle-t-on ici? Celle des tests effectués sur des lapins ? J'ai vu de mes propres yeux les ravages de votre gel".

Une autre des quelque 6.300 plaignantes, qui voulait "savoir", a même abordé Jean-Claude Mas alors qu'il buvait un café assis à une table lors d'une suspension d'audience. Celui-ci, très provocateur en garde à vue, a montré un visage plus amène durant les débats et, après avoir présenté ses excuses du bout des lèvres, il a quelques jours plus tard demandé pardon aux victimes pour la tromperie. Tout en niant toute nocivité des implants, tandis que les porteuses racontaient leurs souffrances.

Au cours des dix jours de plaidoiries, des dizaines d'avocats de parties civiles ont réclamé que le tribunal de Marseille reconnaisse "le préjudice moral et matériel de l'ensemble des victimes".

A l'issue du réquisitoire mardi, ce sera au tour des avocats de la défense de s'exprimer dans ce procès hors norme, délocalisé dans un centre de congrès.
Jean-Claude Mas et quatre anciens cadres qui comparaissent à ses côtés devant le tribunal correctionnel, encourent cinq ans de prison.
Le jugement sera mis en délibéré.
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