Les jardiniers de la Principauté collectent des oranges amères, les « bigarades », qui poussent en plein cœur de Monaco. Plus de 500 arbres sont concernés par cette récolte qui nécessite une logistique particulière. Les oranges sont ensuite transformées en liqueur.
Leurs belles couleurs de feu égayent les rues monégasques chaque hiver. Dès la mi-janvier, les oranges amères jouent à cache-cache avec les feuilles vertes.
Depuis une semaine, certaines sont arrivées à maturité. Pour éviter qu'elles ne tombent sur le bitume et ne pourrissent en nombre dans la rue, la Principauté les récolte.
Grandes échelles
Ce lundi, les jardiniers du Prince ont commencé à poser leurs grandes échelles dans la rue. Sécurité oblige, ils bloquent la circulation et s'approchent au plus près des arbres pour cueillir les précieux agrumes.
L'an dernier, on a calculé que l'on avait récolté entre 3 et 4 tonnes. Cette année il y en aura plus, je crois.
Un exercice difficile, il faut faire attention aux piétons, aux camions… puis déplacer l'échelle d'arbres en arbres. En quelques heures, ils parviennent à récolter plusieurs centaines de kilos. Un petit camion récupère ensuite toutes ces caisses au fil de la journée. Le stationnement est interdit dans ces avenues, le temps de la récolte.
De nombreux arbres sont notamment plantés avenue de Grande Bretagne :
Marmelade maison
Une tradition bien connue des habitants qui viennent récupérer gratuitement (oui c'est possible à Monaco !) 1 ou 2 kilos pour leur consommation personnelle au pied des arbres. En échange, certains apportent leur vin d’orange ou leur marmelade maison aux jardiniers pour les remercier.
Fin d'existence à l'Orangerie
La grande majorité de ces biagardes va terminer son existence à la distillerie de l'Orangerie, rue de la Turbie. Eduardo Perlo, responsable du marketing et des ventes de l'Orangerie, affirme : "la récolte est excellente cette année, on a déjà récolté un dixième de la totalité (...) Les oranges amères ont beaucoup de goût !"
Impossible de tout stocker à l'intérieur de la boutique, les caisses sont posées à l'extérieur, dans la rue. Dans un post Facebook, l'Orangerie informe ses aficionados : "Nous sommes au travail cette semaine pour nettoyer, éplucher et transformer ces merveilleux fruits en délicieuse liqueur !"
Comme les arbres ne sont pas traités, cela permet de récupérer le zeste des agrumes. Ces zestes donneront les fameuses huiles essentielles. Le zeste sert à donner l'arôme de la liqueur. Le jus est d'abord fermenté et puis il est distillé sur place pendant six heures dans des alambics en cuivre pour faire l’eau de vie.
Ce qui permet d'obtenir une liqueur 100% monégasque et 100% naturelle. L'Orangerie utilise aussi d'autres agrumes, très présents dans la région, pour élaborer son 'gin aux 7 agrumes'.
Ecorce épaisse
Si vous ne savez pas quoi faire de vos oranges amères, voici une recette de marmelade. De bons conseils pour enlever l'écorce très épaisse de ces agrumes, récupérer les pépins pour la pectine naturelle et le bon temps de cuisson, dans un chaudron en cuivre de préférence.
La récolte des bigarades devrait se poursuivre jusqu'à la mi-février à Monaco. Pour les autres agrumes : le citron Meyer se récolte jusqu'en janvier, l’orange douce jusqu'en mars, la mandarine jusqu'en février, le pomelo de janvier à avril, le cédrat de février à mars et le kumquat de février à mai.