Gap : deux mois de prison avec sursis requis contre le président du département qui avait offert une queue de loup

Le président du Conseil départemental des Hautes-Alpes, Jean-Marie Bernard, comparaît devant le tribunal correctionnel de Gap ce lundi pour avoir offert une queue de loup à l'ancienne préfète. Deux mois de prison avec sursis et 3.500 euros d'amende ont été requis. Le délibéré sera rendu le 12 mars.

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D'un côté les éleveurs avec leurs engins venus soutenir Jean-Marie Bernard, de l'autre les défenseurs du loup munis de banderoles. Ce lundi, les deux camps se font face devant l'entrée du tribunal de Gap, où est convoqué le président du Conseil départemental.

L'affaire remonte à il y a un an, presque jour pour jour. Le 21 février 2020, Jean-Marie Bernard, alors président du Conseil départemental des Hautes-Alpes, profite de la cérémonie de départ de la préfète Cécile Bigot-Dekeyser pour lui remettre... une queue de loup. 

L'élu LR avait alors revendiqué un "acte politique" pour défendre les éleveurs face aux attaques de loup sur leurs troupeaux : "un clin d'œil que j'ai voulu faire et un geste fort: les préfets passent, le loup reste et les éleveurs sont toujours aussi désespérés".

Plusieurs associations avaient saisi la justice, l'enquête ouverte avait abouti à une comparution en reconnaissance préalable de culpabilité (CRPC) en décembre, rejetée par Jean-Marie Bernard.

L'acte politique ne constitue pas une exception à la responsabilité pénale.

Mathieu Victoria, avocat de la LPO

Il est jugé ce lundi au tribunal correctionnel de Gap pour "détention, transport et cession d'une partie d'espèce protégée", un délit passible de trois ans de prison et 150.000 euros d'amende. 

"C'est une queue de loup qui vient d'un animal qui n'a pas été légalement prélevé, dénonce Mathieu Victoria, l'avocat de la Ligue de protection des oiseaux (LPO) qui a déposé plainte, analyse génétique à l'appui. L'acte politique ne constitue pas une exception à la responsabilité pénale. Il y a d'autres façons de lancer le débat."

"Parce qu'une queue de loup ne peut pas s'offrir en cadeau, c'est illégal et pas moral du tout, de surcroît par un élu, président de département (05)", clame Nathalie Hue-Courtin sur Twitter, référente One Voice des Hautes-Alpes et Alpes-de-Haute-Provence. L'association prévoit un rassemblement devant le tribunal à 13 heures.

"Compte tenu de la dimension politique, ce procès n'aurait jamais dû avoir lieu", estime de son côté Philippe Neveu, avocat de l'élu.

Les agriculteurs se mobilisent

Sur Twitter, le syndicat des Jeunes Agriculteurs des Hautes-Alpes a appelé à la mobilisation en soutien à Jean-Marie Bernard. 

En milieu de journée, une foule s'est rassemblée devant le tribunal pour soutenir l'élu. La Fédération Nationale Ovine, le Mouvement de la Ruralité et la Fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles étaient notamment présents, avec tracteurs et meules de foin.

Ils ont installé une large banderole sur la façade du tribunal. Leur message : "Qui sauve le loup supprime le pastoralisme, qui sauve le loup détruit l'économie, qui sauve le loup saigne les paysans".

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