Les habitats de Rognac, dans les Bouches-du-Rhône, sont appelés aux urnes dimanche pour élire un nouveau maire. Des élections qui font suite à une crise politique majeure au sein de la municipalité. La maire sortante, empêtrée dans une affaire concernant la gestion des comptes de la ville, défend son siège face à quatre autres candidats.
À Rognac, commune de 12.000 habitants, rien ne va plus, depuis le 17 avril dernier et les révélations de Marsactu et Le Monde. Les deux médias révélaient l'ouverture d'une enquête préliminaire par le parquet d'Aix-en-Provence concernant la gestion des fonds municipaux par la maire Sylvie Miceli-Houdais (UDI) et son prédécesseur Stéphane Le Rudulier (LR). Ce dimanche 17 novembre, les rognacais sont appelés aux urnes pour élire un nouveau maire. Cinq candidats, dont la maire sortante, se présentent et sont sur la dernière ligne droite d'une campagne éclair.
"Remettre de la transparence dans les comptes"
Une campagne en pleine tempête politique. Une maire montrée du doigt pour sa gestion du personnel municipal et pour l'utilisation de la carte bleue de la mairie." Il faut que les Rognacais se rapproprient leur ville, qu'ils soient fiers de leur ville, il faut la redynamiser. On a 16 mois pour refaire des fondations solides, avec une bonne administration, savoir où on en est de la dette, et définir quels sont les bons leviers pour bien gérer la ville", détaille Maël Vala-Viaux, candidat sans étiquette de 40 ans qui "propose une vision plus que des réponses techniques, nous, on veut proposer de remettre Rognac et ses habitants au centre des préoccupations et de prendre en compte tous les points de vue, que tout le monde puisse participer avec une forte implication citoyenne. Rognac doit d'abord plaire à ses habitants". Dans la même optique, la liste portée par l'ancien adjoint à la sécurité et policier de métier Willy Nicolet, veut "remettre de la transparence à tous les niveaux" car pour le natif de Rognac qui a toujours vécu ici "ça me fait mal au cœur de voir ma ville s'afficher comme cela dans les médias pour de mauvaises raisons."
Maël Vala-Viaux, lui, va plus loin, "il faut que quelqu'un qui n'habite pas Rognac, se dise qu’il y a plein de petits commerces et de festivités innovantes. Il faut faire en sorte que ce soit facile de venir à Rognac, et qu'on arrête de la voir comme une ville-dortoir dans laquelle, il ne se passe rien".
Pour Willy Nicolet qui faisait partie de cette municipalité jusqu'en juillet 2023, date de sa démission, car en désaccord, "il faut remettre de l'humain", parce qu'au-delà de la politique politicienne et des appétits carriéristes, je le fais pour ma ville, pour un Rognac autrement que ce qu'on vient de vivre, il faut un changement de gouvernance, un changement de vision, pour le moment rien ne correspond aux habitants. On veut plus de participation citoyenne et que les projets et les comptes soient transparents."
Une campagne sur les marchés
Pour les prétendants au poste, c'est au marché que tout se joue ce jeudi 14 novembre. Pour les Rognacais, difficile d'y voir clair.
"Je trouve qu'il manque un petit peu de stabilité, un peu de rigueur, de gestion", explique un citoyen. Pour une autre habitante, " on a entendu pas mal de malveillance par rapport à la municipalité sortante, je ne sais pas si c'est vrai ou pas, je ne suis pas dans les comptes, mais moi, je voterai pour quelqu'un d'honnête".
Parmi les candidats, Noré Boudissa, élu d'opposition à gauche. Pour l'occasion, le parti socialiste local a sorti l'artillerie lourde, et a envoyé de nombreux élus marseillais soutenir le candidat comme Yannick Ohanessian et Sébastien Jibrayel accompagné de son père Henri. Selon Noré Boudissa, sa candidature "est la seule à pouvoir créer une rupture" et s'en explique, "cette majorité qui a créé le chaos, qui n'a pas été capable de tenir un mandat complet, veut rerentrer en fonction par différents moyens. Ils sont sortis par la porte, et ils veulent rerentrer par la fenêtre.
Le RN tente de s'imposer
Parmi les cinq listes à se présenter, il y en a une qui fait plus parler d'elle, c'est celle de Christophe Gonzalez, soutenu par le Rassemblement national. Aux législatives de 2020, le député sortant LREM a été battu par le RN Romain Tonussi avec 36,45 %. En juillet dernier, le député RN sortant Romain Tonussi a été élu dès le premier tour, avec un score à Rognac de 62,34 %. Porté par cette vague, le candidat espère aussi tirer parti de la crise au sein de la majorité.
"C’est une question de relationnel entre la maire et ses conseillers municipaux et les employés municipaux. Tout un tas de choses qui font que les gens ont baissé les bras et ont décidé de partir. Ensuite, il y a peut-être eu des affaires personnelles entre certains anciens élus qui se présentent actuellement", insiste le candidat.
La maire sortante se défend de toute irrégularité
Sylvie Miceli-Houdais, candidate à sa réélection, se défend de toute irrégularité. Pour elle, les motivations de ses adversaires vont au-delà de l'intérêt de la commune, sans le dire, c'est le RN qui est particulièrement visé. "Ce qui est le plus démesuré pour nous tous, c'est l'arrivée de certains partis politiques, où on voit que l'enjeu ce n'est pas Rognac pour Rognac, on a tous conscience que c'est une certaine rampe de lancement".
Le premier tour a lieu ce dimanche et le nom du prochain maire sera connu le 24 novembre.
Article écrit avec Louise Beliaeff, journaliste à France 3 Provence-Alpes