Le procès en appel de la député ex-PS Sylvie Andrieux, jugée pour détournements de fonds, se poursuit devant la cour d'appel d'Aix-en-Provence.
Au deuxième jour de son procès devant la cour d'appel d'Aix-en-Provence, Sylvie Andrieux continue de nier toute responsabilité dans cette affaire de subventions versées à des associations fictives.
Peu convaincante
La députée des Bouche-du-Rhône (NI ex-PS) contre-attaque. Après un interrogatoire musclé sur son rôle et ses responsabilités, l'élue marseillaise, rejugée pour détournement de fonds publics. s'est défendue en chargeant l'exécutif du conseil régional. Elle affirme documents à l'appui que la collectivité était depuis longtemps informée de ces faits.La pression politique" pour instruire les dossiers, "je l'ai faite sur les collaborateurs du groupe" socialiste à la Région, pas sur l'administration",
a affirmé Mme Andrieux, alors qu'elle était interrogé sur la contrainte qu'elle aurait pu exercer sur les services de la collectivité territoriale. J'ai dit +faites votre job+, c'est-à-dire l'instruction des dossiers".
L'avocat général, Jules Pinelli a jugé ces explications peu convaincantes :
Quand on dit que l'on ne connaît pas les dossiers, qu'on dit qu'on intervient pas, ça me paraît tout à fait contraire à la réalité du dossier (...) depuis 2002, il y avait des problèmes et vous le saviez !".
L'avocat général cite en exemple une liste de dossiers de 2007, portant avis défavorable des services pour lesquels Mme Andrieux avait demandé "l'enrôlement sans exception".
"C'est un soutien de principe", s'est défendue l'élue.
Devant les réponses confuses de la députée qui affirme n'avoir eu "aucune autorité" au sein de la Région, la présidente de la cour Monique Zerbib s'étonne : "Je ne sais toujours pas de quoi vous êtes responsable."
"Je suis responsable de pas grand chose",
affirme Mme Andrieux répétant à plusieurs reprises n'avoir "rien" fait dans la gestion des dossiers.
Des alertes dès 2002
L'avocat de Mme Andrieux, Me Grégoire Ladouari s'étonne pour sa part que bien que "saisi de six alertes", sur des dossiers litigieux "dès 2002, M. Vauzelle soutienne n'en avoir été jamais averti par ses plus proches collaborateurs. "Personne ne peut le croire", commente Mme Andrieux.Comme devant le tribunal correctionnel de Marseille, qui l'a condamnée en 2013 à trois ans de prison dont un an ferme et 5 ans inéligibilité, Mme Andrieux reporte la responsabilité sur son collaborateur, Rolland Balalas, qui ne l'aurait pas "prévenue". Elle nie "avoir eu des contacts" avec Boumédienne Benamar, "pivot" supposé du système et dont elle a fait embaucher la soeur.
Peur de représailles
Victime d'un AVC en 2010, M. Balalas, condamné en 2013 à 30 mois avec sursis, est venu, avec difficulté, réitérer devant la cour quec'est Mme Andrieux qui faisait les arbitrages" et qu'elle "connaissait Benamar qui lui a rendu des services électoralistes" et a été "un de ses gardes du corps".
"Pourquoi n'avoir rien fait lorsque vous avez su, en 2007, que les associations étaient fictives?", l'interroge la présidente. "J'ai eu peur, je craignais des représailles" de Benamar, murmure M. Balalas.
"Saviez-vous que M. Benamar était à la tête d'un réseau associatif ?", poursuit Mme Zerbib. "Oui", répond M. Balalas, qui préfère parler de "réseaux d'influence" plutôt que de "réseaux mafieux" servant à "distribuer les bulletins de vote devant les bureaux de vote et dire comment voter".
Un voyou en col blanc
Pour M. Balalas, "le coupable c'est l'administration qui ne fait pas son boulot". Quant à son ancienne patronne, "Andrieux, c'est Andrieux, un caractère électoraliste", bredouille-t-il.Condamné à 30 mois de prison première instance, Boumédienne Benamar refuse quant à lui d'être qualifié de "voyou". "Je n'ai rien inventé, j'ai profité d'un système déjà en place. C'est Balalas qui préparait les dossiers", lance-t-il à la barre.
Il accuse M. Balalas de lui avoir demander, moyennant contreparties financières, de "trouver des gars pour monter des associations" afin de récupérer de l'argent. "Balalas est un voyou en col blanc", accuse-t-il.
L'affaire porte sur l'attribution de 700.000 euros de subventions versés entre 2005 et 2008 à des associations fictives et à des fins électorales. L'enquête avait été ouverte à la mi-2007 après un signalement de Tracfin sur des flux financiers suspects sur les comptes d'associations censées oeuvrer à la réhabilitation
des quartiers qui se sont révélées être des coquilles videsLa députée congé du PS a été condamnée à un an de prison ferme et 5 ans d'inégibilité en première instance.