Le président de la République était en visite, mercredi 29 janvier 2025 à Maubeuge et à Aulnoye-Aymeries. Emmanuel Macron a présenté les plans de futurs investissements de l'Etat sur le territoire de la Sambre-Avesnois-Thiérache (SAT). Un troisième pacte devrait être signé en avril 2025, et se concentrer sur la santé et les violences intra-familiales.
Les habitants et les élus du territoire l'espéraient, le président de la République est venu l'annoncer en personne. Mercredi 29 janvier 2025, Emmanuel Macron a confirmé que la Sambre-Avesnois et la Thierache auraient droit à un troisième volet du Pacte initial signé en 2018. Sept ans après son premier passage, 470 millions d’euros ont déjà permis au territoire d'avancer. Surtout près de 290 millions devraient être à nouveau injectés.
Les annonces du Pacte 3 Sambre-Avesnois : 290 millions d'euros pour le territoire
Devant un parterre d'élus, maires, députés, présidents de communautés de communes, Emmanuel Macron a, pendant près d'une demi-heure, dressé le bilan des deux premiers pactes et annoncé le troisième avec "deux sillons à creuser plus fort, la santé et la sécurité. On a besoin d'avoir des résultats très concrets dans ces deux domaines. "
Pour ce qui est de la santé, il a annoncé :
- son soutien au projet de nouvel IFSI, l'Institut de formation des soins infirmiers, à Maubeuge. "C'est une idée qui doit être dans le pacte. On a besoin de continuer ces formations, on a besoin de personnels médicaux et paramédicaux, ça fait sens, il faut foncer", a clamé Emmanuel Macron.
- L'augmentation des capacités d'accueil du Centre d'action médico-sociale précoce d’Hirson et Aulnoyes-Aymeries.
- Dans le domaine de l'éducation, le président a prôné l'implantation de Campus connectés et de sites déconcentrés des Universités. "Un des problèmes qu'ont nos jeunes, c'est qu’aller à l'université en France c'est gratuit contrairement à beaucoup d'autres pays, mais le logement ne l'est pas et c'est souvent très difficile pour les familles. À côté de ça, on a des villes plus petites où on cherche à garder nos jeunes. La logique c'est de développer des formations déconcentrées."
Côté sécurité, le président a vanté l'amélioration des chiffres sur les vols et violences du quotidien puis dressé le constat que les violences conjugales et intrafamiliales augmentaient. Le premier féminicide de l’année 2025 à Hautmont a marqué les esprits. Pour lutter contre ce phénomène, il a annoncé :
- La création d'une brigade "Violences intrafamiliales" à Avesnes-Sur-Helpe, dès 2025 avec un effectif rehaussé de 6 gendarmes. "Il ne faut pas traîner", a lâché le président. En complément, il a promis des effectifs supplémentaires pour une permanence régulière à Maroilles.
- des actions de prévention contre les violences conjugales et intrafamiliales et la création de "zones neutres" devant les gendarmeries et commissariats pour sécuriser les remises d'enfants dans le cas de gardes conflictuelles.
- Des renforts de policiers pour la Force d'action républicaine de Maubeuge, notamment pour la lutte contre les stupéfiants.
Après ces annonces, Emmanuel Macron a listé les projets qui lui paraissent importants et sur lesquels devront plancher élus et services de l'Etat dans les prochaines semaines :
- Une ligne ferroviaire entre Lille et la Sambre-Avesnois,
- Sur l'emploi et la formation, pour faire baisser le chômage, il propose de créer de nouvelles places pour les élèves décrocheurs au sein de l'école de la Seconde chance du Grand Hainaut
- Plus de logements sociaux
- un travail sur le recyclage foncier des friches industrielles
- Et puis, il a confirmé que la route nationale 2 passerait bien à 2x2 voies jusqu'au bout
Quand on se donne les moyens et qu'on se fait confiance, il n'y a aucune fatalité. Il n'y a que des projets et des solutions qui avancent.
Emmanuel Macron, 29 janvier 2025
Emmanuel Macron a lancé aux élus réunis autour de lui : "Vous démontrez que quand on s'accroche, quand on le veut, quand on se bat, quand on se donne les moyens et qu'on se fait confiance, il n'y a aucune fatalité. Il n'y a que des projets et des solutions qui avancent. C'est ce pour quoi nous nous battons".
Les réalisations des deux premiers plans
Avant d'énumérer ces propositions pour aider la Sambre-Avesnois et le nord de l'Aisne, Emmanuel Macron s'est évertué à défendre le bilan des deux premiers Pactes. Car, en novembre 2018, il était à la manœuvre déjà avec la région, les départements et les collectivités locales.
Premières réalisations citées par le locataire de l'Elysée, la construction du nouvel Hôpital de Maubeuge, le début de la mise à 2x 2 voies de la fameuse RN2 et la réouverture à la navigation du canal Sambre-Oise, entre la Belgique, le Nord et l'Aisne.
Les 173 millions d'euros du premier plan et les 294 millions d'euros du 2e Pacte Sambre-Avesnois-Thierache (SAT) ont permis de donner des coups de pouces à différents secteurs :
- l'éducation avec un dédoublement accru des classes faisant passer les effectifs moyens de 23 élèves à 18 par classe entre 20178 et 2024 ; mais aussi un microlycée pour les décrocheurs
- la réhabilitation de 70 000 logements
- la reconstruction de la gendarmerie à Solre le château, la construction d'un nouveau commissariat à Aulnoye-Aymeries
- en matière de culture, le Campus des musiques actuelles à Aulnoye-Aymeries
- la création de maisons de santé pluridisciplinaires dans un territoire très touché par la désertification médicale, dont une pluridisciplinaire à Jeumont qui regroupe 19 praticiens
- la requalification de nombreuses friches industrielles dont celle de la Maternité à Avesnes-sur-Helpe ou de celle de la Filature à Wignehies (Nord)
Des réalisations concrètes, a précisé le président, " accélérées par l'investissement conjoint Etat, département, région, communes".
Des conséquences sur l'emploi
Le grand motif de satisfaction du président est les chiffres du chômage qui, s’ils restent au-dessus de la moyenne nationale a-t-il précisé, ont reculé de 16,5% en 2017 à 12,2% en 2024.
Le chômage a reculé de 16,5% en 2017 à 12,2% en 2024, en Sambre-Avesnois-Thiérache
Emmanuel Macron, président de la Réublique
Entre 2018 et 2024, on a plus de 15 000 emplois créés sur le territoire. "Nous avons atteint des chiffres que nous avons nulle part ailleurs", s'est félicité le chef de l'Etat.
"Ici, on a créé 15 000 emplois industriels, en faisant redémarrer la filière nucléaire et la filière automobile électrique, en menant tous ces investissements et tous ceux qui sont en train de se dessiner grâce à ce qu'on est en train de faire en termes d'infrastructures, la 2x2 voies c'est de la mobilité mais c'est aussi des projets industriels qui vont se développer".
Les réactions
Présent lors de la visite d'Emmanuel Macron, Bernard Baudoux, maire PCF d'Aulnoye-Aymeries et président de la communauté d'agglomération Maubeuge - Val de Sambre n'a pu cacher sa satisfaction de voir un 3e volet s'ouvrir : "De nombreux projets ont été réalisés grâce à ce pacte. Nous étions ici dans une stratégie de déclin, nous avons eu 26 000 emplois industriels de perdus, nous avons eu une paupérisation forte. Et, depuis 6 ans on commence à gérer un développement. Et ça, ça change tout dans la tête des gens. Il y a de l'espérance qui renaît. Nous avons fait une partie du chemin, mais ça ne va pas se faire tout seul, il y a encore beaucoup d'années à travailler, mais aujourd'hui, on reconstruit ce territoire et c'est ça le plus important".
Ça ne va pas se faire tout seul, il y a encore beaucoup d'années à travailler, mais aujourd'hui on reconstruit ce territoire et c'est ça le plus important.
Bernard Baudoux, maire d'Aulnoye-Aymeries
Le maire de Maubeuge (UDI) qui accompagnait le président lors sa visite un peu plus tôt dans la journée chez l'industriel du nucléaire Framatome n'était pas moins optimiste.
Arnaud Decagny a expliqué : "Framatome qui va investir 100 millions d'euros sur le site de Maubeuge. Il va quadrupler son site et créer 100 emplois par an pendant 4 ans. Ce sont de bonnes nouvelles industrielles pour le tissu industriel. En 2020, on avait quelques difficultés avec Renault qui voulait fermer le site qui construit la Kangoo, et Renault a réinvesti. À quelques mètres de là, on va encore réinvestir sur du nucléaire et de l'emploi. On ne peut être que satisfait des effets du Pacte, parce que ce sont des effets indirects des effets du Pacte SAT d'attirer des investisseurs et de nouveaux équipements".
La visite d’ @EmmanuelMacron est une bonne nouvelle pour la #SambreAvesnois. Sans l’aide de @prefet59 , @xavierbertrand et @christianpoiret , nous continuerions à accumuler les retards. Pour Hautmont, le symbole est la reconstruction du stade détruit par la tornade de 2008. pic.twitter.com/oBCviw34Oi
— Stéphane Wilmotte (@swilmotte) January 19, 2025
Michaël Taverne, député RN de la 12e circonscription du Nord a lui argumenté : "Qu'il vienne sur le territoire pour annoncer des mesures, des subventions, on peut s'en féliciter. Mais il a deux sujets essentiels, la désertification médicale – nous sommes particulièrement touchés — et la sécurité. (...) Maintenant, il n'y a pas vraiment de détails dans ce qui va être apporté dans le territoire, c'est à nous aussi élus de terrain, de faire des propositions afin d'améliorer ce pacte, d'avoir des opérations, une situation concrète".
En tant que ministre et fière de mes racines à Maubeuge, j’ai eu l’honneur d’accompagner @EmmanuelMacron en Sambre-Avesnois pour sa troisième visite. Son engagement pour la réindustrialisation et le PSAT lancé en 2018 est essentiel. Je salue les élus et salariés qui font vivre… pic.twitter.com/1jT48K6xjy
— Charlotte Parmentier Lecocq (@lecocqcharlotte) January 29, 2025
Le président de la région des Hauts-de-France, Xavier Bertrand a lui défendu avec force le bilan des premiers volets du Pacte : "Les gens ne savent pas forcément ce qu'il y a dans le pacte et ce qui a été réalisé depuis le début. (...) Ceux qui ont trouvé du boulot chez Framatome c'est en partie grâce au Pacte ; ceux qui dans les nouvelles maisons de santé ont un rendez-vous médical plus rapidement, c'est grâce au Pacte ; ceux qui aujourd'hui voient la RN 2 qui est en train d'avancer, alors qu'on nous en parlait depuis un siècle et que c'était l'arlésienne, c'est grâce au Pacte !"
Ce troisième pacte Sambre-Avesnois-Thierache devrait être signé en avril 2025 en présence du ministre de l’Aménagement du territoire et de la décentralisation, François Rebsamen. En attendant, services de l'Etat et élus ont une feuille de route et des pistes à explorer.