Sa garde à vue a été prolongée dimanche soir. Assia, la jeune fugueuse, doit être entendue ce lundi par un juge aux enfants. Le procureur décrit une adolescente paumée qui rit en garde à vue. Assia dit qu'elle voulait faire le Jihad. Elle avait été retrouvée samedi à Marseille par ses parents.
Disparue depuis quatre jours du domicile familial dans l'Isère avant d'être rattrapée à Marseille, l'adolescente a confirmé en garde à vue avoir voulu partir "faire le jihad en Syrie", tout en n'ayant aucun discours religieux "construit", selon le procureur de Vienne.
Une adolescente "potentiellement dangereuse"
La garde à vue d'Assia Saidi, 15 ans, pour le vol de la carte bancaire de ses parents, a été prolongée dimanche en début de soirée, a annoncé le procureur de la République de Vienne, Matthieu Bourrette. Il a souhaité qu'elle soit présentée dès lundi au juge des enfants de Vienne "avec ouverture de deux dossiers, l'un en assistance éducative, l'autre à caractère pénal, la considérant comme en danger avec ses multiples fugues, mais également potentiellement dangereuse ou du moins s'inscrivant dans un acte de délinquance".Une expertise psychiatrique de la fugueuse
Le procureur va aussi demander "un suivi éducatif et judiciaire" immédiat et "une expertise psychiatrique et psychologique de la mineure". Assia a confirmé devant les enquêteurs avoir fugué pour aller "faire le jihad" en Syrie, même si l'adolescente en était à sa troisième fugue, et la première pour ce motif. Elle a été retrouvée samedi soir à Marseille par ses parents qui étaient partis la chercher directement sur place. Ces derniers avaient alerté les médias des retrouvailles avant même de prévenir les enquêteurs.Elle voulait faire la guerre sainte
Interpellée puis transférée dans la nuit de samedi à dimanche en Isère, Assia "a confirmé qu'elle voulait partir faire le jihad, qui correspond pour elle à la guerre sainte", a ajouté M. Bourrette.Elle considère que participer au jihad est une expérience de la vraie vie. Son degré de religiosité apparait extrêmement faible et il n'y a aucun propos idéologiquement construit."
a aussi dit, perplexe, le magistrat.
"Elle rit en garde à vue"
Il semble qu'elle apprenne par coeur les sourates sans réellement comprendre le sens et ne parle absolument pas arabe"
a encore relevé le procureur. Il s'est dit toutefois "extrêmement circonspect sur la réelle prise de conscience de cette demoiselle par rapport aux faits, la garde a vue semblant la faire rire".
Elle se fait voler son sac dans les quartiers Nord
A Marseille elle a rencontré plusieurs individus dont un autre mineur, gare Saint-Charles, qui avait également fugué et avec qui elle a partagé une chambre d'hôtel, sans qu'il n'y ait de relation intime semble-t-il"
a relaté le magistrat. Elle a également partagé une chambre d'hôtel avec un "autre individu" qui n'a pas été identifié, puis avec "un troisième individu, selon ses dires", qui "lui a financé une nuit d'hôtel". Elle a aussi fréquenté les quartiers nord de la ville, avec le mineur en fugue, ce dernier "voulant trouver de la drogue". Elle se serait alors "fait voler ses effets personnels, son sac et son argent" a relaté Matthieu Bourrette. "Le jeudi, elle a visité Marseille, puis cherché du travail qu'elle dit avoir trouvé dans un bar le vendredi", tandis que la responsable du bar "a nié avoir embauché cette mineure mais a admis lui avoir servi des consommations".
"Une ado paumée"
Assia "est venue partager le repas de l'Aïd" mais ne savait pas que c'était samedi le jour de la fête religieuse, a raconté dimanche la gérante de la brasserie.Le procureur, lui, a décrit devant la presse "une adolescente extrêmement déterminée et paumée lorsqu'on lui demande d'expliquer ce qui pouvait sous tendre son projet". Le fait de se retrouver pendant quatre jours à Marseille en errance est la démonstration que :
on a affaire à quelqu'un de déterminé et pas à une simple fugue liée à un vague à l'âme"
selon M. Bourrette.
"Entraînée en voyant des vidéos"
Sur RTL la jeune fille a expliqué avoir "été entraînée en voyant les vidéos".Après je suis arrivée à Marseille et j'ai rencontré des gens qui m'ont beaucoup aidée et m'ont expliqué que le jihad n'était pas l'islam, que là-bas, c'était des terroristes qui tuaient des femmes et des enfants. Donc, après, j'ai arrêté"
a-t-elle affirmé à la radio. Les parents d'Assia ont eux été convoqués lundi matin à 8h30 au TGI de Vienne. Le procureur a déploré qu'ils restent injoignables depuis la nuit dernière lorsqu'ils ont été entendus par les policiers à Marseille.