Le parquet de Gap, le District des Alpes et l'Union des Arbitres de France (UNAF) unissent leurs efforts pour lutter contre le fléau de la violence dans et aux abords des stades de foot. Un phénomène sous-évalué et en progression.
Des menaces, des jets de projectiles et parfois des coups... Dans le football amateur, la violence n'est pas nouvelle mais elle semble gagner du terrain.
Les incidents restent souvent dans l'enceinte sportive et il est difficile d'évaluer l'ampleur du phénomène en l'absence systématique de signalements.
C'est ce que veut changer le procureur de la République de Gap, Florent Crouhy qui vient de signer une convention avec le président du District des Alpes Patrick Bel Abbes et le représentant départemental de l'Union des Arbitres de France (UNAF) Eric Hermann.
"Les phénomènes de violences, menaces et discriminations dans le football, sport le plus populaire en France, sont sous-évalués et parfois méconnus alors qu'ils constituent de graves atteintes aux personnes", explique le procureur gapençais.
En première ligne, les arbitres, qui cristallisent souvent les rancœurs et frustrations des joueurs comme des spectateurs. Le procureur veut que les actes commis à leur encontre fassent l'objet de poursuite pour pouvoir être sanctionnés, dans les incidents les plus graves.
Encourager les signalements et les plaintes d'un côté, et garantir une prise en compte plus rapide de l'autre. A cette fin, un "référent sport" est désigné au sein du parquet.
"Le signalement des incidents graves permettra grâce à une coordination renforcée entre les différents acteurs de mettre en place une réponse judiciaire plus adaptée, rapide et efficace", assure le parquet.
Des heures de travail d'intérêt général
Il s'agit aussi pour le district et l'UNAF quand ils ont connaissance de tels faits, d'"inciter les victimes à déposer plainte sans délai, le jour même ou au plus tard le lendemain".
Les auteurs des incidents les plus graves seront renvoyés devant un tribunal correctionnel. Pour les faits moins graves, le procureur de la République de Gap veut des peines "alternatives" qui dissuadent les récidives. En l'occurrence, 35 heures de travail d'intérêt général à réaliser au sein du district.
En 2019, selon les dernières données publiées par l'Observatoire des comportements de la Fédération française de football, 12.000 matches ont été marqués par des incidents en France.
Le phénomène est en hausse et de manière dénonce l'UNAF.
Le 11 mai dernier, le président de la Fédération Française de Football a lui aussi tiré la sonnette d'alarme. Noël Le Graët a adressé un courrier aux clubs des petits championnats départementaux, qui sont les principaux concernés par les violences.
Conséquence de cette violence croissante envers les arbitres, notamment dans les matches de jeunes du dimanche, il y a de moins en moins de candidats prêts à risquer leur intégrité pour un coup de sifflet. L'UNAF estime avoir perdu environ 4500 arbitres en six saisons.