Un projet de réglementation de l'Union européenne pourrait classer l'huile essentielle de lavande comme un produit chimique d'ici 2025. Pour les producteurs et distillateurs de la région cela représente une menace. Ils ont lancé une pétition.
"Le risque, c'est que toute la profession disparaisse." Alain Aubanel, président du syndicat des Plantes à parfum, aromatiques et médicinales de France (PPAM) est inquiet. Depuis plusieurs mois, la Commission européenne planche sur une réglementation qui viendrait mettre à mal la filière française des huiles essentielles. En Provence-Alpes Côte d'Azur, la lavande serait une des grandes victimes.
La Commission européenne réfléchit à la reclassification des molécules de synthèse dès 2025. Une directive qui s'inscrit dans le règlement REACH. Ce dernier vise à sécuriser la fabrication et l'utilisation des substances chimiques dans l'industrie européenne. L'objectif de ce nouveau projet : protéger les consommateurs en éliminant les molécules dangereuses pour la santé.
Le problème selon Alain Aubanel, c'est que les parlementaires n'auraient pas pris en compte les produits naturels. "Leur raisonnement, c'est de fonctionner molécule par molécule. Seulement il y en a 600 à l'intérieur de l'huile essentielle de lavande."
Pour le moment, les membres du PPAM sont dans l'incertitude quant aux produits incriminés par l'Europe. Devront-ils les réduire, les supprimer ou faire un étiquetage spécifique ?
Dans les trois cas, Alain Aubanel craint que cela ne mette en danger la profession. "On se retrouve avec des produits naturels et des huiles essentielles qui ont des classements abominables", proteste le producteur et distillateur drômois.
La majorité des exploitations lavandicoles est concentrée sur trois départements : la Drôme, les Alpes de Haute-Provence et le Vaucluse. En Paca, la filière représente 9.000 emplois directs. Cette directive européenne fragiliserait aussi l'économie régionale selon Alain Aubanel. "S'il n'y a plus de champ de lavande, il y aura moins de touristes."
Pour contrer cette directive, les lavandiculteurs comptent sur l'appui des consommateurs. Le 27 juillet dernier, le PPAM a donc lancé une pétition "contre la disparition des huiles essentielles et des produits naturels". En quinze jours, elle a récolté plus de 114.000 signatures.
Les professionnels du secteur ont aussi reçu le soutien de plusieurs élus, dont celui de Renaud Muselier (LR), président de la région Paca.
La #lavande est un produit naturel, pas chimique ! Dans @MaRegionSud, nous en cultivons 23.400 hectares, avec 9.000 emplois directs à la clef.
— Renaud Muselier (@RenaudMuselier) August 9, 2021
La @EU_Commission doit consulter, de façon juste et transparente, pour ne pas sacrifier une filière entière ! Je me battrai en ce sens. pic.twitter.com/XU4Z7VdvEt
Alain Aubanel en appelle désormais au gouvernement. "Cette réglementation est européenne, il faut que la France monte au créneau."
Le président du PPAM rencontrera des membres de la Commission européenne chargée de ce dossier début septembre. Il ne souhaite pas se réjouir trop rapidement pour autant. "Ce n'est pas parce qu'on a un rendez-vous qu'on a gagné. Mais on avance à petit pas."