Témoignages. "Cette fois, je pourrai me défendre correctement" : comment les techniques de combat aident les femmes à prendre confiance en elles

Publié le Écrit par Sidonie Canetto
partager cet article :

À l'occasion de la journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes, ce samedi 25 novembre, deux femmes ont accepté de témoigner et d'expliquer en quoi le self-défense et la boxe ont pu les aider à gagner en confiance et à mieux appréhender les situations de violence.

Société
De la vie quotidienne aux grands enjeux, découvrez les sujets qui font la société locale, comme la justice, l’éducation, la santé et la famille.
France Télévisions utilise votre adresse e-mail afin de vous envoyer la newsletter "Société". Vous pouvez vous désinscrire à tout moment via le lien en bas de cette newsletter. Notre politique de confidentialité

Florence et Sophie ont 45 et 50 ans. Elles ont eu recours à des cours de boxe ou des stages de self-défense et nous expliquent en quoi ces activités ont pu les aider à se reconstruire pour l'une et à ne plus avoir peur dans la rue pour la seconde. En cette journée du 25 novembre dédiée à la lutte contre les violences faites aux femmes, elles reviennent sur les raisons qui les ont poussées à s'inscrire et ce que cela a changé dans leur vie personnelle.

"J’ai passé ma vie à avoir peur"

Vivre avec la crainte d'être suivie sur ses trajets, d'être une cible potentielle, "les femmes sont malheureusement les proies des hommes violents",  c'est ce que raconte Sophie qui n'a jamais été rassurée seule dans les rues ou les transports en commun. "J’ai passé ma vie à avoir toujours peur de rentrer seule le soir, confie-t-elle au point qu'elle ne va plus, "dans un parking souterrain toute seule. J’ai toujours une bombe lacrymogène dans la main ou dans mon sac". 

Après une séparation difficile, où des coups ont été échangés avec son ex-compagnon, Florence, elle, se sentait en "danger, faible" dans des situations du quotidien. Après le dernier épisode, et le plus violent, elle a passé plusieurs jours sans sortir de chez elle. C'est grâce à son facteur qu'elle s'est resocialisée. D'abord à discuter derrière la porte, puis en ouvrant la porte et c'est lui qui lui a conseillé de se faire aider. 

"Il fallait que je me réapproprie mon corps"

Pour Florence, les cours de boxe ont été salvateurs. La jeune femme a préféré "le concret et la rapidité à une psychanalyse". "Il fallait que je me réapproprie mon corps", dit-elle en se remémorant les sensations de l'époque. C'est à ce moment qu'elle a décidé de s'inscrire à un cours de boxe dans une rue derrière chez elle. "Je me sentais coupable que la situation ait dégénéré à ce point, et je me disais que c'était ma faute aussi". 

Sans trop savoir à quoi s'attendre, Florence, âgée de 25 ans à l'époque pousse la porte de la salle : "Le professeur avait l'air sympathique et accueillant. Le cours était mixte et les autres participants m'ont de suite mise à l'aise."

Sans avoir été confrontée directement à une situation de violence, Sophie, elle, restait sur le qui-vive. C'est  au planning familial dans le 3e arrondissement de Marseille, qu'elle s'est rendue.  L'association "Riposte" y proposait un stage, du nom de la méthode d'autodéfense importée du Canada dont la création date de 1984. Une technique qui apprend justement à riposter "pour pouvoir se sauver", détaille Sophie. Ce qu'il faut comprendre, c'est que cette méthode ne promet pas d'apprendre à se battre contre un homme. "Physiquement, la force d'un homme est toujours plus importante que la force d'une femme".

Mais pas impossible à mettre à mal. "Il faut toucher les points sensibles chez l'homme, parce qu'il y a les points sensibles chez tous les êtres humains", détaille Sophie, fière d'avoir entendu des astuces concrètes. "Le rapport est plus équilibré parce que justement, ça laisse du temps, pour pouvoir prendre la fuite, alerter et faire en sorte d'éviter l'agression".

Une sorte de déprogrammation

Apprendre à s'enfuir. Et découvrir comment penser différemment aussi. Sophie reconnaît que l'aspect psychologique joue beaucoup. "Dans l'inconscient collectif, les femmes, depuis toutes petites, on leur dit qu'elles sont moins fortes que les hommes et que si elles se font agresser, c'est foutu". Il a fallu faire une sorte de déprogrammation. "Il y a un truc qui est génial, c'est qu'on fait beaucoup d'introspection, de pensée positive, de visualisation positive où on imagine une scène dans laquelle on se fait attaquer et on arrive à s'en sortir".

Via la boxe, Florence a également pu changer ses perceptions, d'elle-même et de l'adversité. "Dès le premier cours, je me suis sentie libérée d'un poids, mon corps répondait bien et je sentais que je reprenais confiance en moi", confie-t-elle. Sans être prête à monter sur un ring et en faire à haut niveau, la satisfaction est vite arrivée. "Lors des petits duels, je me rendais compte que mes gestes étaient précis et que si besoin, cette fois-ci je pourrai me défendre correctement".

"Tu es capable"

Progressivement, Florence est sortie de son isolement. Ses camarades de boxe ont pesé dans sa rémission."Au fur et à mesure des cours, je me suis fait des amis et nous nous voyons en dehors. Sans parler de mon cas personnel, ils m'ont aidé sans le savoir à reprendre le dessus et guérir de mes blessures, je me suis reconstruite".

Florence a refait sa vie et n'a jamais eu à se battre. La boxe est restée un loisir. Sophie, qui a suivi le stage l'an dernier a décidé d'en faire un chaque année comme pour les formations de secourisme "pour garder le niveau, rester à l'affût". En attendant de s'exercer physiquement, elle travaille ses répliques verbales. Face à ses proches, qui ne comprennent pas toujours comment elle peut gagner en confiance grâce à cette méthode. Ou face à toute personne qui tient des propos sexistes. 

Car "Riposte" apprend aussi la joute verbale "notamment dans des situations professionnelles où le patron pourrait faire des remarques sexistes ou inappropriées, bien souvent on manque de répondant. Là on nous donne les clés d'une bonne répartie".

Et ce qu'elle a le plus apprécié dans ce stage, c'est qu'il soit dispensé par d'autres femmes, "parce qu'un homme va vous apprendre certaines choses, peut-être de rapport de force ou certains gestes. Mais il n'y aura jamais cette transmission de : 'Tu es capable'." Un message que Sophie s'efforce de passer à toutes les femmes, les encourageant vivement à prendre confiance en elles et à se défendre. 

Qu’avez-vous pensé de ce témoignage ?
Cela pourrait vous intéresser :
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Veuillez choisir une région
France Télévisions utilise votre adresse e-mail pour vous envoyer la newsletter de votre région. Vous pouvez vous désabonner à tout moment via le lien en bas de ces newsletters. Notre politique de confidentialité
Je veux en savoir plus sur
le sujet
Veuillez choisir une région
en region
Veuillez choisir une région
sélectionner une région ou un sujet pour confirmer
Toute l'information