Sécurité routière : une étude pointe le danger des routiers avec leur téléphone portable au volant

Téléphoner au volant est strictement interdit par la loi, y compris pour les conducteurs de poids-lourds. Ce geste multiplie par trois les risques d’accidents mortels. Pourtant, une étude publiée jeudi par l’ASFA Autoroutes, pointe le comportement dangereux de certains routiers au volant.

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L'Association des Sociétés Françaises d’Autoroutes (ASFA) a publié jeudi un rapport alarmant concernant l'utilisation du téléphone portable au volant par les routiers. Il pointe notamment les risques d’inattention accrus des chauffeurs, facteurs d’accidents.

Selon ce rapport, ces derniers utilisent en moyenne 10 fois leur téléphone par heure tout en conduisant. "Une habitude qui s'avère installée", peut-on lire dans le document.

175 mètres à 90km/h sans regarder la route

Quant à la durée d'utilisation, le rapport précise qu'un routier utilise son téléphone par périodes moyennes de 32 secondes. Des secondes de va-et-vient entre la route et l'écran, durant lesquelles le véhicule parcourt jusqu'à 175 mètres à 90km/h sans que le chauffeur ne regarde sa trajectoire.

Les experts soulignent la durée durant laquelle, pendant ces périodes, les conducteurs n’ont plus les yeux rivés sur la route : “La durée moyenne d'une phase sans regarder la route est de 2,4 secondes”.

Les conducteurs de poids-lourds passeraient ainsi 9% de leur temps sur leur téléphone.

Les premiers intéressés ne valident évidemment pas les ces conclusions de cette étude menée par le Cerema, un établissement public sous la tutelle du ministère de la Transition écologique.

Jean-Yves Astier, président régional de la Fédération Nationale des Transporteurs Routiers (FNTR) PACA, se dit “très surpris” par ce rapport. Pour lui, le problème ne vient pas des conducteurs de poids-lourds français.

"On voit des conducteurs qui envoient des SMS ou regardent un film sur leur ordinateur portable, mais sur les contrôles routiers, ce sont des véhicules étrangers, des camions étrangers. Très peu de Français”, affirme-t-il.

Il poursuit : “Ce constat, on le voit beaucoup sur les camions étrangers pour la traduction, pour prendre une photo, prévenir qu’on va être en retard. Alors que les Français, c'est planifié, dans la langue."

Pour réaliser son étude, le Cerema a placé des caméras dans les cabines de trois poids-lourds. Pendant une semaine, les gestes des conducteurs ont été scrutés pour analyser leur comportement au volant.

Même s’ils étaient volontaires, les trois routeurs ont vu leurs habitudes ressurgir rapidement. Leurs conversations téléphoniques n'ont, elles, pas été prises en compte dans l’étude, car l’ensemble des participants a eu recours à un “kit mains libres”.

Un chauffeur au téléphone, au volant, et qui ne fait pas attention, peut percuter 17 ou 18 voitures, traverser complètement l'autoroute.

Jean-Yves Astier, président régional FNTR PACA

Répondre à un SMS, scroller sur les réseaux sociaux, téléphoner au volant, sont autant d'actions qui détournent le regard de la route. Un moment d’inattention, même bref, augmente le risque d'entrer en collision. La Sécurité routière met en garde : envoyer un message multiplie par 23 le risque d'être responsable d'un accident.

Selon les données de la préfecture des Bouches-du-Rhône, depuis le début de l'année, 101 personnes sont décédées sur les routes du département. L’utilisation du téléphone au volant est en cause dans 15 accidents, qui ont fait un mort et 18 blessés.

Selon Jean-Yves Astier, si les routiers sont aujourd’hui dans le viseur, c’est en raison des dégâts que peut causer un accident de poids lourds.

Un chauffeur au téléphone, au volant, et qui ne fait pas attention, peut percuter 17 ou 18 voitures, traverser complètement l'autoroute. C'est pour ça que la sensibilité du conducteur en tant que professionnel est beaucoup plus marquante. On ne peut pas excuser un conducteur qui est au volant parce que c'est un professionnel, et qu'il sait très bien qu'il n'a pas le droit.

Face à ce constat, des campagnes de sensibilisation ont été mises en place. Elles visent tous les usagers de la route, pas seulement les chauffeurs routiers.

 Des campagnes de prévention sur les addictions

"On fait une campagne globale, explique Thierry Montchâtre, chargé de presse de la Sécurité routière. Pour les routiers, on les prend en compte à l'occasion de notre campagne sur le risque routier professionnel. Notre charte des sept engagements monte en puissance, puisqu'elle est signée par plus de 2.400 entreprises, dont des entreprises de transports", 

"En local, des campagnes ciblées sont mises en place, mais c'est surtout la charte qui prévoit de ne pas du tout utiliser son téléphone en conduite", précise-t-il.

À ces campagnes globales s’ajoutent “des campagnes nationales par le biais des fédérations des transporteurs, que ce soit FNTR, TLF, ou OTRE”, complète Jean-Yves Astier.

"Il y en a aussi dans les centres de formation [au moment du passage du permis poids-lourds], avec une mise à jour tous les 5 ans. C'est ce qu'on appelle les addictions : téléphone au volant, alcool, drogue, harcèlement si vous avez une conductrice.”

Pour le président de la FNTR PACA, les interventions sont efficaces, mais une nouvelle campagne de la Sécurité routière, marquante, devrait voir le jour pour rappeler l’interdiction d’utilisation de son téléphone.

"Ça ne devrait pas cibler que les chauffeurs routiers, mais tous les utilisateurs de téléphone. Parce que que vous rouliez avec une voiture ou un camion, du moment que vous êtes au téléphone au volant, vous n'avez plus l'attention requise pour pouvoir conduire sereinement.” 

Malgré son usage largement répandu, et ce, dans toutes les catégories professionnelles, l'utilisation d'un téléphone au volant reste sanctionnée par une amende forfaitaire de 135€ d'amende et un retrait de 3 points de permis de conduire.

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