Haro sur les cartes postales estivales exhibant les fesses de jeunes femmes sur fond de champ de lavande ou du Mont Ventoux ... Une association féministe dénonce le "caractère sexiste et parfois pornographique" de ces photos, elle demande "l'arrêt de l'impression et de la vente" de ces cartes.
Une "brochette" de jeunes femmes en maillots de bain échancrés sur un fond de champ de lavande avec "Bisous de Provence" placardé dans un coin, c'est la première carte postale d'une série que "Femmes Solidaires national" a publié mercredi. L'association féministe a décidé de recenser les cartes postales estivales "à caractère sexiste et parfois pornographique" qui trônent sur les tourniquets des vendeurs.
Culture du viol
Pour elle, ces cartes "concourent à la culture du viol qui impose une image dégradante des femmes et participent à légitimer et banaliser les violences faites aux femmes". Femmes Solidaires a invité ses quelques 10.000 militantes à les dénicher partout en France. Une centaine de cartes a déjà été repérée.
explique Kévin Védie, porte-parole de l'association.Sur les cartes incriminées, le mauvais goût des clichés rivalise avec celui des légendes. Sur l'un d'entre eux, on aguiche l'acheteur potentiel avec les fesses d'une joueuse de pétanque, sous ces mots "Vacances épuisantes: l'après-midi onNous allons en publier une par jour sur les réseaux sociaux, pour montrer l'ampleur et la gravité du phénomène,
pointe, le soir on tire!". Sur un autre figure une cycliste gravit le Mont Ventoux en string. L'imagination des concepteurs est débordante.
Les sites touristiques en alibi
"Parfois, à côté des images dénudées, on voit un monument emblématique de la ville ou simplement la localité. Mais ce qui est mis en avant, ce n'est pas la beauté des lieux!", ironise Kévin Védie.
fustige l'association, qui "exige" des éditeurs concernés "l'arrêt de l'impression et de la vente" de ces cartes.Ces cartes renforcent le stéréotype de la femme objet, "consommable et jetable", sous prétexte de loisir et de divertissement
Un marché anecdotique
De leur côté, les responsables de plusieurs de ces entreprises ont affirmé que la demande pour ce type de photos était de toute façon en forte baisse. "Ça fait des années qu'on n'en édite plus", a expliqué Yves Nicolet, gérant de l'éditeur Cellard basé près de Lyon. "Aujourd'hui c'est un marché anecdotique, ça ne correspond plus à l'attente des gens", a-t-il ajouté, convaincu cependant que ce type de cartes "ne portait atteinte à personne".
"Les femmes nues, ça a presque complètement disparu", indique pour sa part Eric Leconte, des éditions Valoire Estel, près de Blois, estimant cependant qu'"il n'y a pas de quoi s'énerver non plus". Il conclut : "il y a des choses dans le monde beaucoup plus importantes".