Dans "Tiek ça", Anaïs Merad, réalisatrice, invite à la rencontre des quartiers populaires de Marseille à travers une série de 24 "stories-documentaires" intimistes.
Une immersion dans les fragments et éclats de vie du quotidien des habitants de la Castellane, Frais-Vallon, Air Bel et Maison Blanche qui se racontent sans fards, ni artifices. Carnet de reportage d’une série documentaire sincère et originale, inspirée des stories d’Instagram (24 x 2’ pour la télévision et les réseaux sociaux)
Donner de la voix aux cités marseillaises
Ils s’appellent Nair et les enfants danseurs de l’Afroteam - Lounseny, artiste photographe et réalisateur - Djamila, Hadayet, militantes contre l’insalubrité des logements - ou encore Achim rappeur émergent. Tous ont en commun un parcours et une ambition sans relâche et vivent dans les quartiers populaires de Marseille. Ils m’ont inspiré la série "Tiek ça" à travers laquelle j’ai souhaité rendre leur voix aux cités.
Banlieue, quartier, "tiek"… En 2018, une étude du CREDOC révèle que 58% des français interrogés associent les grands-ensembles populaires à des espaces d’insécurité, et pointe plus globalement, un recul des représentations positives par rapport à 2009.
À Marseille, les grands-ensembles situés en périphérie de la ville et regroupés en majorité sous l’appellation de « quartiers Nord », ne sont pas en marge des visions stéréotypées perpétuées au sein de l’espace médiatique et politique. En proie aux discours simplificateurs des reportages sensationnalistes et des faits-divers, ces cités qualifiées rituellement de "zones de non-droit" sont définies comme étant le réceptacle de la plupart des maux de la société française : chômage, émeutes, économie parallèle, échec scolaire, radicalisation, communautarisme, ghetto etc.
Réduites dans l’imaginaire collectif à un emblème de la délinquance et d’extériorité sociale, elles sont pourtant le point d’ancrage de réalités plurielles et hétérogènes. Un berceau d’histoires où le partage et l’entraide se veulent maître-mot. Un lieu de vie où l’on ne se condamne pas face aux stigmates, où l’on peut s’élever, aider, mobiliser, soulever, chanter, rapper, danser, filmer, peindre, rêver et vivre au-delà des attentes sociales dans lesquelles on emprisonne les habitants des quartiers populaires.
Les quartiers vus par leurs habitants
Ils sont jeunes, vieux, actifs, sans emploi, étudiants, artistes, militants, sportifs. Parfois même tout ça à la fois. Je les vois autour de moi, à la fac, sur les réseaux sociaux, en manif, en soirée, dans la presse aussi quelquefois. Je les ai rencontrés dans leur quartier avec le désir qu’ils se racontent, eux, leur entourage, leurs questionnements, leurs rêves, leur vide. Qu’ils soient simplement.
Leur confier la captation d’une majeure partie des images s’est donc imposée comme une évidence. J’envisage des scènes puis une fois le moteur lancé, je me retire et laisse faire. Plus d’intermédiaire entre eux et le spectateur qui se place en témoin privilégié de leur récit : seules leurs actions, leurs désirs et leur spontanéité donnent la cadence. La caméra devient leur outil d’expression primaire, elle est le vecteur de leur propre vision du réel.
C’est pour cela que j’ai choisi qu’il n’y ait pas de voix-off, ni d’interview "d’experts" en sociologie ou en politique qui viendraient expliciter une réalité dont eux-seuls sont les auteurs et les acteurs, ils incarnent leur propre porte-parole.
De ces tranches de vie prises sur le vif, j’ai imaginé le format qu’on pourrait nommer "story-documentaire" : un enchaînement de courtes séquences inspirées de ces publications spontanées et éphémères qui foisonnent sur Instagram et ailleurs. Dénoncer, témoigner, raconter, rendre hommage, instruire, partager, inspirer, "Tiek ça", c’est tout cela à la fois.
Air Bel
- Épisode 1 : À bout de souffle
Hadayet et Djamila ont reçu l’appel d’une locataire en détresse. Les deux membres du collectif d’Air Bel se rendent chez elle pour y faire le constat d’un énième cas de logement insalubre dans la cité.
- Épisode 2 : Réunion de crise
Alertés par plusieurs habitants sur la dégradation du logement, les quatre membres du collectif d’Air Bel, Djamila, Hadayet, Norredine et Kader se réunissent pour faire le point sur les combats à mener durant cette période de crise.
- Épisode 3 : Tous unis
Hadayet et Djamila partent à la recherche de la machine à vapeur prêtée à des locataires pour intervenir dans un logement infesté de punaises de lit.
- Épisode 4 : Punaises de lit, ce fléau
Après plusieurs tentatives de désinsectisation, une habitante de la cité n’arrive pas à se débarrasser des punaises qui infestent son logement. Djamila et Hadayet apportent leur aide et tentent d’y remédier.
- Épisode 5 : Lutte infernale
Hadayet, Djamila et les autres membres du collectif détruisent le matelas infesté de punaises de lit pour s’assurer qu’il ne sera pas récupéré par d’autres locataires de la cité. Le temps d’une pause, Hadayet fait la rencontre de Mada, son jeune voisin, lui aussi désemparé face à l’état du quartier.
- Épisode 6 : Il fait bon vivre dans ma cité
Les habitants d’Air Bel se retrouvent autour d’un goûter de Noël organisé par le collectif. Une occasion pour les bénévoles de faire le bilan sur une année riche en épreuves.
Frais-Vallon
- Épisode 1 : Tournage court-métrage
Élève à l’école Kourtrajmé, Lounseny réalise son premier court-métrage pour le Nikon Film Festival, accompagné de ses camarades de promotion. Moteur, ça tourne !
- Épisode 02 : Par nous, pour nous
Jour de match au quartier. C’est au bord des gradins que Lounseny rencontre son cousin Ahmed, bénévole de l’association sportive Multipassions, avec qui il partage des ambitions communes : fédérer au sein de la cité et donner envie aux jeunes de croire en leurs projets d’avenir.
- Épisode 03 : Artruisme
Jour de repos à la cité,Lounseny retrouve OMR, Lamso et Drims, pour échanger autour de son énième passion : la musique. À Frais-Vallon, on crée pour raconter la tentation des dérives, inspirer et surtout partager.
- Épisode 04 : Ça tourne à la cité
Lounseny s'est vu confier la réalisation du prochain clip de S.téban, célèbre rappeur marseillais ; l'occasion pour le jeune réalisateur de mettre à contribution les multiples talents de Frais-Vallon.
- Épisode 05 : Système détermination
Lounseny se rend au studio de musique de Frais-Vallon construit et aménagé par les rappeurs Lamso, Heusni, et OMR. Là-bas, il croise Azzedine, un passioné de moto qui inspire même les plus jeunes.
- Épisode 06 : Tiek-up
Balade instropective dans les pensées de l'artiste. Lounseny retrace son parcours artistique et ses ambitions au fil d'une marche dans la cité.
Maison Blanche
- Épisode 1 : Afroteam
Faïzlati, Rachad, Keldi, Sara et Faïdati sont en pleines vacances scolaires. Comme à leur habitude, ils traînent ensemble au quartier, discutent, rigolent et dansent. Ils nous font découvrir l'histoire des danseurs de l’Afroteam et du collectif Maison Blanche.
- Épisode 2 : Changement de programme
Nair, fondateur du collectif Maison Blanche et manager de l’Afroteam, organise une réunion de crise pour anticiper l'annonce d'un deuxième confinement.
- Épisode 3 : C’est reparti
Les danseurs de l’Afroteam réagissent à l'annonce du président de la République et réalisent qu'ils ne pourront plus se produire pendant les fêtes du quartier. Dans un même temps, ils vont devoir contribuer à l'organisation d'une distribution de colis alimentaires à Maison Blanche pour répondre à la vague de précarité qui touche les habitants. À la suite de quoi Nair leur réservera une surprise.
- Épisode 4 : Besoin d’air !
Nair, jongle avec son emploi du temps professionnel, caritatif et personnel pour organiser au mieux la récolte des denrées alimentaires. Pendant ce temps, les danseurs de l’Afroteam confinés chez eux, ne résistent pas à l'envie de répéter leur chorégraphie.
- Épisode 5 : On reprend du service
Jour-J. Nair, les danseurs de l’Afroteam et d'autres membres bénévoles du collectif Maison Blanche s'attèlent à la distribution des colis alimentaires.
- Épisode 6 : Alors, on danse ?
Après une semaine éprouvante, la fatigue se fait sentir. Néanmoins, les petits passionnés de danse se retrouvent pour tourner leur clip tant attendu.
La Castellane
- Épisode 1 : Au charbon
Achim reçoit l’appel de Will, son manager, pour faire un point sur l’avancée de son EP, « P », dont la sortie est prévue pour bientôt. Sans attendre, il s’attelle à la réalisation du dernier titre en compagnie de Mohamed, son ingé son et ami d’enfance.
- Épisode 2 : Retour aux sources
En visite à sa famille à la Castellane, Achim y retrouve Mohamed avant une séance studio. L’occasion pour les deux amis de replonger dans les souvenirs de leur enfance.
- Épisode 3 : En Clio
En clio, Achim ride, rappe, fait le point, rêvasse. De succès, de vacances, d’un retourdes concerts et de retrouvailles avec son public.
- Épisode 4 : Envoie le son
Achim passe derrière le micro pour enregistrer le dernier titre de son EP « Reverse ».
- Épisode 5 : Tournage Reverse
Jour de tournage en extérieur du clip « Reverse » pour Achim, en compagnie de son meilleur ami Cham et de son réalisateur Alex.
- Épisode 6 : Jour-J
Reverse est prêt. « Tiekez ça ». C’est Achim qui le dit.
Une série à retrouver sur notre site et nos réseaux sociaux.