Le président (LR) du conseil département des Hautes-Alpes, Jean-Marie Bernard, a été condamné vendredi à 10.000 euros d'amende, dont 5.000 avec sursis, pour avoir offert une queue de loup, un animal protégé, à l'ancienne préfète du département.
Le couperet est tombé pour Jean-Marie Bernard. Poursuivi pour "détention, transport, offre ou cession d'une partie d'une espèce protégée", le président (LR) du conseil département des Hautes-Alpes avait offert la queue d’un loup à l’ancienne préfète Cécile Bigot-Dekeyzer pour son départ en février 2020.
Le tribunal n'a pas suivi les réquisitions du parquet, qui demandait deux mois de prison avec sursis et 2.500 euros d’amende. Jean-Marie Bernard a écopé de 10.000 euros d’amende délictuelle, dont 5.000 avec sursis.
Il devra aussi verser 600 euros aux associations environnementales qui s’étaient constituées parties civiles, ainsi que 500 euros pour couvrir les frais de justice de ces dernières.
"Je n'ai pas le droit d'exprimer symboliquement mes convictions politiques"
"Je déplore cette décision rendue sous la pression de groupuscules environnementalistes extrémistes qui sont déconnectés de la réalité des territoires et des problématiques des professionnels du monde rural", a réagi le président du département des Hautes-Alpes.
"Moi, Président de Département, je n’ai pas le droit d’exprimer symboliquement mes convictions politiques à l’occasion d’un événement organisé par les services de l’État… alors que d’autres oui. C’est incompréhensible", estime l'élu.
L'avocat de l'élu, qui n'a pas encore pris sa décision sur un appel éventuel, regrette que son client ne soit pas parvenu à faire reconnaître "le caractère politique de sa démarche".
Une sanction sévère pour les agriculteurs
"Je trouve que c’est fort, 10.000 euros, pour une affaire qui est avant tout politique", déplore Édouard Pierre, président des Jeunes Agriculteurs des Hautes-Alpes.
Dans cette affaire, Jean-Marie Bernard disposait en effet d’un large soutien des agriculteurs des Hautes-Alpes, qui déplorent les attaques à répétition des loups sur leurs troupeaux.
"La queue de loup, c’est presque une anecdote. Cette année-là (2020), nous avions connu de gros soucis de prédation. Jean-Marie Bernard est quelqu’un qui s’engage pour ses agriculteurs, il a investi des moyens pour nous protéger".
La peine de prison, les agriculteurs ne voulaient pas y croire. "Avec tout ce qu’il se passe dans le monde, il aurait été complètement disproportionné de condamner Jean-Marie Bernard à de la prison pour une queue de loup", estime Édouard Pierre.
Satisfaction des associations environnementales
La sentence est une victoire pour les associations qui avaient porté plainte contre le président de Département, même si la peine de prison n’a pas été retenue par le tribunal.
"L’important, c’est que le geste soit condamné pénalement. Notre plus grande crainte était qu’il n'y ait pas de condamnation du tout", se réjouit Hervé Gasdon, président de la Société Alpine de Protection de la Nature – France Nature Environnement 05.
"C’est la confirmation qu’il s’agit d’un acte inutile et illégal, qui n’améliore en rien la cohabitation entre le loup et le pastoralisme", poursuit-il.