Les deux guides autrichiens interrogés à Briançon après l'avalanche, qui a fait trois morts dans le massif des Ecrins (Hautes-Alpes) sont sortis de garde à vue. Un troisième Autrichien, grièvement blessé, est toujours dans le coma à l'hôpital de Grenoble.
Au lendemain de l'avalanche qui a fait trois morts et un blessé très grave dans le massif des Ecrins (Hautes-Alpes), deux guides autrichiens ont été interrogés plusieurs heures en garde à vue jeudi à Briançon sur cette tragique
randonnée. "Assistés chacun par un avocat, ils ont pu indiquer aux enquêteurs dans le détail comment cette sortie avait été organisée et comment elle s'était déroulée", a indiqué dans un communiqué le procureur de la République à Gap, Raphaël Balland, qui a ordonné dans la soirée la levée de leur garde à vue. Il a toutefois précisé qu'ils pourraient être ré-entendus à l'issue de l'enquête. Le procureur décidera alors des suites judiciaires éventuelles. Plusieurs points restent à éclaircir comme leur connaissance des risques d'avalanche ce jour-là, la position des randonneurs au moment de l'avalanche ou encore les conditions d'intervention pour secourir les victimes.
Pronostic vital réservé
Leur audition a notamment permis de déterminer que les deux hommes, nés en 1979 et 1972, étaient "titulaires du brevet d'Etat des guides de haute-montagne en Autriche" et que "ce sont eux qui ont décidé du site et de l'itinéraire", selon la même source. Ils avaient été placés en garde à vue jeudi en fin de matinée dans le cadre d'une enquête pour "homicides involontaires" confiée aux gendarmes du peloton de gendarmerie de haute montagne (PGHM) et de la brigade de recherches de Briançon. Tous deux figurent parmi les sept rescapés de l'avalanche qui a coûté la ie, mercredi, à deux Autrichiens de 22 et 23 ans et un Italien de 24 ans. Un troisième Autrichien, grièvement blessé, étant toujours dans le coma jeudi soir à l'hôpital de Grenoble, après deux arrêts cardio-respiratoires. "Les médecins restent réservés sur son pronostic vital", a souligné le procureur.Risque d'avalanche marqué
Si le scénario du drame semble à peu près établi, les enquêteurs veulent déterminer les conditions dans lesquelles cette randonnée a été organisée, alors que le risque d'avalanche était "marqué" sur les massifs des Hautes-Alpes.Les investigations se poursuivront vendredi matin. Mercredi après-midi, le groupe de onze skieurs de nationalités autrichienne, italienne et allemande a été emporté par une plaque à vent déclenchée à leur passage, sous le col Emile Pic dans le parc des Ecrins, à plus de 3.000 mètres d'altitude. Cette sortie était "programmée par le Club Alpin Autrichien, dans le cadre d'une formation qui se déroule sur deux ans à destination d'un groupe de jeunes "Elite",
a expliqué le procureur, soulignant que les deux guides "étaient mandatés pour encadrer et former à l'autonomie" les neuf jeunes alpinistes.
"Lorsque l'avalanche s'est déclenchée après 14 heures, il ne restait au groupe plus qu'une vingtaine de minutes pour parvenir au refuge des Ecrins où il devait passer la nuit", a-t-il précisé, ajoutant qu'"en l'état des investigations, les
circonstances exactes du déclenchement de l'avalanche, et notamment le positionnement des victimes, ne sont pas encore totalement déterminés". Les auditions d'autres rescapés du groupe, qui dans un premier temps avaient été
évacués à l'hôpital de Briançon pour un suivi médical et psychologique, et de témoins du drame sont prévues. "Aucune décision ne sera prise par le parquet tant que la totalité des investigations ne sera pas terminée, ce qui prendra plusieurs semaines", a souligné M. Balland.
Des guides diplômés
Dans un communiqué, le Syndicat National des Guides de Montagnes (basé à Chambéry) et l'Union Internationale des Guides de Montagne (basé en Suisse) ont exprimé leur "total soutien" aux deux guides "titulaires d'un diplôme autrichien reconnu" par cette dernière et qui "travaillent régulièrement pour le Club Alpin Autrichien pour des actions de développement envers les jeunes". Depuis le début de la saison de ski, les avalanches ont déjà coûté la vie à 34personnes dans les Alpes françaises, majoritairement lors de randonnées à ski ou en hors-piste, selon un décompte de l'Association nationale pour l'étude de la neige et des avalanches.