Marine Le Pen est arrivée largement en tête du second tour de l'élection présidentielle dans de nombreuses communes des Bouches-du-Rhône, et notamment autour de l'étang de Berre.
Emmanuel Macron remporte le second tour de l'élection présidentielle dans les Bouches-du-Rhône : 52,08% contre 47,92% pour Marine Le Pen. Une victoire moins franche qu'en 2017 (57,85% contre 42,15%) qui cache d'importantes disparités. La candidate du Rassemblement national arrive en tête, et parfois de très haut, dans de nombreuses communes du département.
68% pour Marine Le Pen à Fos-sur-Mer
Cela concerne notamment toutes les communes (ou presque) qui bordent l'étang de Berre. Marine Le Pen atteint des scores particulièrement élevés à Saint-Victoret (70,34%), Port-Saint-Louis (68,90%), Fos-sur-Mer (68%), Châteauneuf-les-Martigues (65,70%), Gignac (65,34%), Istres (58,57%) ou encore Marignane (64,4%). La ville de Carry-le-Rouet fait exception avec 52,27% des voix pour Emmanuel Macron.
Marine Le Pen distance également de loin Emmanuel Macron à Saint-Paul-les-Durance (64,22%), Saintes-Marie-de-la-Mer (63,78%), Rognac (62,33%), Sénas (62,85%), Les Pennes-Mirabeau (61,42%), Mazaugues (65,29%), La Verdière (63,73%) encore Plan d'Orgon (61,26%).
A Port-de-Bouc, ville communiste qui a voté majoritairement pour Jean-Luc Mélenchon au premier tour de la présidentielle (32,51%), Marine Le Pen arrive largement en tête avec 57% des voix. En 2017, les scores étaient beaucoup plus serrés : 50,19% pour Marine Le Pen contre 49,81% pour Emmanuel Macron.
Pour Christèle Lagier, politologue et maîtresse de conférence en Sciences politiques à Aix-en-Provence et Avignon, il est possible que des électeurs de Jean-Luc Mélenchon au premier tour aient voté pour Marine Le Pen au second. "Ils ont pu se reporter sur le candidat le plus protestataire".
Une partie des électeurs transgresse la barrière gauche-droite, ça n’a plus de sens, plus de justification.
Christèle Lagier, politologue
"Aujourd'hui, il y a très peu de fidélité partisane, électorale. Certains électeurs vont se positionner en fonction de leur humeur, ils picorent. Il y a des propositions qui vont les interpeller, des personnalités qui vont les séduire et ils vont alors se reporter vers l’une ou vers l’autre selon la configuration électorale".
Au deuxième tour de l'élection présidentielle dans ces territoires des Bouches-du-Rhône, le Rassemblement national est présent depuis de longues années, ajoute Christèle Lagier. "Il y a une habitude de pouvoir se reporter".
Mais ce n'est pas la seule variable. "Ce n'est pas sûr que les électeurs du premier tour soient les mêmes qu'au deuxième", explique la spécialiste. "Il est difficile d’envisager les élections en terme de stocks de candidats qui se déplacent d’un mouvement à un autre. Il y a de la déperdition".
Un vote "de colère"
Ceux qui se mobilisent, selon l'universitaire, ont de la défiance vis-à-vis de la politique. "C'est un vote de colère".
"Sur nos territoires, le repositionnement en faveur du RN est plus fort qu’ailleurs car il y a une porosité entre la droite et l'extrême droite installée sur nos territoires", explique Christèle Lagier.
"Les résultats d’hier soir doivent prendre en considération le repositionnement des électeurs républicains. La droite, historiquement présente en Paca, a aujourd’hui disparu. On se rend compte que le vote de Valérie Pécresse s’est repositionné à égalité quasiment des deux côtés. Ce qui en dit long sur la droitisation".
Le président sortant remporte la bataille dans les Bouches-du-Rhône notamment grâce aux votes des Marseillais (59,84%), et des Aixois (67,4%). Des résultats symboles d'un département morcelé.
Rappel premier tour
Le 10 avril dernier, la candidate du Rassemblement national avait devancé ses adversaires dans le département. Elle s'était placée devant Jean-Luc Mélenchon (LFI) et Emmanuel Macron (LREM) qui n'était arrivé que troisième dans ce département.