Un an après la mise en redressement judiciaire de la SNCM, la compagnie maritime aux 1.400 salariés devrait connaître le 20 novembre le nom de son repreneur, le parquet s'étant prononcé en faveur de l'un des quatre candidats, l'entrepreneur corse Rocca.
Lors d'une audience à huis clos du tribunal de commerce de Marseille ce mercredi soir, s'exprimant après la présentation des offres , le parquet "a requis
en faveur de celle de (Patrick) Rocca", considérée comme étant "la meilleure offre", a précisé à l'AFP une source judiciaire.
Elle est l'une de celles qui promet de sauver le plus d'emplois au sein de la compagnie dont les navires à la coque blanche et bleue desservent la Corse et le Maghreb: soit 845 salariés repris, voire 873 en comptant les filiales.
Patrick Rocca se présente comme le premier employeur privé de Corse, à la tête d'un groupe de 27 sociétés, dans les transports, mais aussi l'immobilier, le BTP et les déchets. Il offre, au total, un prix de cession de 8,8 millions d'euros, jugé "particulièrement faible" par les administrateurs judiciaires.
Le passé judiciaire de cet homme d'affaires de 50 ans, condamné en février 2014 par le tribunal correctionnel d'Ajaccio à trois mois de prison avec sursis et 100.000 euros d'amende pour escroquerie, abus de bien social et faux et usage de faux, n'"entraîne pas d'incapacité" à exercer et ne fait pas obstacle, aux yeux du parquet, à la reprise de la SNCM.
Trois autres candidats toujours en lice
Trois autres candidats sont en lice : le consortium d'entreprises Corsica Maritima, mené par l'homme d'affaires François Patrona, l'offre de l'ancien directeur du port de Marseille Christian Garin et celle du groupe Baja Ferries de l'entrepreneur Daniel Berrebi, installé en Floride. Un temps allié au transporteur Stef, il prétend désormais reprendre seul la SNCM.Le dossier de la SNCM est scruté de près à Paris -en raison de son impact social avec 500 à 600 emplois qui pourraient disparaître- comme en Corse où la liaison maritime avec le continent est vitale pour l'économie insulaire, et à Bruxelles où la Commission européenne veille au respect des règles de la concurrence et des aides publiques.
"L'aventure"
Du côté des salariés, les regards sont désormais tournés vers l'Assemblée territoriale de Corse, qui doit se prononcer sur la délégation de service public (DSP). Ce mécanisme de subvention dont bénéficie la SNCM ainsi que sa concurrente La Méridionale pour maintenir des lignes entre la Corse et le continent pas forcément rentables à l'année mais respecter ainsi le principe de continuité territoriale, devra être modifié à partir de 2016 en vertu d'une décision de justice.Tant que les grandes lignes de la future DSP ne sont pas connues, les offres restent "virtuelles", estimait-on jeudi du côté de la CFE-CGC. "Si le 20 novembre, il n'y a pas de clarté sur la DSP, c'est l'aventure", renchérit Jean-François Simmarano de la CGT.
Pour les marins et les salariés sédentaires, le rendez-vous du 20 novembre ne marquera pas la fin de deux ans et demi de tourmente : si un repreneur est choisi, il faudra ensuite s'atteler au plan social dans l'ancienne entreprise publique, dont les difficultés économiques, les grèves et la gestion erratique dénoncée par les syndicats ont terni l'image.
"Toutes les garanties des acteurs sortants, l'Etat (25% du capital) et Transdev (66%), ne sont pas en place pour assurer une transition sereine", estime Pierre Maupoint, l'un des responsables de la CFE-CGC, pointant une série de questions techniques, cruciales pour les salariés et le futur plan social, à régler.
Après avoir constaté l'état de cessation de paiement de la SNCM, le tribunal de commerce de Marseille avait placé la compagnie maritime
en redressement judiciaire le 28 novembre 2014 et avait initialement fixé au 28 mai 2015 la fin de la période d'observation prévue dans le cadre de cette procédure.
Celle-ci avait été prolongée jusqu'au 28 novembre. Sur les huit premiers mois de l'année, la compagnie a réalisé, après une saison estivale réussie et des économies à tous les niveaux, son premier bénéfice depuis 2009, à 2,1 millions d'euros. Mais elle prévoit néanmoins toujours de terminer l'année dans le rouge.
- avec AFP -