Les emblématiques étangs de Camargue mis à sec par la sécheresse

Malgré la pluie tombée en abondance ce week-end, le Parc Naturel Régional de Camargue est inquiet. Le niveau d’eau dans les étangs situés à l’est des Sainte-Maries de la Mer est au plus bas. Une situation préoccupante également pour les professionnels de la pêche. 

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Chaque année, à la fin de l’été, les lagunes camarguaises dévoilent un paysage lunaire. Mais cette année, la taille de ces espaces à sec est particulièrement importante. En cause, la chaleur estivale, et le manque cruel d’eau de pluie.

Une situation préoccupante pour le Parc Naturel Régional de Camargue (PNRC). Régis Vianet, son directeur, indique qu’on relève aujourd’hui un déficit de précipitations de près de 170 mm, par rapport à la même période en 2018.

Et ce ne sont pas les dernières 24h de pluie qui vont inverser la situation. "Ce week-end, il est peut-être tombé 30 mm de pluie, mais pour arriver aux 650 mm habituels, au 31 décembre, on en est encore loin".

Une situation préoccupante pour les pêcheurs.

D’ordinaire, ces lagunes sont de véritables nurseries piscicoles : avec une eau très riche et une alimentation abondante, les poissons s’y précipitent au printemps, avant de revenir vers la mer à la fin de l’été. Mais avec le manque de précipitation, ils se retrouvent piégés, dans une eau à forte concentration saline.  

Jean-Claude Benoît est pêcheur professionnel. Les étangs Impériaux, il connaît bien, cela fait 30 ans qu'il y pêche daurades, loups et anguilles.

"Cela fait deux ou trois ans que la situation est catastrophique. J'essaie de sortir en mer, quand le temps me le permet, pour pallier à la perte d'activité, mais mon bateau n'est pas fait pour ça". 

Pour ce pêcheur, si la sécheresse est en partie responsable des faibles niveaux d'eau, il accuse néanmoins la Commission exécutive de l'eau d'avoir vidé les étangs trop tôt. Cette institution, sous l'autorité de la DDTM, représente la réserve naturelle de Camargue, les communes des Saintes-Maries, d'Arles, la Tour du Valat.

"Chaque année, ils veulent faire sortir le sel des étangs, et pour cela, ils ouvrent les vannes. En février 2019, il y avait 20 cm, mais comme ils ont fait sortir l'eau, avec l'arrivée du printemps et des grosses chaleurs, et bien nous en sommes arrivés à cette situation".
"Nous les avons avertis, qu'il fallait attendre l'automne, pour garder un niveau d'eau stable."

Jean-Claude Benoît est très inquiet, selon lui c'est tout un écosystème qui est perturbé : "même les flamands roses n'ont pas niché cette année".

Quelle solution pour ces lagunes ?

Les étangs de Camargue sont équipés d’ouvrages hydrauliques. A l'inverse, grâce à un système de vannes, il est aussi possible de faire entrer l’eau de mer dans les lagunes.

Des manœuvres pratiquées d’ordinaire pour palier au déficit de précipitations. Mais pour le PNRC, cette année, ce n’est pas envisageable.

"L’eau est déjà trop salée, faire entrer de l’eau de mer, pourrait asphyxier les poissons. C’est pourquoi on cherche des solutions pour emmener de l’eau douce, qui permettrait d’amortir les concentrations, et réguler le stock de sel", explique Régis Vianet. 
L’eau du Rhône pourrait alors être déversée dans les étangs. Mais pour l’acheminer, il faudrait utiliser les infrastructures agricoles.

Régis Vianet s’inquiète de nouveau : "Il y a beaucoup d’intrants, de polluants dans ces canaux, il ne s’agirait pas de contaminer l’eau des étangs".

Il faudrait alors imaginer, construire de nouvelles infrastructures, pour acheminer l’eau douce. Ou bien alors retirer tous les ouvrages existants, afin de laisser une communication naturelle entre la mer, le Rhône et les lagunes.

De quoi remettre à plat tout un écosystème. Une solution "provocante" selon Régis Vianet, mais qui n’est pas encore à l’ordre du jour. Avant d'en arriver là, reste alors à espérer que la pluie tombe en abondance cet automne, permettant aux poissons de remonter jusqu'aux lagunes, et aux pêcheurs de retrouver leur activité. 
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