Vendredi 1er décembre autour de 19 heures, la pluie tombe à verse, le niveau du lac de Serre-Ponçon monte. De l'eau est délestée dans la Durance, sans prévenir personne. Furieux, un agriculteur se sent méprisé.
"D'habitude, tout le monde reçoit un mail quand ils lâchent de l'eau. Là, rien". Eric Allard est agriculteur près de Remollon. Il est très en colère parce que la population qui vit au bord de la Durance n'a pas été prévenue du délestage. Un important largage, 200 à 400 m3 d'eau, à la hauteur des inondations de vendredi dernier.
Son verger est inondé mais ça n'est pas la cause de sa colère. "On est dégoûtés, on ne comprend pas comment ça peut arriver pendant un événement aussi grave." L'agriculteur explique que tout le monde reçoit un mail dans ces cas-là. "Même les maires n'ont pas été prévenus. Enfin, certains ont reçu un mail à 18h53 et d'autres vers 19 heures, c'est-à-dire quelques minutes avant le délestage."
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Lorsque l'eau surgit, elle arrache les arbres et détruit tout, "les volumes gonflent, le lit s'élargit, ça déborde, certaines terres sont inondées", raconte l'arboriculteur.
Une digue de 120 mètres de long a lâché, entre Théus et Remollon. "On va la refaire, ce qui est inquiétant, c'est le siphon de 80 mètres de profondeur. Il passe sous le torrent. S'il se bouche, les travaux sont à notre charge. Si on avait été prévenus, on serait allés le bloquer".
Eric Allard est également président du Syndicat d'Arrosage du Pays de Serre-Ponçon. Les adhérents entretiennent bénévolement les berges des canaux de la Durance. Ils surveillent le niveau du barrage de Serre-Ponçon sur le site Smadesep. Depuis le 7 novembre, le niveau semblait correct. En fait, les informations n'avaient pas été actualisées. "Pourquoi ce dysfonctionnement ? La sécurité n'est pas assurée",dénonce Eric Allard.
Les anciens savaient, ils n'avaient pas besoin d'alerte. "On ne fait pas confiance à ceux qui sont nés là, notre Durance, on la connaît et on la respecte."
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La préfecture des Hautes-Alpes a elle-même été prévenue tardivement
"Il s'est peut-être passé 20 minutes entre le moment où EDF nous a alertés et le moment où le largage a eu lieu", nous explique la préfecture des Hautes-Alpes.
Dans un tel cas d'urgence, la préfecture téléphone aux maires des trois communes les plus proches du barrage : Rousset, Espinasses et Rochebrune. Les 14 communes situées en aval reçoivent un message enregistré, dicté au sein de la préfecture.
"Ça n'est pas un couac, c'est une situation exceptionnelle" poursuit la chef de la communication, "Concernant la sécurité, il faisait nuit, il était 19 heures, avec un temps abominable, il n'y avait plus de pêcheurs ni de promeneurs. EDF nous avait annoncé que l'eau lâchée serait canalisée".
La préfecture des Hautes-Alpes est en cellule de crise, une situation exceptionnelle. L'agriculteur qui nous a alertés espère maintenant que le débit d'eau n'augmentera pas cette nuit.
